Tunisie/ Economie : La vérité amère de Mehdi Jomaâ

Publié le Lundi 03 Mars 2014 à 23:04
Mehdi Jomaâ"La situation économique est plus difficile qu’on ne l’imaginait", a déclaré ce lundi 03 mars, le chef du gouvernement, Mehdi Jomaâ, lors de son interview télévisée sur al-Wataniya et Nesma, pressant les Tunisiens à renouer avec le travail et la discipline, et à faire des sacrifices. (Voir compte rendu de la deuxième partie de l’interview).

"La situation est plus difficile qu’on ne l’imaginait, notamment pour ce qui est des équilibres financiers", a avoué Mehdi Jomaâ, étayant sa vérité amère par des données chiffrées qui montrent le caractère critique et difficile de la situation, et inspirent inquiétude

Mehdi Jomaâ a révélé l’explosion de l’endettement, consécutive à l’ascension des dépenses de l’Etat pendant les trois ans de la révolution.

En 2010, on investissait 4,3 milliards de dinars, dont 1,8 milliard de dinars provenait de l’endettement, c’est-à-dire que l’on était capables d’investir avec nos ressources propres. Après la révolution, on investit le même montant, et on emprunte entre 12 et 13 milliards de dinars. En quatre ans, nous avons contracté des crédits de 25 milliards de dinars, a-t-il dit, soulignant que l'endettement constitue d'ores et déjà 50 % du PIB.

"En 2014, nous devons trouver des sources de financement de 12 milliards  de dinars, jusque-là seuls 7 milliards de dinars ont été trouvés. Le problème est où est-ce qu’on va trouver les cinq milliards restants", s’est-il demandé.

En guise de solutions, Mehdi Jomaâ a annoncé le lancement d’un emprunt national afin que les Tunisiens puissent participer à la trésorerie de l’Etat. Le deuxième remède est d’intensifier nos visites aux pays frères et amis, a-t-il préconisé, annonçant qu’il se rendra à tous les pays du Golfe, ainsi qu’en France et aux Etats-Unis "afin de trouver des solutions à même de financer le budget de l’Etat".

Il a expliqué la hausse vertigineuse des dépenses de l’Etat par l’augmentation de la masse salariale, qui s’est accrue de 41 % en trois ans, et va s’accroître de 10 % en 2014, étant donné les conventions signées ultérieurement, ainsi que par  la hausse de la subvention (caisse de compensation)  de 270%.

Etats généraux de l’économie
Mehdi Jomaâ a plaidé pour des états généraux de l’économie, annonçant qu’il n’y aura pas de recrutements supplémentaires dans la fonction publique  et les entreprises publiques en 2014.

La situation des entreprises publiques est  peu reluisante, et le déficit des 20 premières d’entre elles a atteint 3 milliards de dinars. Exemple illustratif : Le déficit de la Compagnie nationale Tunisair est de quatre fois son capital, a-t-il dit, estimant que la situation des entreprises publiques mérite une restructuration, et la réalisation de contrats-objectifs.

Des task force ont été mises sur pied pour ce faire, a-t-il indiqué, ajoutant que le travail est mené avec les experts et les partenaires sociaux. Mehdi Jomaâ a martelé que la situation économique requiert des sacrifices. "Si on retardait la prise de mesures nécessaires pour affronter la réalité, on risque de vivre des choses douloureuses, à l’instar de ce qui est survenu dans d’autres pays", a-t-il mis en garde, faisant allusion à la Grèce. "La sagesse impose que l’on prenne les choses en main, moyennant le consensus, les mesures structurelles et les réformes", a-t-il insisté.

S’agissant des actions urgentes, il a indiqué que son gouvernement va se limiter à réactiver la réalisation des 250 projets déjà enclenchés, "il n’y aura pas de nouveaux projets". Il s’agit de mettre en place les mécanismes pour lever les obstacles. Une équipe gouvernementale mobile se rendra dans les régions, et les gouverneurs seront redevables de résultats dans le domaine du développement, a-t-il annoncé.

Il a encore déclaré que son gouvernement va encourager la création de postes d’emploi à travers l’initiative, l’encouragement de l’investissement privé, et la promotion des microcrédits.

Il a promis de préserver les couches démunies quels que soient les sacrifices. "Même dans le cas de la rationalisation de la caisse de compensation, on fera en sorte que la subvention soit maintenue, sinon renforcée pour les couches indigentes".

Mehdi Jomaâ a imputé la dégradation de la situation économique à la baisse de la production et de la productivité au cours des trois ans de la révolution. "Dire la vérité, revient à avouer que les administrations et les entreprises n’ont pas travaillé au cours de ces trois ans", a-t-il avoué, plaidant pour une révolution dans les esprits. Il a pressé les Tunisiens à renouer avec le travail et la discipline, estimant que de la Corée du Sud à Singapour, aucun pays n’a réussi sans travail.

Jomaâ a paraphrasé JFK pour dire à ceux qui attendent ce que l’Etat peut faire pour eux, de se demander qu’est-ce qu’ils peuvent faire pour leur pays.

Le locataire de la Kasbah a mis en garde contre une aggravation de la situation qui serait catastrophique si rien n’est fait, soulignant que son gouvernement ne peut réussir à lui seul, s’il n’est pas soutenu par l’ensemble des Tunisiens, et si chacun ne retourne pas au travail.

H.J.


 

 
 
 

Commentaires 

 
-5 #6 DEGAGE!
Ecrit par Royaliste     05-03-2014 11:27
travailler? et puis quoi encore? payer des impots peut etre?

nous on veut:
-passer les journés aux cafés
-la gratuité de l'enseignement
-la gratuité des transports
-la gratuité de la santé
-le pain a 0.10 DT

Hamdi nous a promis cela, on votera pour lui

quelle est belle la démocratie :lol:
 
 
+4 #5 Le travail.
Ecrit par Tunisien     04-03-2014 20:13
Maintenant c’est trouver les moyens de convaincre et de mettre la roue en marche pour aller tous au même objectif. Et avant ca il faut assurer complètement la sécurité.
Maintenant c’est le TRAVAIL et la discipline qui peuvent remédier au problème.
 
 
+2 #4 que faire pour limiter les degats
Ecrit par MAJID     04-03-2014 19:02
Nos representants a l'assemblee nationale constituante doivent absolument participer materiellement face a cette situation catastrophique causee par les gouvernements de la troika en s'abstenant de demander des primes et des rappels pour un travail qui a coute deja tres cher au citoyen
 
 
+1 #3 RE: Tunisie/ Economie : La vérité amère de Mehdi Jomaâ
Ecrit par volvert     04-03-2014 11:40
Il paraphrase Kennedy, quelle inspiration!
Ce qui me parait positif dans ce que vous rapportez, c'est l'attention portée aux plus humbles, plus démunis, qu'il compte ne pas immoler sur l'autel des "efforts et sacrifices" à consentir pour sortir le pays des difficultés économiques.
Je lui suggère d'aller chercher l'argent dans les comptes en banque ou les coffres des bourgeois et autres enrichis sous l'ancien régime et/ou grace aux fous de Dieu qui devraient rendre des comptes de leur incurie.
 
 
+9 #2 Travail et Discipline.. Oui, mais
Ecrit par citoyen     04-03-2014 10:24
Cher Pseudo, tout à fait d'accord.. Mais nos braves journalistes n'ont pas "osé" la vraie question: mais qui a imposé aux gouvernemnts de l'après 14 janvier des hausses de salaires incroyables? Qui a perturbé la TRAVAIL dans des milliers d'entreprises étatiques et privées? Qui a mis à mort la discipline dans les administrations, les mines, les ports, les routes,...?? QUI?
 
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