Tunisie/ Désistement de Ghariani : Le calme après la tempête !

Publié le Jeudi 02 Mars 2017 à 17:34
Khalil Ghariani Khalil Ghariani a décliné ce jeudi 02 mars sa nomination à la tête du ministère de la Fonction publique et de la Gouvernance, où il devait succéder à Abid Briki, démis de ses fonctions par Youssef Chahed, lors du remaniement ministériel partiel annoncé samedi dernier. Une décision favorablement accueillie par la scène politique et syndicale, qui y a perçu une manière de désamorcer la tension, et d’éviter une crise politique au sein du gouvernement d’union nationale.

La tension est montée d’un cran depuis le week-end dernier sur la scène politique, suite aux changements, certes restreints mais significatifs opérés par Youssef Chahed dans son équipe, suivis par ses annonces confirmant une orientation libérale et capitalistique de sa politique.

Au cœur de la tempête, Khalil Ghariani dont la nomination a été contestée à la tête du département de la fonction publique, pour être issu du secteur privé, et qui, plus est membre du bureau exécutif de l’UTICA et lui-même homme d’affaires. Sa désignation serait, synonyme, aux yeux des antilibéraux, de licenciements massifs, de gel des salaires et d’une politique drastique au sein d’une administration, minée par les dysfonctionnements, entravée par des pesanteurs de différentes sortes, et souffrant d’une pléthore de personnel, où la formule de l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut, n’est que peu respectée.

Pendant trois jours, le nom de Khalil Ghariani a été sur toutes les lèvres, même si on a parlé de lui plutôt en mal, qu’en bien, du fait de son statut et non de sa personne, l’homme qui n’est pas d’une grande notoriété, est devenu connu de tous. La décision qu’il a prise aujourd’hui même, en a informé le locataire de la Kasbah avant qu’il ne la révèle aux médias, de se dispenser d’occuper le portefeuille ministériel, lui a attiré des sympathies et un florilège de louanges.

Ghariani s’est défendu d’avoir subi des pressions et a affirmé que sa décision est personnelle, prise après mûre réflexion, pour "éviter les tensions, préserver les équilibres socio-économiques dans le pays, et sauvegarder les profondes et anciennes relations entre l’UGTT et l’UTICA". La nuit lui aurait donc porté conseil, et cela a pleinement réjouit les milieux syndicaux et politiques.

Le Secrétaire Général adjoint de l’UGTT, Sami Tahri, a qualifié ce désistement de "pas positif", qui augure d’une bonne relation future entre al-Itihad et le gouvernement, signalant qu’il est de nature à désamorcer la tension, à permettre de régler les dossiers en suspens, et à garantir davantage de stabilité dans le pays. Dans une déclaration à Nesma, Tahri a souligné qu’"il n’y a ni vainqueur, ni vaincu, c’est l’intérêt de la Tunisie qui a triomphé", ajoutant que l’UGTT s’est attachée à "l’indépendance de sa position", en refusant la nomination de Ghariani. 

Hamma Hammami, incarnant l’opposition la plus radicale au gouvernement et à ses choix libéraux,  a considéré la décision de Ghariani comme une manière "de sortir d’un pétrin", affirmant qu’il a choisi une solution rationnelle.

Pour le leader du front populaire, c’est "le remaniement ministériel précipité" de Chahed qui a mis le pays dans ce pétrin, signalant que ce type de décision n’aurait pu être pris qu’à Carthage, estimant que le pays a renoué avec "un régime présidentialiste".  

Dans un entretien avec Jawhara, Hammami a estimé inadmissible de remplacer un ministre "à sensibilité syndicale", et qui était pourtant en première ligne en matière de défense de la politique du gouvernement, par une personne du secteur privé, de l’organisation patronale et qui est parmi ceux qui défendent "le libéralisme sauvage". Quant à l’argument de la compétence de l’intéressé, le dirigeant de la Jabha a considéré que cela dépendait de quel côté on se place, la compétence, aux yeux du patronat, n’en serait pas une, aux yeux des travailleurs, a-t-il lancé en substance.  

Le membre du bureau politique d’Afek Tounes, Faouzi Abderahman, a salué "une position courageuse" de Khalil Ghariani qui a évité une crise entre les composantes du gouvernement d’union nationale.

Abderrahmen a déclaré sur la même radio que la nomination de Ghariani a provoqué "une crise politique aigüe", qu’il a préféré ne pas en être partie, laissant présager qu’une telle décision évite au pays des tensions politiques.

Gnet