Tunisie/ Dhiba : Le FTDES dénonce des "crimes" contre les manifestants

Publié le Jeudi 19 Février 2015 à 11:16
Le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux a organisé, jeudi matin, une conférence de presse pour présenter le rapport de la commission d’enquête sur les évènements survenus à Dhiba et qui ont fait un mort et plusieurs blessés.

« Le problème est plus profond que la taxe de 30 dinars appliquée aux libyens qui transitent par les frontières. Cela fait des décennies que la région souffre de sous-développement de la nonchalance des gouvernements. Les citoyens se sentent marginalisés et pour eux, il n’est plus question que ça continue ». C’est ainsi qu’un des membres de Commission d’enquête, Messaoud Romdhani, a entamé ses propos : "Nous avons déposé une plainte contre X et nous ne lâcherons pas l’affaire";

Les accusations envers les jeunes qui sont sortis manifester ? Romadhani déconstruit plusieurs versions des différents médias : « C’est leur plein droit de sortir s’exprimer. Les citoyens de Dhiba ont revendiqué leur droit au travail. Ils vivent du commerce avec la Libye et ils se sont retrouvés sans sources de revenus. Après les évènements des 9 et 10 février, la Commission d’enquête s’est déplacée à Dhiba en compagnie de plusieurs journalistes. Nous n’accusons personne, mais nous avons découvert plusieurs incohérences entre la version du ministère de l’Intérieur et les témoignages des habitants".

Saber Meliane ? "Tué par une balle dans le dos, le jour où aucun poste de la Garde Nationale n’a été incendié. Nous respectons les forces de l’ordre, mais nous ne tolérons aucun dépassement. C'était un crime, un meurtre". a souligné Naji Bghouri. Et les médias ? Il s’étonne : « Ce qui s’est passé n’a rien à voir avec la contrebande ni la taxe des 30 dinars, ni le terrorisme. Les problèmes sont nettement plus profonds. Cette région, comme tant d’autres, a besoin de développement et le potentiel existe ».

Et le ministère de l’Intérieur ? Selon Ridha Radaoui le constat est clair : « Il n’a pas le droit de transgresser les lois qui datent de 1969. Le meurtre de Saber Meliane est dangereux. Ce jeune a été tué par sang froid alors qu’il était en fuite. Il fallait avertir les manifestants, ce qui n’a pas été fait selon tous les témoignages et les vidéos. Les agents tirent pour tuer et pas pour dissiper les manifestants, c’est pour cela qu’on parle de crimes. Combattre le terrorisme ne permet pas tout aux forces de l’ordre ». Il lance ensuite un message clair au ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli : « Aucune maison ni poste n’ont été incendiés. S’il n’a pas assez d’informations, il vaut mieux éviter la désinformation ».

C’est le tour de Messaoued Meliane, père du défunt Saber qui prend ensuite la parole. Emu, les larmes aux yeux, il s’adresse d’abord aux médias : « Il faut relater la réalité. Nous souffrons déjà de beaucoup de choses, si en plus on nous empêche de nous exprimer ou si on déforme nos dires, ce sera la rupture. Nous ne sommes pas des terroristes ni des contrebandiers. Ce qu’on raconte de nous est criminel. Nous voulons tout simplement vivre avec dignité ».

Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Mohamed Ali Aroui, avait déclaré dimanche 08 février, au JT de 20 heures d’al-Wataniya, que le poste de la garde nationale de la Dhiba a été incendié samedi ainsi que les maisons des agents de la garde nationale.

Il avait expliqué l’usage de la force dimanche par "la tentative d’invasion du poste de la garde-frontière de la région, qui constitue la première ligne des frontières entre la Tunisie et la Libye.
Selim Slimi