Tunisie/ Discours à l’ARP : Entre marxisme et capitalisme, le cœur de Chahed balance !

Publié le Jeudi 16 Mars 2017 à 13:21
Youssef Chahed au parlement le jeudi 16 Mars. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a réitéré ce  jeudi 16 mars que la relance de l’économie nationale passe par "les réformes, et puis les réformes". Il a appelé à dépasser l’étape de diagnostic de la situation, à celle de la changer, se référant à une citation de  Karl Marx, qui dit  "Jusqu'ici, les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe, c'est de le transformer".

L’évocation du philosophe allemand  a amusé l’hémicycle, et le chef du gouvernement, répétant une seconde fois la même citation, a été applaudi par les députés, et non seulement ceux du Front populaire.

Dans un discours prononcé ce matin lors de la plénière du vote de confiance de deux nouveaux membres de son cabinet,  Youssef Chahed a exclu que son gouvernement soit celui d’expédition des affaires courantes, mais c’est "un gouvernement de réformes", préconisant leur démarrage rapide et urgent. Il s’est, par ailleurs, défendu de tout penchant pour "un capitalisme sauvage", annulant le rôle de l’Etat, réduisant son intervention sociale, et donnant la totale liberté au marché.

Le gouvernement n’est pas non plus pour que tout soit fait et décidé par l’Etat, a-t-il néanmoins souligné, estimant que l’étatisme est désormais un modèle désuet et n’est plus valable dans le monde.

Pour une démocratie sociale moderne

Le chef du gouvernement a exclu que les réformes convenues avec le FMI prévoient un quelconque accord pour la privatisation des entreprises publiques,  "ni la SONEDE, ni la STEG", appelant à se poser la question de savoir,  s’il était raisonnable "de continuer  à financer des  sociétés dans des secteurs compétitifs, déficitaires pendant des décennies ?" Idem pour les caisses sociales, les banques publiques et le dispositif national de lutte contre la corruption, des secteurs qui requièrent des réformes urgentes. 

Il a encore déclaré que son gouvernement tendait à trouver un accord avec le FMI et les institutions internationales, étant donné que cela est de nature à faciliter le financement de l’économie et les projets dans les régions, rejetant l’idée d’accepter une quelconque injonction qui soit opposée à l’intérêt national.

Le locataire de la Kasbah a auparavant précisé que le FMI n’a jamais frappé à nos portes pour nous faire part de sa volonté de nous emprunter de l’argent, "ce sont les gouvernements qui se sont dirigés vers le FMI". "Parce que lorsque tu vas sur le marché mondial, l’emprunt se fait à un taux d’intérêt de 6 %, alors que lorsqu’on a recours aux fonds internationaux, l’emprunt s’effectue à un taux de 2 %, et parfois moins", a-t-il indiqué.

Youssef Chahed a mis en avant son attachement à la vocation sociale de l’Etat, et son rejet des réformes asociales. "Je ne suis pas pour les réformes ayant des conséquences destructrices socialement. Je suis pour que la Tunisie soit une démocratie sociale moderne et intégrée dans son environnement régional et international". Il a dit prôner le modèle d’un Etat qui chapeaute les secteurs stratégiques, "ce n’est pas la SONEDE et la STEG uniquement, mais d’autres secteurs où le rôle de l’Etat a besoin d’être protégé", a-t-il noté en substance, signalant que diriger des gouvernements et des Etats, "ne se fait pas avec les symboles, mais avec des programmes réalisables, induisant la responsabilité de tous".
Gnet