Tunisie/ Ecole de Rgueb : Condamnation unanime et appel à sévir contre ces structures

Publié le Mardi 05 Février 2019 à 16:21
L’affaire de ce qui est désormais appelé l’école coranique de Regueb continue à défrayer la chronique. L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a dû modifier l’ordre du jour de sa plénière pour discuter de ce sujet, au milieu d’une grande agitation. Les députés ont été divisés entre ceux qui voulaient débattre de la question immédiatement, et d’autres qui préconisaient un débat en présence du pouvoir exécutif et des membres du gouvernement afin que des réponses puissent être apportées aux nombreuses zones d’ombre autour de cette question.

Selon la députée Mbarka Aouinia, l’histoire de cette école est ancienne, "mais ni les autorités régionales ni le gouvernement n’ont pris position à son sujet." Selon ses dires, cette question a été l’ordre du jour de conseils régionaux présidés par des ministres ; une séance ministérielle s’est tenue sous la présidence de l’ancien chef du gouvernement en 2015, des mesures ont été prises pour la fermer, mais des pressions ont été exercées sur les autorités régionales pour empêcher la mise en application de cette décision, a-t-elle dit.

La députée a condamné ce type de structures qui "enfantent des terroristes est des takfiris", dénonçant "des violations contre les enfants, leur santé et leur dignité". 

La députée Leïla Hamrouni a dénoncé, elle, des "violations sexuelles contre les enfants", disant approuver le limogeage du gouverneur et du délégué, mais cela reste "insuffisant", selon ses dires.

Pour sa collègue, Amira Zoukari, cette affaire concerne "la sécurité nationale". Elle s’est interrogée "si cette école n’est pas l’arbre qui cache la forêt", affirmant que "la Tunisie est en danger, tant que ses enfants sont en danger".

"Ce qui s’est passé touche à la sécurité nationale et touche la sécurité de nos enfants", a renchéri Noureddine Bhiri, estimant que les députés devront discuter de cette question au nom de leur "devoir national, moral et religieux".  

Pour Saleme Labiadh, "cette école est en dehors du système d’enseignement légal, et hors du contrôle de l’Etat et donne ainsi une image négative de la Tunisie".

"Scandale d'Etat "

Les partis politiques continuent, à leur tour, à s’insurger contre cette affaire. Le parti Ettakatol a vivement condamné ce qu’il a considéré comme "un scandale d’Etat", d’autant qu’une décision de fermeture de ce centre a été émise en 2015, et n’a pas été mise à exécution.

Le parti a dénoncé, dans un communiqué dont une copie est parvenue à Gnet, "l’absence de contrôle de ce type de centres et d’associations, le manque d’intérêt accordé aux enfants en état d’abandon scolaire à un âge précoce, et la démission des autorités devant intervenir, lorsque l’enfance est menacée."

Sévices contre les enfants

Ce faisant, la présidente de l’instance nationale de lutte contre la traite des personnes, Raoudha Laâbidi, a appelé ce mardi "à contrer ces associations coraniques réfractaires à la loi".

Laâbidi a exhorté les autorités, lors d’un point de presse, à s’assurer des activités de toutes les associations créées sous le nom d’associations caritatives et qui sont au nombre de 1130, présumant l’existence de "nombreux et graves dépassements", en leur sein.

Elle a appelé à la nécessité de la conjugaison des efforts en vue de lutter contre ces "violations horribles" contre les enfants, soulignant que les enfants de l’école coranique de Rgueb ont été victimes de "violations abjectes, qui leur ont coûté de graves pathologies organiques et psychiques". 

Les enfants de l’école  sont au nombre de 42 enfants âgés de 10 à 17 ans dont un seul enfant âgé de 10 ans, 6 enfants de 12 ans, 3 enfants de 13 ans, 12 enfants de 14 ans, 11 enfants de 15 ans, 5 enfants de 16 ans, et 4 sont âgés de 17 ans, a-t-elle révélé, citée par la TAP

Il s’est avéré, a-t-elle ajouté, que deux d'entre eux ont fait l’objet de "viols récurrents", signalant que les enfants étaient obligés de manger de la nourriture avariée, et étaient privés de sommeil, violentés, et exploités dans le travail du bâtiment et la cueillette des olives.   
Gnet