Tunisie/ Diplomatie : L’ennemi de mon ami, est mon ami

Publié le Jeudi 04 Septembre 2014 à 16:41
Hamdi, ami de Kerry et de Lavrov !La Tunisie cherche à instaurer un dialogue stratégique avec la Russie touchant les différents domaines. Mongi Hamdi, en visite les 1 et 2 septembre à Moscou en a exprimé le souhait auprès de son homologue russe Serguei Lavrov ; une réplique s’il en est du dialogue stratégique avec les Etats-Unis lancé en avril dernier, lors de la visite de Mehdi Jomaâ à Washington.

A l’heure où la guerre froide semble renaître de ses cendres, et où les tensions sont grandissantes entre la Russie d’un côté, et les Etats-Unis et l’Occident de l’autre sur fond de la crise ukrainienne, et de l’exacerbation des conflits dans d’autres foyers chauds de par le  monde, où les deux puissances sont sur une ligne d’affrontement latent, la Tunisie semble chercher à rester au dessus de la mêlée, face à ces avatars qui ont vocation à marquer profondément ce 21ème siècle.

Confronté elle-même à des défis incommensurables, notamment d’ordre économique et sécuritaire,  dont elle est dans l’incapacité de venir à bout par ses propres moyens, Tunis n'a de cesse de solliciter des soutiens étrangers. Sa démarche semble être de diversifier ses partenaires notamment parmi les grandes puissances, en évitant de privilégier les uns sur les autres, ou de s’afficher comme l’allié  d’un camp au détriment de l’autre, d’où ses actions parallèles, avec une teneur et des finalités quasi-analogues, menées auprès les Etats-Unis et de la Russie.  

De tradition, la Tunisie a toujours opté pour la neutralité et l’impartialité en matière de politique étrangère. A fortiori qu’elle est membre fondateur du mouvement des non-alignés, créé en pleine guerre froide, une manière pour les pays qui la constituaient de marquer leurs distances tant envers le bloc l’Ouest, incarné par les Etats-Unis, que celui de l’Est, représenté par la défunte URSS.

Du fait de son positionnement géographique et de son passé colonial, notre pays a néanmoins  des relations privilégiées avec l’Europe, qui monopolise 80 % de ses échanges commerciaux, particulièrement avec la France, son premier partenaire commercial.

Mongi Hamdi et Serguei Lavrov à Moscou.   Mongi Hamdi et John Kerry à Washington.

La nouvelle donne internationale, caractérisée par la refonte de la carte mondiale, la transformation des rapports de force, la montée en puissance des forces émergentes, et la crise économique persistante en Europe, joints à la déliquescence généralisée des pays dits du printemps arabes, et des défis sécuritaires jamais posés avec une telle ampleur dans la région, sont autant de facteurs qui dictent à la Tunisie de diversifier ses partenaires, et ses alliances, sur la base d’une coopération touchant les différents domaines politique, économique, scientifique et sécuritaire.

Au final, il s’agit de booster les exportations tunisiennes, de relancer l’économie et de parfaire la lutte contre le terrorisme, à travers notamment une aide logistique que d’abord les Etats-Unis, ensuite la Russie, et d’autres pays encore tels que la France et l’Allemagne, se sont engagés à fournir à notre appareil sécuritaire et militaire.

Reste que la logique tunisienne en matière de politique étrangère, et celle de ses partenaires ne convergent pas forcément. Les Etats-Unis et la Russie sont en train de rivaliser pour étendre leur zone d’influence dans le monde, car leur suprématie passe par là. Dans le cas de la Tunisie, qui constitue jusque-là une exception en matière de transition démocratique dans les pays dits du printemps arabe, Washington, Moscou mais aussi l’Europe... veulent apporter leur contribution à l’avènement pacifique de la première démocratie dans le monde arabe, histoire de s’en servir comme faire-valoir.

Les nations nanties  sont, en revanche, loin d’être de bons samaritains et leur soutien appelle toujours une contrepartie. La diplomatie apaisée et de juste-milieu est la plus indiquée dans cette conjoncture bouillonnante, avec l’impératif de rester prudent, et de ne pas lier notre destin à ces puissances, au nom de la préservation de la souveraineté nationale.
H.J.


 

Commentaires 

 
+3 #3 RE: Tunisie/ Diplomatie : L’ennemi de mon ami, est mon ami
Ecrit par Montygolikely     05-09-2014 10:55
Que l'on apprenne, une bonne fois pour toutes, à compter que sur nous mêmes et cesser de prendre nos décisions avec un esprit "d'assisté" en nous "appuyant" tantôt sur l'un, tantôt sur l'autre, au gré de la "météo" politique du moment...
On est un pays indépendant depuis plus d'un demi siècle, qu'on se le mette dans la tête une bonne fois pour toutes, pas seulement à l'occasion d'un match de foot ou d'une fête nationale...
 
 
+2 #2 RE: Tunisie/ Diplomatie : L’ennemi de mon ami, est mon ami
Ecrit par volvert     05-09-2014 08:16
Ecrire que les USA et la Russie rivalisent pour étendre leur zone d'influence...ou que la Tunisie a toujours opté pour la neutralité et l'impartialité me parait aller vite en besogne.
Pour un observateur "impartial", il est aisé se relever des menées de nature à installer un encerclement de la Russie par deux mouvements coordonnés, par l'Europe et les Usa, consistant à installer des bases militaires dans des pays limitrophes et/ou en intégrer certains dans la structure militaire de l'OTAN sous la férule de l'Amérique. Le conflit en Ukraine, dans ce contexte, est l'expression de la tentation agressive des occidentaux, d'un coté, et de la volonté des Russes de ne point se laisser enfermer ou endiguer par la présence d'armées hostiles à ses frontières. Les sanctions économiques ne sont qu'un moyen, entre les mains des occidentaux,faute de pouvoir entreprendre une vraie guerre armée.
Quant à la Tunisie, autant que je puis en connaitre, elle a une tradition de ralliement à l'Occident tant par ses choix politiques qu'économiques. Le Centre culturel américain illustre, de ce point de vue, par son existence ostentatoire à Tunis de quel coté s'orientent les options de ce pays. La dépendance dans les échanges économiques avec la France en est un autre exemple.
Alors, diversifier ses relations, multiplier les échanges et les partenariats seraient la voie la plus conforme aux principes du "non alignement" et de la maitrise de ses choix. Au moins, une sauvegarde de son autonomie de décision.
 
 
+13 #1 RE: Tunisie/ Diplomatie : L’ennemi de mon ami, est mon ami
Ecrit par Royaliste     04-09-2014 18:47
et le salut ne viendra ni de Moscou, ni de Washington...le salut viendra du travail, du travail et du travail.

si le citoyen veut un pays prospère il faut qu'il travail.
 
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