Tunisie/ Dialogue national : Le plus dur reste à faire !

Publié le Lundi 30 Septembre 2013 à 17:40
La démission du gouvernement sera un point chaud sur la table des négociations.Enfin, une petite embellie dans le ciel politique tunisien. Enfin un discours d’apaisement et des signes de bonne volonté de par et d’autre de faire réussir les pourparlers directs, attendus au courant de cette semaine sous l’égide du quartette.  Enfin une lueur d’espoir renaît quant à la possibilité d’un consensus à même de mettre un point final à cette crise handicapante. Une détente qui s’est fait beaucoup attendre. Elle est sans doute rassurante, mais incite à la prudence, car tout n’est pas joué d'avance, et le plus dur reste à faire.

Les différentes parties affichent une volonté à toute épreuve de faire réussir le dialogue national, et de parvenir au consensus, sur la base de l’initiative du quartette, pour sortir la Tunisie de l’ornière. Nonobstant la concorde affichée, les points litigieux ne se sont pas néanmoins totalement estompés. Le principal différend relevé à l’envi a trait à la démission du gouvernement, et au fait qu’il annonce ou non sa démission avant la tenue de la première séance de dialogue.

Réclamée par l’opposition, cette condition ne figure pas dans la feuille de route du quartette. Celle-ci accorde trois semaines au gouvernement de Ali Laâridh  afin qu’il présente obligatoirement sa démission, et céder la place à un gouvernement de compétences nationales dirigé par une personnalité indépendante, dont les membres ne se présenteront pas aux prochaines élections.

Ennahdha dont le président Rached Ghannouchi a signé un document "réitérant son acceptation de l’initiative du quartette, et affirmant son intention d’entrer immédiatement dans un dialogue national sur sa base, en vue d’en activer la teneur", n’a pas tout à fait changé sa position sur ce point. Le mouvement islamiste estime que la démission du gouvernement ne peut intervenir que lorsqu’une alternative est trouvée. "Le gouvernement ne peut pas démissionner et laisser un vide dans le pays. Sa démission sera le résultat du parachèvement du processus constitutif", a déclaré Rached Ghannouchi dans une interview au journal algérien el-khabar, paru ce lundi. Cette position est quasiment la même exprimée par d'autres dirigeants d’Ennahdha et des responsables du gouvernement.

La présidence du gouvernement a démenti samedi, les propos du SG adjoint de l’UGTT, quant aux dispositions du gouvernement de présenter sa démission juste après le démarrage du dialogue national.

La démission du gouvernement constituera, au regard de cela, un point chaud du dialogue national, dont sera tributaire sa réussite ou son échec. La nature des rapports entre le nouveau gouvernement de compétences apolitiques et l’Assemblée nationale constituante ne sera pas, de surcroît, aisément tranchée, car là aussi, les avis sont divergents, notamment pour ce qui est des mécanismes et du quorum exigés pour le recours et le vote d’une motion de censure à son encontre.  

Les contacts en cours en vue de la tenue de la première séance de dialogue, prévue pour cette semaine, constituent une avancée en soi. Mais, les résultats de ce conclave national ne sont guère garantis. Pourtant, ils doivent l’être, car la situation actuelle du pays ne supporte plus que l’on se perde dans les palabres sans fin comme c’était le cas lors des rendez-vous précédents, mais exige des solutions consensuelles rapides et concrètes pour remettre le pays en ordre de marche, sur fond de deux principales priorités : la relance de l’économie et la préservation de la sécurité et de la stabilité.  

Ce dialogue est vraiment celui de la dernière chance, rater le coche sera suicidaire pour la Tunisie. Les circonstances qui l’entourent et l’ampleur des enjeux doivent inciter les uns et les autres à lâcher du lest sur certains points et à privilégier l’esprit consensuel, loin des considérations partisanes étriquées, et dans le seul intérêt suprême de la Tunisie,
H.J.