Tunisie/ Economie sociale et solidaire : Les premiers projets exposés à la Charguia

Publié le Vendredi 28 Septembre 2018 à 15:53
Le microcrédit est en vogue. En ce moment et jusqu’au 29 septembre, des entrepreneurs, financés par 160 associations, sont présents au microcrédit Expo 2018, à la Sogefoire Charguia. Ils sont venus de différentes régions du pays, pour exposer produits agricoles,  cosmétiques, et d’artisanat…tous ont vu leur rêve se transformer en réalité, après qu’Etat et ONG leur ont tendu la perche, à travers des petits financements…

Microcrédit Expo 2018, Sogéfoires, Charguia.
 
Le microcrédit consiste en l'attribution de prêts de faible montant à des entrepreneurs ou à des artisans qui ne peuvent pas accéder aux prêts bancaires classiques. Il entre dans le cadre de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Ce modèle économique contribue à la  création d‘emplois et à une dynamique économique notamment dans les régions défavorisées. Gnet a rencontré Riadh Hanchi, Directeur Central à la Banque Tunisienne de Solidarité, première banque publique en matière de microcrédits. Selon lui, c’est un marché porteur d’avenir. « Les gens qui ont recours au microcrédit ont été pour longtemps exclus du système bancaire, financier et donc du système social quelque part. On assiste donc a des phénomènes de marginalisation. La création de très petites entreprises est une solution pour des jeunes diplômés ou des femmes qui ont un savoir-faire de créer leur propre entreprise ».

Riadh Hanchi, Directeur Central BTS.

La BTS est une banque qui dépend de l’Etat. Elle agit sur deux grands axes. Un axe qui propose un financement direct aux promoteurs. Et un autre qui finance des petits projets via des associations. Aujourd’hui, près de 190 associations sont actives dans l’Economie Sociale et Solidaire. Et à travers celle-ci, 60.000 microcrédits ont pu être octroyés pour un montant total de 107,3 millions de dinars. Des chiffres en constante évolution depuis 2017.

42% des microcrédits ont été alloués à des entrepreneurs du secteur agricole, notamment dans l’élevage et les cultures irriguées. C’est le cas de Wafa Moumni. Cette jeune trentenaire est déjà chef d’entreprise. HENO BIO est spécialisée dans la fabrication et la vente d’huiles essentielles provenant de la région de Nefza dans le nord-ouest du pays. Elle nous raconte son expérience.

«Le projet fête aujourd’hui ses 3 ans. Tout d’abord, nous avons été soutenus par la Banque Mondiale via l’Association ADADEN (Association du Djebel Abiadh de développement à Nefza). Elle nous a permis d’avoir du matériel d’une valeur de 100.000dt pour l’extraction des huiles. Lorsque nous avons voulu nous développer, l’ADADEN a encore été présente pour l’octroi d’un microcrédit. Ainsi nous avons pu créer une coopérative pour l’exploitation de l’huile essentielle de lentisque (gadhoum en arabe) ».

Wafa Moumni


La promotion des régions intérieures est une des priorités de la loi sur l’Economie Sociale et Solidaire votée en mai dernier. Ainsi, plusieurs incitations fiscales et financières sont prévues pour encourager les gens à choisir ce modèle économique.

Pour l’instant, l’ESS ne représente que 1% du PIB. Pourtant, le microcrédit et surtout l’économie sociale et solidaire peuvent constituer une alternative de taille vu les spécificités de la Tunisie. Riadh Hanchi déplore cependant le manque de clarté et de sensibilisation vis à vis de la loi. « La loi sur l’ESS est là, mais il faut l’appliquer. Le problème, est qu’aujourd’hui on ne sait pas vraiment où aller. La règlementation est encore floue. Il faut mettre de vrais cadres à la loi. Comme par exemple plafonner le taux d’intérêt qui ne cesse de changer. Il faut aller plus en profondeur dans les textes qui régissent l’Economie sociale et solidaire".
Wissal Ayadi