Tunisie/ Crise du phosphate : Syndicats et gouvernements responsables

Publié le Jeudi 22 Janvier 2015 à 17:55
Gafsa revendique une partie de la rente du phosphate. Si les mouvements sociaux et les grèves ne sont pas réfrénés, l’économie nationale peinera à remonter la pente. Le déluge des mouvements sociaux observé en Tunisie après la révolution a grandement éreinté l’économie, privé l’Etat de rentrées d’argent colossales,  affecté les grands équilibres budgétaires, creusé les déficits et  tiré le PIB vers le bas. Les responsables tout désignés sont les syndicats, mais les gouvernements qui se sont succédé n’ont-ils pas une responsabilité d’avoir mal géré ces dossiers, d’avoir manqué de fermeté et laissé la situation empirer.

Le phosphate, un secteur stratégique, a été totalement en panne ces quatre dernières années, enchaînant grèves et arrêts de production intempestifs. Le manque à gagner est considérable, et les chiffres présentés par le ministre de l’Industrie, quant à l’ampleur dégâts subis, à cause de cette dégringolade méthodique et programmée suscitent regrets et inquiétude. La perte en termes de PIB est de 3,5 % entre  2011 et 2013, soit la moitié du crédit accordé par le FMI à la Tunisie qui est de 2,7 milliards de dinars. Elle est de 0,7 % en 2014. Pis encore, les objectifs de 2015 seront difficiles à atteindre à cause de la persistance des débrayages.

Que les ouvriers des mines, qui exercent dans des conditions spartiates, demandent une amélioration de leurs conditions de travail, et qu’ils exigent que leur labeur soit correctement rétribuée, ils sont tout à fait dans leur droit. Que le bassin minier en particulier et Gafsa en général réclament une partie de la rente du phosphate, à travers des projets de développement et d’infrastructure, et le recrutement des enfants de la région, est des plus légitimes…mais que ces revendications se répercutent aussi dangereusement sur les fondements de l’économie, voilà qui est inadmissible.

Les questions sont de savoir, comment les gouvernements successifs n’ont-ils pas pu démêler cette pelote ? Comment ne sont-ils pas parvenus à arrêter cette hémorragie financière, demeurant  impuissants devant la détérioration d’un secteur aussi stratégique et vital pour l’économie nationale ? Pourquoi n’ont-ils pas appliqué la loi et prévenu un manque à gagner aussi lourd, s’illustrant par une perte de parts de marchés, au profit d’autres pays à l’instar du Maroc, à l’heure où les cours du phosphate sur le marché mondial connaissent une ascension sensible.

Le droit de grève est garanti par la constitution, c’est une action civilisée pour que la classe ouvrière, au même titre que d’autres corps de métiers,  fasse entendre sa voix pour plus de justice sociale et moins d’inégalités. Ce droit ne doit aucunement se transformer en une épée de Damoclès et en un instrument de destruction massive de l’économie.

Si le pays a supporté une telle déferlante de grèves pendant quatre années, et si les autorités ont toujours fini par céder aux injonctions des syndicats, en accordant des augmentations salariales et des primes à tout va, en puisant notamment dans la manne de la dette, cela n’est plus possible dorénavant.  Les injustices qui se sont accumulées pendant des décennies, ne pourront être corrigées en un laps de temps si court, par la seule contribution de l’Etat. Ils ne pourront être jugulées que par la création des richesses, par la redynamisation de l’investissement, par la reprise du travail et la relance de l’économie.

2015, 2016 et 2017 sont des années difficiles qui attendent la Tunisie. Le pays devra améliorer son taux de croissance, pour pouvoir créer des emplois, et mettre le chômage sur une courbe descendante. Le futur gouvernement doit mener des réformes capitales pour redresser les équilibres budgétaires, et améliorer les ressources de l’Etat afin qu’il soit en capacité de rembourser les dettes qui arrivent à échéance en 2016.

Gare à appréhender la prochaine étape avec le même esprit revendicatif de la part des syndicats, et le même laxisme de la part du gouvernement.

La première mission du nouveau gouvernement sera de dire la vérité aux Tunisiens sur la situation économique, d’imposer l’apaisement social, de lancer l’élaboration d’un nouveau modèle de développement créateur de richesses et d’emplois, et générateur de justice sociale, et de s’engager à appliquer la loi dans toute sa rigueur envers tous ceux qui persistent à faire courir le pays à sa perte. Cela fait bien longtemps que la fin de la récréation aurait dû être sifflée.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #1 Miracle !
Ecrit par A4     23-01-2015 14:21
Le miracle ne peut être que tunisien !
Le seul pays où on récolte une prime de rendement même quand on n'a fourni aucun effort ...
 
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