Tunisie/ Crise économique : Quelles solutions pour éviter la banqueroute ?

Publié le Vendredi 18 Avril 2014 à 16:42
La Tunisie traverse une situation financière difficile et critique. Moncef Marzouki a annoncé ce vendredi 18 avril sa décision d’amputer le salaire du président de la République des deux tiers. Une mesure tardive qui fait figure d’une solution palliative d’une crise économique et financière qui n’a fait que s’aggraver au fil des dernières années.  

En période de vaches maigres, il est vivement recommandé à l’Etat de réduire son train de vie, et de comprimer ses dépenses, pour donner l’exemple et susciter un effet d’entraînement au sein de la population. Sous d’autres cieux, cette pratique est courante. L’on se souvient de la première décision prise par François Hollande, dans son premier conseil des ministres au lendemain de son investiture en Mai 2012, de réduire son salaire et celui de ses ministres de 30 %.

En Tunisie, l’ancienne troïka au pouvoir, issue des élections du 23 octobre 2011, a hérité d’une conjoncture socio-économique difficile, caractérisée par des défis immenses et des attentes populaires incommensurables. A l’époque, le pays était déjà en crise, et les premières bonnes décisions dignes d’une période postrévolutionnaire, qui auraient du être prises et qui auraient consacré une réelle rupture avec l’ancien régime et eu valeur de symbole, étaient celles d’annoncer une baisse conséquente des salaires des trois présidents, des ministres, des commis de l’Etat, des PDG et autres hauts responsables, ainsi que d’une diminution des avantages en nature qui leur sont accordés. Etant entendu que tout appel visant à changer le comportement des masses, et toute incitation au sens de sacrifice, ne peuvent produire de l’effet, que s’ils commencent à partir du sommet pour atteindre la base.

Hélas, ce n’est pas cette politique qui a été suivie à l’époque. Pis encore, les dépenses de l'Etat ont explosé. La conjoncture sociale tendue caractérisée par une frénésie revendicative, le contexte de crise mondiale et européenne, l’ascension des cours du pétrole, ont grandement éreinté les ressources de l'Etat, à travers notamment la hausse de la masse salariale de 44 %, et l’accroissement du budget alloué à la caisse de compensation de 260 % en  trois ans.
Résultat un écart grandissant entre dépenses et recettes de l’Etat qui a lourdement affecté les équilibres budgétaires généraux, et un taux d’endettement ascendant, se montant à 50 % du PIB. La situation est tellement critique et grave que l’Etat est désormais réduit à emprunter pour payer ses factures et verser ses salaires, comme l’a souligné dernièrement Mehdi Jomaâ, étayant le discours de son ministre aux affaires économique, qui a fait état le jeudi 10 avril de grandes pressions sur les finances publiques, lesquelles vont persister au cours des prochains mois.

Le locataire de la Kasbah avait annoncé d’emblée, le 03 mars dernier, un mois après l’intronisation de son gouvernement,  que la situation, s’agissant notamment des déséquilibres financiers, est beaucoup plus difficile qu’on ne l’imaginait. Il a prôné le retour au travail, et le sens du sacrifice. Son discours ne semble pas avoir provoqué le choc positif escompté, voire un sursaut national qui montre que les Tunisiens, dans leurs différentes catégories, prennent réellement la mesure de la gravité de la situation. Idem pour les syndicats, à l'instar de la puissante UGTT. Tout en se déclarant prête au sacrifice, la centrale syndicale s’attache mordicus à un nouveau round de négociations sociales en vue d’une majoration salariale, arguant, certes à raison, de la dégradation du pouvoir d’achat des travailleurs.

La question est donc de savoir : va-t-on continuer à s’endetter pour payer les salaires, verser des augmentations salariales, mettre en application les conventions signées avec toutes leurs implications financières, bref consommer ? Si c’est le cas, on serait mal barré, notre situation risque d’empirer, et un scénario à la grecque serait difficilement évitable. Encore que la Grèce a bénéficié d’un soutien de poids de l’Union européenne, qui a multiplié les plans de  relance, pour la sortir de l’ornière. Même si cela a beaucoup coûté pour la population hellénique qui a payé le plus lourd tribut aux politiques d’austérité.

Rendons-nous à l’évidence, nous autres Tunisiens, que cela n’arrive pas qu’aux autres. Si l’on ne souhaite pas se réveiller un jour, sur une situation de banqueroute financière avec toutes les conséquences désastreuses que cale induit,  il faut que l’on sorte illico presto de notre léthargie, que l’on prenne réellement conscience de l’ampleur de nos difficultés, et que l’on adhère à une action collective de salut national, en s’inscrivant dans une démarche de proposition et de volontarisme, loin de toute approche électoraliste et partisane.

La situation est aujourd’hui ce qu’elle est. Les gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution ont travaillé, reconnaissons-le, dans des conditions exceptionnellement difficiles, qui sont le propre des périodes de transition démocratique. Leur principale obsession était de contenir la colère de la rue, et de désamorcer les tensions sociales, c’est ce qui les a conduits à puiser exagérément dans les caisses de l’Etat pour rassasier des revendications insatiables.

Un audit des comptes de l’Etat depuis le début de la révolution n’est pas de trop, dans un souci de transparence envers l’opinion publique qui est exposée à une masse d’informations incohérentes, voire contradictoires, au point qu’elle ne sache plus à quel saint se vouer.

Le plan de redressement économique annoncé par le gouvernement devrait être, par ailleurs,  précédé par un diagnostic et une analyse objective des motifs qui sont derrière la situation actuelle, lesquels doivent être annoncés au peuple, a qui on a promis de dire la vérité. Des experts indépendants gagneraient à définir et à analyser les éventuelles erreurs qui auraient pu être commises par les gouvernements successifs depuis la révolution. Force est aussi de communiquer aux Tunisiens, la valeur du manque à gagner pour le budget de l’Etat et le pays, des milliers de grèves, d’arrêts de travail intempestifs, et de la baisse de la production et de la productivité ayant touché quasiment tous les secteurs, de même que le coût des deux grèves générales, et des actions villes mortes qui ont été décrétées dans plusieurs régions du pays.

Le langage de vérité requiert d’appréhender la situation selon une approche globale et scientifique, sans parti pris ni faux-fuyants, afin de mettre le doigt sur l’origine du mal, d'établir les responsabilités, de tirer les enseignements et de proposer les bonnes solutions susceptibles de nous faire avancer et de nous tirer d’affaire.
H.J.


 

Commentaires 

 
+2 #3 Populisme electoral
Ecrit par Royaliste     22-04-2014 08:10
Marzouki s'est battu contre l'ANC pour augmenter le budget de la présidence et aujourdhui il fait le généreux lol

s'il veut aider la Tunisie il devra couper de moitié son budget , réduire son train de vie, réduire l'armée de conseillers aussi inutile que lui
 
 
+2 #2 C´est simple
Ecrit par Fan Fan     20-04-2014 18:25
1 - Appliquer la loi dans tous les domaines.
2 - Mettre les syndicats devant leur responsabilité.
3 - Faire des actions de sensibilisation dans les médias concernant la valeur du travail en général et dans l´avenir le plus proche en particulier, sans oublier le sacrifice.
4 - Faire des gestes concrets pour les plus démunis.
 
 
+3 #1 Les solutions sont multiples
Ecrit par zarzour     19-04-2014 16:00
Pour sortir le pays de la déroute économique les solutions ne manquent pas:
-Une union nationale sans faille
-Un appel au sens patriotique de tous les citoyens
-Arret d'importation des produits chinois qui jonchent nos trottoirs qui tuent notre artisanat et nos petites entreprises, qui, en plus multiplient le chomage et tuent l'initiative personnelle de nos concitoyens
-Plus de sécurité dans nos villes,sur nos plages ,dans et autour de nos hotels pour assurer une saison touristique normale car le tourisme est une source vitale pour notre pays et surtout pendant cette période de vache maigre et de disette.
-Lutter contre le trafic de tout genre et le commerce illicite.
-Promouvoir le site Tunisie et les produits tunisiens à l'intérieur comme à l'étranger
-Faire participer nos universités à l'essor de notre pays
-Gagner le maximum de temps pour passer à des éléctions et à la stabilité du pays
-Nous voulons plus de patriotisme ,plus d'abnégation ,plus d'ouverture intellectuelle et scientifique,plus de liberté d'entreprendre,nous voulons plus de fluidité,plus de transparence,plus d'égalité et plus de parité.
 
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