Tunisie/ Drame du Cap-Bon : Les raisons sont connues, dont l’instabilité politique !

Publié le Mercredi 26 Septembre 2018 à 16:32
Chahed a présidé ce mercredi un conseil ministériel à Nabeul. Les attentes de nos compatriotes du Cap-Bon sont immenses, à la mesure des pertes qu’ils ont essuyées à l’issue du drame qui les a frappés, samedi dernier. Les torrents d’eau qui se sont déversés sur les différentes délégations de ce gouvernorat côtier, l’ont amputé d’une large partie de ses richesses ; tout est à reconstruire, à restaurer et à reconstituer. Les logements, comme les commerces, les routes, comme les ponts, les usines, comme les structures médicales, les stocks, comme les équipements, etc. La situation est inextricable en milieu rural, ces bourgades reculées du gouvernorat traversées par des oueds, dont plusieurs ont débordé, et se sont déchaînés,  emportant des hommes et des femmes, des moyens de subsistance et des sources de revenus.

Au vu de la situation actuelle, des difficultés dans lesquelles se débat le pays, et des maigres moyens dont dispose l’Etat, l’opération de sauvetage tiendrait de la gageure. Comme toutes les régions du pays, Nabeul souffre de problèmes multifactoriels, et de dysfonctionnements que les dernières inondations ont mis  au grand jour. Y pallier par des actions rapides pour répondre à l’urgence et calmer la colère populaire, serait nécessaire, mais insuffisant et forcément en deçà des aspirations.

La situation requiert plutôt une intervention de fond : Reprendre tout à zéro et corriger les erreurs au niveau des infrastructures, des équipements, et des constructions ne seraient pas un luxe, mais une obligation, à même de renforcer la résilience de la région, et de minimiser, autant que faire se peut, les risques et les pertes en situation de catastrophe.

Ce que nécessite Nabeul et que les inondations du week-end ont redu impérieux, est à généraliser, sur le moyen et le long terme, à l’ensemble du territoire, tellement il existe des défaillances à corriger et des problèmes à régler, qu’ils soient hérités du passé, ou surgis et accentués au  cours de ces sept dernières années, du fait d’une nonchalance générale, de la régression de la valeur travail, et de l’absence de politiques volontaristes, et réformistes, qui devraient être mises en œuvre dès janvier 2011.

Ce fut un temps dans la ferveur populaire de l’époque, que la révolution était considérée comme une deuxième indépendance, dans la mesure où elle a émancipé le peuple du monolithisme et de l’autocratie, et lui a apporté démocratie, liberté, pluralisme, etc., là où la première, celle de 1956 l’a libéré du joug du colonialisme et lui a rendu sa souveraineté et sa fierté nationale.

La convergence s’arrête néanmoins là, au caractère crucial de ces deux faits historiques, dont la postériorité a divergé. L’après-révolution n’avait rien à voir, avec l’après-indépendance en termes de construction, d’accumulation des acquis, de promotion sociale, éducative, de modernisation de la société. Rien de tout ça hélas, avec une focalisation outrancière sur la politique politicienne, un laxisme ambiant et une dilapidation des acquis.

Des voix ont appelé, dans la foulée de la tragédie du Cap-Bon, à déterminer les responsabilités de ce qui s’est passé, lesquelles sont de deux types : les politiques anciennes qui ont mal pensé le développement des régions et des villes, et les politiques nouvelles menées par les gouvernements successifs, qui ne se sont pas attaquées aux failles du passé, mais les ont aggravées en s’en détournant de gré ou de force, et en affichant une certaine permissivité devant les violations quelles qu’elles soient. Des gouvernements qui n’ont pas, faut-il le reconnaître, eu le temps nécessaire d’agir et de réformer. C’est cette instabilité politique, sur fond d’un climat de querelles et de tiraillements bridant les actions, qui est en majeure partie responsable de ce qui s’est passé à Nabeul et de ce qui risque de se produire dans d’autres régions. Et dire que l’on persiste et signe, même dans ce contexte national de haute gravité où les cris de secours résonnent à travers les quartiers, cités et patelins de cette région sinistrée, à vouloir changer de gouvernement, au nom d’intérêts partisans étriqués. Cela n’a rien à voir avec le concept de l’Etat, et son sens profond. 
Gnet