Tunisie/ Crise : La classe politique cherche-t-elle le pourrissement ?

Publié le Lundi 02 Septembre 2013 à 17:48
L'intérêt de la Tunisie est sacrifié sur l'autel des considérations partisanes étriquées. On y est, la rentrée administrative a eu lieu ce lundi 02 septembre, sans que la crise politique ne soit solutionnée. Pouvoir et opposition font du surplace, chacun campe sur ses positions, exprimées entre deux séances de dialogue fastidieuses. Entretemps, la Tunisie s’enlise dans une crise économique sans précédent et est confrontée à une menace terroriste, objet de toues les craintes…

Le statu quo politique s’inscrit dans la durée. Cela fait près de cinq semaines, depuis le 25 juillet date de l’assassinat du martyr Mohamed Brahmi, que la Tunisie est dans une impasse politique inextricable. La coalition tripartite au pouvoir et le Front de salut national, désormais principale force d’opposition, n’arrivent pas à trouver un modus vivendi à même de débloquer la situation et de s’asseoir autour de la même table des négociations en vue de parvenir à une solution de sortie de crise, permettant de parachever le processus constitutif et de mener la transition à son terme. La médiation accomplie par la centrale syndicale, chef de file du quartette des organisations parrainant le dialogue (UGTT, UTICA, LTDH et Ordre des avocats), peine à concilier des positions inconciliables.

Le motif de la pomme de discorde paraît, pourtant, anodin. Il a trait principalement au timing de la démission du gouvernement. L’opposition multiplie les dates butoir pour la chute du cabinet de Ali Laâridh, et en revient à en réclamer obligatoirement la démission dans un délai de quinze jours, condition sine qua non, assène-t-elle, pour consentir à la tenue des pourparlers directs avec les représentants des partis au pouvoir. Chose à laquelle la troïka a opposé une fin de non-recevoir. Tout en acceptant le principe de démission du gouvernement, et la formation d’un cabinet de compétences conduit par une personnalité nationale indépendante, la coalition au pouvoir, notamment le mouvement Ennahdha, assortit la prise de fonctions du nouveau gouvernement au parachèvement du processus constitutif, soit l’adoption de la constitution, l’élaboration de la loi électorale, la mise en place de l’instance électorale et la fixation d’une date définitive des élections. Selon son approche,  ce gouvernement ne pourra tenir les rênes du pays que lorsque les conditions de la tenue du scrutin auront été réunies ; sa principale mission sera de veiller sur le bon déroulement des élections démocratiques et transparentes.

Cette vision déplaît à l’opposition qui s’obstine à ne pas céder d’un iota sur son exigence de réclamer la dissolution immédiate du gouvernement actuel, accusant au passage Ennahdha de manœuvrer et de vouloir gagner du temps. C’est la quadrature du cercle en fait. L’intérêt de la Tunisie est sacrifié sur l’autel des intérêts partisans étriqués dont le peuple n’en a cure.

Cet embrouillamini politique, dont on est plus que las, prouve que la classe politique est en totale déphasage avec les attentes et les préoccupations de la population, liées principalement à la rentrée scolaire, au pouvoir d’achat qui ne cesse de dégringoler, au sentiment d’insécurité qui gagne les esprits et à ce climat d’incertitude démotivant et démoralisant. Il montre aussi que cette même classe politique ne prend pas la mesure des défis qui pèsent sur notre économie, dont les indicateurs sont plus que préoccupants. Il révèle qu’elle sous-estime le danger terroriste, encore ambigu et mal cerné, qui met en péril notre présent et notre avenir.  

Des problèmes d’une telle ampleur et d’une telle gravité devraient normalement mener les politiques à mettre en sourdine leurs différends, à laisser de côté les calculs politiciens et partisans, et à ne privilégier que l’intérêt national suprême. Il n’en est rien hélas, nos politiques font tout le contraire...on dirait qu’ils cherchent sciemment le pourrissement. Sinon, comment seraient-ils si incapables de s’accorder sur un détail, celui du moment le plus opportun pour la démission du gouvernement, alors que les deux camps sont quasiment d’accord sur le fond, dans la mesure où ils acceptent d’ores et déjà de se soumettre à l’initiative de l’UGTT préconisant notamment la formation d’un gouvernement de compétences et le maintien de l’ANC pour une durée déterminée en vue du parachèvement des travaux constitutifs.

Le capital crédibilité de la classe politique va en s’amenuisant aux yeux des Tunisiens, car elle n’a cessé de trahir leurs espoirs et de décevoir leurs attentes. Son échec à trouver une solution consensuelle à la crise politique actuelle, sera lourd de conséquences pour le pays. Le cas échéant, la population ne pardonnera jamais aux politiques d’avoir si malmené leurs intérêts, d’avoir autant porté préjudice à la Tunisie, à son économie et  à son image, pour faire valoir des considérations partisanes étriquées.

La persistance de cette impasse politique aura pour entre autres conséquences une dégénérescence du climat général dans le pays et un ralentissement encore plus aigu de l’économie avec le risque que plus d’entreprises étrangères quittent le pays, que des investisseurs étrangers continuent à nous bouder, que le capital local se réfugie encore plus dans l’attentisme et la réticence à s’engager dans de nouveaux projets, que les PME se heurtent à plus de difficultés au regard d’une morosité ambiante qui obligerait certaines de mettre la clef sous le paillasson, que le chômage augmente, etc. Un scénario redoutable que les politiques ont l’obligation d’éviter, peu importe l’étendue des concessions ou des sacrifices qu’ils seront obligés de faire.

H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #7 Pauvre Tunisie
Ecrit par Espoir     09-09-2013 18:00
La politique est pourrie.....et la solution de cette crise est pourtant claire et nette.....le maintien de ANC avec un timing Max 2 semaines pour achever la constitution, élire ISIE, élire le nouveau gouvernement.....et le départ du gouvernement Ali Lariadh.....il ne faut pas sortir de Harvard pour une telle décision.....mais ,le probleme est qu'il n'y a point d'amour pour la patrie.....parole et parole disait feue Dalila.......dommage !! Pauvre Tunisie.
 
 
-1 #6 Le temps c'est de l'argent
Ecrit par Tounsi     04-09-2013 12:58
Il n’ya que les imbéciles et les fainéants qui donnent pas d’importance au temps.
Je pose une question : est-il possible de rester longtemps sans manger et boire ?
Quand on est à une bonne situation on le maintien ca c’est normal et vrai, mais à l’heure actuelle ce n’est pas le cas. Donc il faut changer et trouver des solutions. Le temps passe et le mec responsable n’est pas la !!
 
 
-1 #5 Qu'est-ce qui presse!
Ecrit par zarzour     03-09-2013 16:16
Ils sont nourris,gavés,et tout le monde à leurs pieds;le peuple ;ce damné de la terre qui ne trouve souvent même pas une miche de pain pour calmer leur ventre vide,Croyez -vous que ces politiciens ou plutôt ces usuriers pensent à eux?
 
 
-1 #4 ISLAM
Ecrit par mehdi mountather     03-09-2013 10:20
Après l'avertissement d'ALLAH ce fort séisme en Tunisie en président tunisien et les partis politique d'appliquer la charia islamique aujourd'hui pour éviter un fort séisme tsunami les foudres grêlons les inondations feu de forêt ces catastrophes des punitions d'ALLAH aux kamikazes de satan les terroristes Qaida aqmi de poser leurs armes pour éviter leurs extermination par balles et feu de forêt merci
 
 
-2 #3 RE: Tunisie/ Crise : La classe politique cherche-t-elle le pourrissement ?
Ecrit par Montygolikely     02-09-2013 20:15
On dirait que la classe politique cherche tout bonnement un dictateur, ce n'est pas plus compliqué que ça, au train où ça va, il vont gagner le gros lot : un bon petit tyran...
 
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