Tunisie/ Economie : Les recommandations du forum du futur

Nabli a indiqué qu’au cours du forum, les participants ont appelé à la nécessité de parvenir à un large consensus autour des grands choix économiques et sociaux du pays ; « ce qui constitue non seulement le fondement, mais aussi un préalable à la consolidation du processus démocratique. Ces choix doivent faire l'objet d'un consensus entre les acteurs politiques, les partenaires économiques et sociaux et la société civile en vue de tracer les grandes lignes des réformes susceptibles de permettre le décollage économique et le progrès social », a-t-il dit. 
 

Il a également évoqué la nécessité de mettre en place une vision nouvelle de développement inclusif, portant les taux de croissance à des niveaux élevés. Cette vision devra prendre en compte les changements démographiques, avec la hausse du taux de participation des femmes dans la population active qui passera de 28% actuellement, à 40% et plus en 2040.

Selon Kamel Ennabli,  l’augmentation du taux de croissance de la productivité, nécessiterait une hausse importante du taux d’investissement national et des réformes profondes des institutions publiques et privées. D’autre part, il estime nécessaire d’améliorer l’efficacité globale de la société dans l’utilisation des capacités et moyens disponible. « En l’absence de tels gains de productivité, le taux de croissance global ne dépasserait pas 2,5 à 3% par an », a-t-il souligné.
 
Choix fondamentaux économiques et sociaux

A l'issue des discussions, un consensus s'est dégagé sur les choix fondamentaux économiques et sociaux. D’abord en matière de justice sociale et d’inclusion. Le forum a appelé à adopter «la consolidation des approches inclusives comme une priorité pour l’emploi décent des femmes, des jeunes et dans les régions. Ceci contribuerait à la stabilité politique et sociale,  de la croissance économique et à la réussite de la transition démocratique ».
 

Les différentes parties ont aussi appelé à adopter une nouvelle approche pour éradiquer la pauvreté et l'analphabétisme dans des délais raisonnables, par la restructuration et la rationalisation des programmes sociaux – qui sont actuellement peu efficaces- pour mieux cibler les bénéficiaires (dépenses de compensation, programmes d'aide sociale et de développement régional). 
 

Cette approche permettrait de renforcer "l’empowerment" économique et la sortie de la pauvreté des familles concernées, en même temps que la lutte contre certains phénomènes sociaux tels que l’abandon scolaire, le travail des enfants et le travail informel.
 

Kamel Nabli à parlé de considérer le développement des ressources humaines et l'égalité des chances pour l'accès à des services de qualité, dans les secteurs de la santé, de l'éducation et de la formation.
 

Mais aussi d’œuvrer, au vu d’un niveau de pression fiscale relativement élevé, à sa redistribution entre les différents groupes de contribuables, conformément aux principes d’équité et de justice fiscale. Cette réforme doit être également accompagnée par une restructuration de l'administration fiscale pour une meilleure efficacité de ses interventions.

Concernant le rôle du secteur privé, l’économiste appelle à le renforcer en vue de réaliser des taux de croissance économiques élevés, en doublant le taux d'investissement privé.
 

«Ceci nécessite l’encouragement de l’entreprenariat, l’amélioration de l'environnement des affaires et l’élargissement des domaines et des champs d'intervention, ainsi que la diversification et l’amélioration des sources de financement », a-t-il précisé.
 

Mais aussi il préconise que le secteur privé devienne plus dynamique et compétitif, en intervenant sur la taille des entreprises et leur viabilité, leur gestion et la qualité des relations avec leurs partenaires. « Ce renforcement est de nature à contribuer à plus d’innovation, de création de richesses et d'emplois décents, dans le respect des lois sociales et des obligations fiscales".
 
Promotion des pôles urbains intégrés

Mustapha Kamel Nabli a également parlé du développement régional qui devrait passer par la promotion des pôles urbains intégrés, dotés de services de qualité dans tous les domaines, capables d'attirer les investissements et les compétences nécessaires. Une approche qui doit s'inscrire dans une politique globale d'aménagement du territoire, en conformité avec le Chapitre 7 de la Constitution.
 

Les participants au Forum s’attendent aussi à voir mise en place une approche commune entre l’Etat, le secteur privé et les partenaires sociaux en vue de réaliser un développement global inclusif et équitable dans les zones de discrimination positive.
 

Afin de réformer des institutions de l'Etat, certains accordent une grande priorité à la révision profonde de l’administration publique afin d’offrir un bon service au citoyen et aux entreprises. Ceci implique la réduction, voire l’élimination du pouvoir discrétionnaire de l’administration.  
      

Enfin, les participants au Forum recommandent l'adoption du dialogue économique et social et sa mise en place par les acteurs politiques, les partenaires économiques et sociaux et la société civile en vue d’aboutir à un consensus sur les grands choix économiques et sociaux.

L'Association Tunisienne des Economistes exprime sa disposition  à participer à toute initiative qui s'inscrit dans ce cadre.
 

Kamel Nabli a terminé par appeler à la mise en œuvre de ces recommandations, « sans quoi la crise économique, ne fera que s’accentuer en Tunisie », selon lui.