Tunisie/ Dialogue social : Taboubi préfère la logique du consensus, à celle du conflit !

Publié le Mardi 28 Août 2018 à 12:41
Noureddine Taboubi"Un grand travail nous attend pour rompre avec l’absence des droits et libertés dans nos régions, et sortir de cette étrange situation schizophrène, où tout le monde réclame liberté d’opinion et de pensée, de conscience, action politique, syndicale, et civile, et droits économiques et sociaux, et puis tous se précipitent à dénier les instruments permettant de jouir de ces droits, en termes d’égalité, de droit d’organisation et de participation à la prise de décision.

Intervenant ce mardi 28 août à l’ouverture d’un atelier de travail sur "la main d’œuvre et le travail décent pour la paix et la capacité de résister : le rôle des syndicats dans les pays arabes", le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a pointé "les tragédies et les catastrophes qui prédominent à ce jour, dans le monde arabe, face à l’occupation d’une partie de la région, et des guerres qui font rage depuis des années".

"Le chaos qui sévit dans le monde arabe, à travers l’hégémonie, le despotisme, l’élargissement du cercle de la corruption, l’exacerbation de l’extrémisme, la défaillance sécuritaire, le relâchement moral, et l’ampleur, sans précédent, prise par le commerce parallèle, régi par les barons de la contrebande, sont autant de facteurs de décrépitude qui menacent de déstabiliser les piliers de l’Etat, et d’affaiblir l’autorité de la loi".

Comprendre les origines de ce chaos, revient à s’attarder sur la notion de l’égalité dans son acception la plus large, dans le droit fil de l’ensemble des droits universels", a-t-il préconisé en substance.

"Ce que l’on vit aujourd’hui sous des signes différents et complexes, en termes religieux, confessionnel et idéologique est un conflit entre l’égalité et la discrimination. C’est un conflit entre l’égalité fondée sur l’Etat de droit et de citoyenneté et le dispositif des droits de l’homme, qui se nourrit de la généralisation de l’enseignement public gratuit, de la santé, des services de base, et de l’intégration sociale, culturelle, politique et économique globale, et une discrimination qui repose sur l’approfondissement des inégalités, sous leurs diverses formes, la confiscation du principe de citoyenneté, la transgression criante de l’autorité de l’Etat et de la suprématie de la loi, et l’obstination à satisfaire l’intérêt individuel étriqué, en tâchant de supprimer l’autre, dans tout ce qu’il a de diversité et de richesse", a-t-il analysé, pointant "la prééminence de la corruption, comme moyen d’approfondir la ségrégation, les disparités et l’émiettement".

"Nous avons tenté et tentons encore en Tunisie de formuler les réponses adéquates à même d’atténuer cette tension permanente entre une culture procédant des attributs de la dignité, comme le prévoit le dispositif universel des droits de l’homme et la nouvelle constitution du pays, et celle qui est attachée aux intérêts, butins et cherche à reproduire les anciens modèles de développement, dépourvus de protection, de droits, et privatifs de dignité et de citoyenneté", a-t-il encore souligné.

Le chef de la centrale syndicale a salué "l’expérience de dialogue national couronnée par le Nobel de la paix de l’année 2015, et la promulgation de la nouvelle constitution avec un large consensus, ayant dépassé toutes les prévisions".

Il s’est par ailleurs arrêté à la signature dans l’hémicycle du contrat social entre les partenaires sociaux, à l’époque de l’Assemblée nationale constituante (ANC), à l’occasion du 2ème anniversaire de la révolution, sous l’égide de l’organisation internationale du travail, évoquant "un événement historique par excellence".

"L’UGTT est parmi les parties qui se sont le plus enthousiasmées, pour la mise en œuvre du programme de travail décent en Tunisie dans la période 2017 – 2022, que les trois partenaires de production ont signé le 21 juillet 2017 au siège du bureau du travail international".

L’adoption de la loi instituant le conseil national de dialogue social en juillet 2017, ainsi que le décret n’o 675 du 07 août 2018, régissant son fonctionnement, sont un premier pas sur la voie de l’institutionnalisation du dialogue social, et sont de nature à conférer pérennité, efficacité et efficience au programme du travail décent, a-t-il indiqué.

Les actions menées par la Tunisie visent, selon ses dires, à promouvoir le travail décent, et sortir les relations professionnelles de la mentalité de possession et d’hégémonie, à celle régie par le droit et les institutions ; et de la confrontation au dialogue et à la confiance mutuelle.

"Le changement des habitudes et des comportements des partenaires sociaux est un processus difficile et complexe, étant lié à des modes de travail réfractaires aux principes de liberté, de dignité, transgressant les droits, à l’instar du droit d’organisation syndicale, et régi par la logique du conflit, plutôt que par la logique du dialogue et du consensus", a-t-il reconnu, en se voulant rassurant :  "Ce processus demeure néanmoins possible, comme le montrent certaines expériences réussies dans notre région et à travers le monde".

Cette rencontre est organisée du 28 au 30 août à Tunis, par l’organisation internationale du travail (OIT).
Gnet

 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie/ Dialogue social : Taboubi préfère la logique du consensus, à celle du conflit !
Ecrit par Agatacriztiz     28-08-2018 19:19
Ca y est, il devient "psy" , maintenant...
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.