Tunisie/ Destouriens et islamistes : Une réconciliation par pragmatisme !

Publié le Vendredi 29 Avril 2016 à 17:41
Ghannouchi, Ghariani et Morjane. Après l’ancien Secrétaire Général du RCD dissous, Mohamed Ghariani, le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a reçu ce vendredi 29 avril, l’ex-ministre des Affaires étrangères sous Ben Ali, Kamel Morjane. Selon un communiqué lapidaire publié sur la page officielle du cheikh, le président du parti el-Moubadara (Initiative) l’a félicité pour être sorti indemne de l’accident de la route dont il était récemment victime. "La rencontre a porté également sur la situation générale dans le pays et les dernières évolutions sur la scène nationale".

Au-delà du langage officiel protocolaire, ces rencontres ont un sens et cherchent à donner de la substance à un certain discours politique, celui du numéro un d’Ennahdha qui plaide pour une réconciliation politique globale, appuyée en cela par Nidaa Tounes.

Le rapprochement entre deux familles politiques hier ennemies, est-il aussi dicté par les variations continues de la conjoncture politique qui est loin de connaitre un point de stabilité. C’est que les alliances se font et se défont au gré des déclarations, des humeurs, et essentiellement des échéances électorales. Les remous ayant secoué tout récemment la coalition au pouvoir révèlent sa vulnérabilité et hypothèquent sa durabilité. De là à dire que cette coalition volera en éclats d’ici les municipales, pour donner lieu à quelque chose de nouveau, il n’y a qu’un pas que l’on n’hésite pas à franchir.

Crise de confiance
Cet état de fait se traduit par la crise de confiance qui persiste sur la scène politique, notamment entre alliés. La proposition d’Afek Tounes de former un nouveau bloc parlementaire centriste pour rééquilibrer le paysage parlementaire et son appel aux  forces centristes et progressistes de se ressaisir pour se préparer aux municipales, les mettant en garde contre une meilleure préparation et une meilleure présence d’Ennahdha sur le terrain, est à mettre sur le compte du climat de méfiance qui règne au sein des partis formant le gouvernement d’Habib Essid. Idem pour le vote de justesse, à une voix du quorum, de la loi sur le statut de la banque centrale, qui a failli provoquer une crise au sein de la coalition gouvernementale.

Même si les choses semblent se calmer, et l’incident clos, avec la réunion le 21 avril dernier de la coordination des partis au pouvoir au siège d’Afek, la confiance n’est pas rétablie et la coalition n’est guère plus solide. C’est tout dire sur l’opportunité de l’actuelle coalition, imposée par l’impératif de faire valoir le consensus et l’apaisement, et point par des affinités et des convergences politiques.

Des partis comme Afek Tounes ou Nidaa Tounes - même si le leadership de ce dernier a un autre point de vue - ont plutôt des atomes crochus avec le mouvement Projet de Tunisie de Mohsen Marzouk, qui a appelé hier à la formation d’un front politique progressiste pour rétablir l’équilibre général dans le pays.

Face à ce qui serait perçu comme une inconstance des alliés actuels, Ennahdha, forte de sa majorité au parlement et par pragmatisme politique, chercherait d’autres amis plus fiables, les destouriens peuvent faire l’affaire.

La configuration politique en devenir pourrait ainsi rassembler le mouvement islamiste, l’aile conciliante qui ne lui est pas hostile de Nidaa Tounes, et les destouriens ; tout cela passerait sous l’impératif du consensus et la nécessité d’une coalition pérenne pour faire face aux urgences de l’heure. On est parti d’un besoin de revivifier l’héritage commun incarné par Abdelaziz Thaâlbi, une synthèse entre Réformisme et Islam, pour arriver probablement à des listes communes aux municipales. Cela semble, à l’heure qu’il est, lointain, mais la réconciliation globale pourrait mener loin, à travers un chemin de traverse autre, que celui de la justice transitionnelle.
H.J.
   

 

Commentaires 

 
+1 #1 RE: Tunisie/ Destouriens et islamistes : Une réconciliation par pragmatisme !
Ecrit par Montygolikely     01-05-2016 12:03
Il ne manque plus que Zinelabidine Ben Ali, sa charmante épouse et son si sympathique beau-frère Belhassen et la boucle des réconciliation est bouclée...
 
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