Tunisie/ Corruption : La démocratie naissante à l’épreuve

Publié le Jeudi 21 Avril 2016 à 17:47
Le chiffre est grave, et fait un froid dans le dos. Une cinquantaine de dossiers de corruption concernent d'actuels responsables au pouvoir, selon Chawki Tabib. Le président de l’instance nationale de lutte contre la corruption indique ce jeudi sur Shems que la corruption concerne tous les secteurs, citant les recrutements dans la fonction publique.

La corruption que l’on dit gagner du terrain après la révolution, s’étendrait du sommet à la base ; comment pouvoir la combattre dans de telles conditions, si ceux qui sont censés le faire, sont en plein dedans.

Le gouvernement actuel, Essid 2, fait de la lutte contre la corruption l’un de ses crédos. Outre une rhétorique abondante à ce sujet, un ministère de la fonction publique, de la gouvernance et la lutte contre la corruption a vu le jour, lors du remaniement ministériel de janvier dernier, avec à sa tête Kamel Ayadi.

Le jeune département ne cesse de multiplier les annonces sur les stratégies et actions de lutte contre ce fléau, c’est ainsi qu’il s’est engagé tout récemment à l’annulation de tout concours entaché de dépassements et de soupçons de corruption.  Il promet également de garantir les critères de "transparence et d’égalité des chances" en intensifiant le contrôle en aval des concours dans le secteur public. Et là, il y a manifestement de gros efforts à déployer, puisque les recrutements seraient parmi les secteurs les plus touchés par la corruption, à en croire Me Tabib.

Echec de l'élite politique
Le fait que ce problème se pose avec plus d’acuité, cinq ans après la révolution, est un échec pour l’ensemble de l’élite politique, tant et si bien que le développement, et la justice sociale en étaient les principales revendications. Cela ne peut qu’accentuer l’amertume de l’opinion publique et aggraver la crise de confiance dans le pays.

Une lutte efficace conte la corruption revient tout d’abord à cerner autant que faire se peut ce phénomène à sa propre mesure, et de recenser, d’une manière scientifique et analytique, les secteurs qui y sont touchés. Il s’agit ensuite de dénoncer les cas de corruption, et d’y faire face à la fois par des mesures dissuasives et répressives.

La sanction doit commencer au niveau sommet, pour donner l’exemple et dissuader la base. Les responsables soupçonnés ou confondus d’actes de corruption doivent répondre de leurs actes, étant entendu que nul n’est au dessus de la loi. Certes, on ne peut espérer atteindre zéro corruption, il s’agit là d’un phénomène universel, dont aucun pays  n’est exempt.  Mais, l’on peut en diminuer considérablement l’ampleur pour peu que l’on ait une vraie volonté de le faire.

A défaut, avec une corruption qui gagne différentes sphères d’activité, des pots-de-vin qui régissent les rapports au sein de l’administration, ainsi que le népotisme et le clientélisme qui ont cours en matière de recrutement, on ne peut parler de développement, d’assainissement du climat des affaires, de relance des investissements et de reprise économique.

La démocratie tunisienne naissante dont on se vante à l’envi, est à l’épreuve. La force d’une démocratie est qu’elle met les abus quels qu’ils soient et  quels qu’en soient les auteurs à la lumière du jour. La nôtre en est-elle capable ? Manifestement non, puisqu’elle semble encore vulnérable aux pressions des lobbies de la politique et de l’argent. Ceux-là même qui empêchent le pays d’avancer et qui le rendent difficile à réformer. Tôt ou tard les responsables de ces dépassements seront punis, comme l’ont été leurs prédécesseurs.
H.J.
 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie/ Corruption : La démocratie naissante à l’épreuve
Ecrit par Montygolikely     25-04-2016 18:18
Tant qu'on ne fera pas preuve de courage contre ce fléau de la corruption, on sera toujours tributaire des autres nations et continuerons à quémander à droite et à gauche.
La corruption n'engendre que la misère et la cultive et c'est de par cette même misère qu'elle a engendré qu'elle ne peut que perdurer et se développer.
 
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