Corruption : Manuels de procédures et cadre légal sont necessaires

Publié le Mardi 03 Mai 2016 à 16:54
Vue de la conférence
Près de la moitié des Tunisiens (47%), estime que les directeurs d'entreprises commerciales sont les personnes les plus impliquées dans des cas de corruption. Ils sont talonnés des membres des conseils locaux, selon 32% des Tunisiens. Tandis que 30%  estiment que les responsables gouvernementaux sont les plus impliqués dans la corruption. Arrive ensuite la police (selon 27% des interrogés) et les responsables des impôts (23%).  
 
L’Association I Watch a révélé ce mardi  les résultats de l’enquête menée au Maghreb et au Moyen Orient sur la corruption, entre septembre 2014 et Novembre 2015 avec la participation de Transparency International. Une enquête qui a visé environ  11 000 personnes  dans 9 pays, qui outre la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, l'Egypte, la Jordanie, la Palestine, le Soudan, le Yémen et le Liban.
 
Les personnes interrogées estiment que les endroits où la corruption est la plus répandue sont : Les hôpitaux en premier lieu, avec 8% de personnes ayant versé un pot-de-vin des 71% de l’échantillon ayant eu recours à ces services durant les 12 mois précédent l’enquête. Viennent ensuite les administrations où sont fournis des documents administratifs. 42% de l’échantillon estime que la corruption a beaucoup augmenté durant la dernière année, contre 16% qui disent que la corruption a diminué durant la même période. 
 
71% des Tunisiens disent n’avoir jamais versé de pot-de-vin au sein d’une institution publique, 9% disent avoir en avoir versé. A la question s’ils avaient déjà dénoncé les personnes corrompues, 96% des interrogés ont répondu par la négative. Les raisons qui empêchent les citoyens de dénoncer des cas de corruption sont en premier lieu, la peur des représailles pour 59% de l’échantillon. D’autres pensent que « la dénonciation n’y changerait rien ou encore que les hauts responsables sont eux-mêmes corrompus », rapporte Iwatch. 
 
Selon les Tunisiens interrogés, le gouvernement devrait d’abord plancher sur l’emploi et la lutte contre le chômage, à raison de 56% de l’échantillon. Vient ensuite la sécurité, puis la pauvreté. Seulement 16% de l’échantillon pense que la lutte contre la corruption devrait être la majeure préoccupation des autorités. 
 
Selon 58% des Tunisiens, les partis au pouvoir sont ceux habilités à traiter la question de la corruption, tandis que 37% pensent que c’est du ressort des partis de l’opposition. 

Les Tunisiens sont à hauteur de 28% à croire fermement que le citoyen lambda est capable de faire la différence dans la lutte contre la corruption. 43% sont d’accord avec cette affirmation et 16% ne sont pas du tout d’accord. Interrogés sur les moyens qu’ils estiment les plus efficaces pour lutter contre la corruption,  40% des Tunisiens ont répondu que  dénoncer est la première mesure à appliquer, et 29% pensent que refuser de verser un pot-de-vin est le meilleur moyen de lutter contre le phénomène. Par ailleurs, 18% pensent que rien n’y fera, et que le citoyen lambda est incapable de changer la donne. 
 
Dans la région MENA, 61% des personnes interrogées estiment que l’indice de corruption a pris de l’ampleur dans la région, et jusqu’à  91%  des interrogés pensent que le rendement des gouvernants arabes dans la lutte contre la corruption est mauvais, voire très mauvais. 45% pensent que les hauts fonctionnaires de l’Etat sont les plus corrompus. Cinquante millions de citoyens de la région ont déjà versé un pot-de-vin afin d’obtenir un service public. Soit une personne sur trois.  
 
Achraf Aouadi a indiqué qu’il était important de clarifier la politique de l’Etat en matière de lutte contre la corruption, en délimitant la  frontière entre la justice transitionnelle et la réconciliation nationale : « Il est important de dire que la justice transitionnelle n’est pas la réconciliation », a-t-il dit. Selon lui il est tout aussi important de différencier entre les fonctionnaires qui ont été écartés de l’administration, pour avoir pris part à la corruption, de ceux ayant été écartés pour avoir refusé de prendre part à la corruption.

Il a aussi appelé à l’adoption d’une loi qui protège les personnes qui dénoncent : « Cela fait 5 ans qu’on entend de tout à propos de cette loi, et rien n’a été fait. Nous voulons savoir si la priorité des autorités est de lutter contre la corruption ou pas », s’est il interrogé. 
 
Si l’administration tunisienne ne simplifiait pas les procédures, le problème de la corruption restera le même, selon Aouadi. «Tant que les fonctionnaires n’ont pas de manuels de procédures, et que le citoyen ne sait pas comment procéder pour obtenir un service, l’agent profitera de cette zone s’ombre et de l’ignorance du citoyen et tirera profit de la situation », a expliqué Aouadi. Il n’est pas rare qu’un citoyen voie sa liste de documents à fournir changer au gré des fonctionnaires et des humeurs au sein d’une même administration, et cela à cause de l’absence de procédures claires. 
 
Houcem Aouadi de IWatch a expliqué que l’enquête révélait pour la première fois l’indice de perception des citoyens et celles d’organismes internationaux, comme avait l’habitude de faire l’association. L’échantillon est formé de 50% de femmes et 50% d’hommes avec une représentation des régions rurales à hauteur de 30%.
Chiraz kefi.
 
 

Commentaires 

 
#1 l'Etat ne veut pas lutter contre la corruption
Ecrit par Royaliste     03-05-2016 20:14
pour un restaurant touristique dans la région de Sousse, pour obtenir un permis de vente d'alcool il faut verser entre 80 000 et 100 000dt en pot de vin, tout le monde le sais et personne ne fait rien . . .
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.