Tunisie/ Crise économique : Gare au péril de la dette ! |
Publié le Vendredi 07 Mars 2014 à 16:46 |
Le redressement de l’économie passe inéluctablement par des réformes profondes et structurelles, et non par des demi-mesures et du rafistolage, une méthode suivie depuis le lendemain de la révolution, et que le gouvernement de technocrates risque de reproduire, en se réfugiant dans une solution de facilité, celle de la dette. La crise économique ne fait plus l’ombre d’un doute en Tunisie. Mehdi Jomaâ a tiré la sonnette d’alarme lundi dernier, faisant état du hiatus grandissant affectant les équilibres généraux de l’Etat, avec des dépenses qui dépassent largement les ressources. Résultat : un trou de 4 à 5 milliards de dinars qu’on aura du mal à combler, pour financer le budget de 2014. Comment en est-on arrivé là ? Au lendemain de la révolution, la Tunisie a hérité d’une situation économique peu reluisante minée par la corruption et la mauvaise gouvernance, où les chiffres étaient biaisés et enjolivés, le taux de chômage notamment celui des diplômés inquiétant, le climat des affaires malsain, la répartition des richesses inéquitable, les banques et entreprises publiques déficitaires, la précarité et la pauvreté rampantes, et les disparités régionales grandissantes, autant de facteurs ayant provoqué le soulèvement social, devenu après la révolution du 14 janvier, dont les principales revendications sont la justice sociale, la dignité et la liberté. Dans ce tableau globalement négatif, il y avait quelques points positifs : les équilibres macro-économiques de la Tunisie, et ses grands équilibres budgétaires étaient préservés, grâce notamment à la fausse stabilité politique, et au dynamisme relatif des secteurs de l’investissement, des exportations et du tourisme. Après la révolution, les épisodes d’insécurité intermittents, les attaques terroristes, les tensions sociales, la démesure revendicative illustrée par des dizaines de milliers de grèves et de sit-in, ainsi que les crises politiques successives notamment pendant la période postélectorale, ont frappé l’économie de plein fouet, et n’ont cessé pernicieusement d’en saper les fondements. Les gouvernements successifs qui se sont relayés, pendant les deux périodes transitoires, ont eu quasiment le même cheminement, à quelques différences prêt au niveau des contextes et des approches. Ils se sont tous pliés à la frénésie revendicative, répondant à tour de bras à une colère sociale inextinguible, qui n’a quasiment épargné aucun secteur. Au gouvernement de Béji Caïd Essebsi, on a reproché d’avoir institué la prime Amal accordée pêle-mêle aux jeunes à la recherche d’emploi, et d’avoir cédé aux revendications syndicales en termes de majoration salariale dans différents secteurs. Un reproche qui est fait aux deux gouvernements de la troïka qui se sont pliés aux desiderata des syndicats, amplifiant grandement la masse salariale du secteur public. Deux gouvernements que l’on critique également pour avoir grossi l’effectif de la fonction publique, déjà pléthorique à l’étape antérieure au 14 janvier. Les gouvernements post-révolution ont été donc pris dans le feu de l’action, invoquant un devoir d’éviter une nouvelle implosion populaire, et une quête désespérée d’un apaisement social, qui n’est guère atteint à ce jour. La gestion dans l’urgence a prévalu sur les politiques et les stratégies réfléchies, et le rafistolage, sur les réformes profondes et structurelles. Résultat : on est passé d’une étape de crises conjoncturelles successives, à une crise structurelle vouée à s’aggraver, et à être fatale, si l’on continue à reproduire les mêmes erreurs, et à boucher les trous avec l’endettement. La Tunisie avait besoin dès le lendemain de la révolution d’un profond redressement économique, à travers une remise en cause profonde et radicale du modèle alors suivi. Cela n’a pas été fait et les gouvernements successifs présentent des arguments plus ou moins recevables. En ce début de la dernière période transitoire, le gouvernement de technocrates, catastrophé par l’état dans lequel il a trouvé l’économie, est contraint de travailler dans l’urgence, a fortiori qu’il est investi d’un mandat court devant s’expirer avant la fin de 2014. Le réalisme dit que l’on ne doit pas s’attendre à des prouesses de ce gouvernement, mais au moins qu’il ne contribue pas à empirer la situation. Persister à opter pour l’endettement, comme solution cardinale pour redresser les équilibres de l’Etat, est une fausse route. A plus forte raison, si la dette va être allouée à la consommation et non à la création des richesses…la cessation de paiement sera dans ce cas de figure difficilement évitable. Un Etat qui vit au dessus de ses moyens et s’appuie sur la manne redoutable de la dette, (qui a déjà atteint un seuil inquiétant) risque de se trouver rapidement otage de ses créanciers, et prisonnier des politiques impopulaires du FMI et de la banque mondiale. La Tunisie n’a d’autre choix pour sortir de l’ornière, que de commencer le travail afin de substituer l’économie productive à l’économie de subsistance. Il n’y a pas trente six mille solutions pour ce faire, les Tunisiens doivent reprendre les choses en main, retrousser les manches et reprendre le travail. De ce côté-là, il semble que le message de Mehdi Jomaâ ait tombé dans l’oreille d’un sourd. L’UGTT ne semble pas renoncer à sa revendication pour un nouveau round de négociations sociales en vue d’une augmentation salariale, certains corps de métiers sont en grève, et d’autres annoncent de futures actions analogues. Selon cette logique, l’argent que le locataire de la Kasbah ira chercher dans les pays du Golfe, en France et aux Etats-Unis servira, comme l’ont fait ses prédécesseurs, à calmer les contestataires, et à désamorcer les tensions sociales…Une spirale perdante qui doit-être arrêtée par l’application de la loi. Même si le droit de grève est garanti par la constitution, une loi d’exception doit-être décrétée pour l’encadrer, vu la gravité de l’heure qui ne supporte pas que la machine économique soit paralysée encore plus. A défaut, si le même laxisme demeure, attendons-nous à l’irréparable. Le cas échéant, on n’aurait que nos yeux pour pleurer. H.J.
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Commentaires
Ecrit par volvert 08-03-2014 13:33
La gabegie et le népotisme ont rendu systémique la dépendance de ces pays, dont la Tunisie, au point que plusieurs générations après "l'indépendance" ils sont toujours dépendants.
Les prèteurs sont aussi coupables que ceux qui leur ont offert cette manne.
Ce cycle doit cesser par l'effacement pur et simple de la dette, comme le recommandent des esprits éclairés.les créanciers se sont largement remboursés.
Ecrit par ForzaRomaalééé 08-03-2014 12:27
Ecrit par Léon 08-03-2014 10:01
Maintenant, il est trop tard! Votre haine et votre régionalisme vous ont fait faire hara kiri. Quelle belle revanche que de vous voir constater tous seuls comme des grands l'ampleur de votre bêtise et des dégâts qu'elle a engendrés.
Léon.
A défaut du verset par lequel j'ai l'habitude de conclure qui ne plait pas à GNET tellement il est blessant de vérité, je mettrai une parole de Oum Kalthoum, qui sied mieux à son goût révolutionnaire:
"Tifid Bi-iiiiih ya nadam ya nadam, ya nadam".
Ecrit par Royaliste 07-03-2014 21:22
combien chaque tunisien doit rembourser?
vous parlez de la dette et vous ne donnez aucun chiffre