Dinar : Le syndicat et le patronat s’alarment et appellent la BCT à sortir de son silence |
Publié le Lundi 24 Avril 2017 à 16:24 |
La centrale syndicale met en garde contre la chute aiguë du dinar, et ses retombées sur la compétitivité de l’entreprise, l’aggravation du déficit et la dégradation du pouvoir d’achat. La même position est à peu près exprimée par l’UTICA. Le syndicat et le patronat appellent la BCT à s’exprimer sur le flottement de la monnaie nationale… L’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) fustige ce lundi 24 avril les déclarations de la ministre des Finances sur la politique monétaire, ayant conduit à une chute aigue du taux de change du dinar, et créé un état de panique sur le marché des changes, mettant en garde contre les retombées négatives de cette situation, dont l’affaiblissement de la compétitivité des entreprises à court terme, l’incitation à la spéculation, et la redynamisation du marché noir, ce qui constitue une pression sur le budget de l’Etat, et contribue à l’aggravation du déficit et à la dégradation du pouvoir d’achat des travailleurs. Dans un communiqué paru aujourd'hui, à l’issue de la tenue de son bureau exécutif, la centrale syndicale impute la dégradation des indicateurs de l’économie nationale, déjà en crise du fait de la hausse du taux d’endettement et du déficit commercial, aux déclarations ministérielles. L'élément aggravant de la crise du dinar La centrale syndicale considère le silence délibéré de la BCT sur la politique de régulation monétaire, comme étant un élément aggravant de la crise du dinar pendant ces derniers jours. L’UGTT appelle à mettre un terme à ces déclarations gratuites, suscitant la peur des investisseurs, et des bailleurs du fonds, et approfondissant le manque de confiance dans l’économie nationale ; à clarifier le rôle de la banque centrale et sa position envers la politique de change en vue de rassurer les acteurs économiques, à œuvrer à préserver la valeur du dinar, et à prendre des mesures immédiates pour mettre un terme à l’importation anarchique et réduire le déficit commercial. Al-Itihad réclame des mesures préventives afin de freiner la hausse attendue des prix à court terme du fait de la dégradation du dinar, et d’encourager les sociétés exportatrices. L’organisation syndicale appelle à soutenir la campagne "consommer tunisien", et à limiter l’acquisition des produits importés en préservation des entreprises nationales et des postes d’emploi. Elle exhorte les Tunisiens de l’étranger à soutenir davantage leur pays, et ce en augmentant les transferts de devises et en y passant leurs vacances. La crise de la Tunisie porte fondamentalement sur l’économie réelle, et ne peut en aucun cas être résolue à travers des politiques monétaires, conclut l’UGTT. Freiner l’hémorragie de la monnaie nationale L’Union tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat (UTICA) avait, auparavant, exprimé sa profonde préoccupation face au recul de la valeur du dinar tunisien, ce qui constitue un danger réel pour l’économie et l’entreprise tunisiennes, dans la mesure où ca aura des retombées fort négatives sur l’investissement, la capacité compétitive de l’entreprise, l’inflation, le déficit de la balance commerciale, la hausse du taux d’endettement, et du service de la dette, ainsi que sur les grands équilibres financiers, et sur la caisse de compensation, étant donné que les produits de base subventionnés sont, pour la plupart, importés. La stabilité en général, et celle de la politique de change en particulier, sont parmi les principaux facteurs impactant, grandement, la compétitivité des entreprises, et le développement, selon le patronat. La politique monétaire, y compris la révision de la valeur de la monnaie nationale, doit reposer sur la concertation avec les parties concernées, sur la base d’une vision économique, et d’orientations claires, tout en étant accompagnée de mesures prévenant les perturbations sur la scène économique et financière. Face à la récurrence des déclarations issues de différentes parties confirmant l’effondrement de la valeur du dinar, ayant suscité un état d’inquiétude et de peur auprès des Tunisiens, notamment les chefs d’entreprises, l’UTICA appelle le gouvernement et la BCT à clarifier rapidement les raisons ayant provoqué cette situation, et la stratégie qui sera adoptée en vue de freiner l’hémorragie de la monnaie nationale, qui menace la pérennité de l’entreprise tunisienne, sa compétitivité, sa capacité d’investissement et son employabilité, ainsi que le niveau de vie du citoyen tunisien. Pressions sur la liquidité bancaire La ministre des Finances, Lamia Zribi, avait déclaré la semaine dernière que "la valeur du dinar est le reflet de la situation économique, et n’obéit pas à l’intervention de la banque centrale de Tunisie". Elle a imputé la dépréciation du dinar à la hausse du déficit commercial de plus 50 % par rapport aux trois premiers mois de 2016, estimant insuffisantes les rentrées en devises en provenance du tourisme, et des transferts des Tunisiens à l’étranger, malgré la reprise du secteur touristique. Sur un euro à trois dinars, comme l’attestent les pronostics des experts, la ministre avait répondu : "C’est ce que disent les experts, et les études du FMI, du moins lors de la précédente période. Ils affirmaient qu’un euro à trois dinars serait normal, vu la situation de l’économie", signalant que la situation s’est maintenant améliorée. Dans sa dernière note sur les évolutions monétaires et conjoncturelles (Mars 2017), la BCT fait état de l’accentuation du déficit de la balance commerciale, au cours des deux premiers mois de 2017, dépassant les 2,5 milliards de dinars contre environ 1,35 milliard au cours de la même période de 2016. L’examen des résultats provisoires de l’exécution du budget de l’Etat au titre de 2016, fait apparaître un creusement du déficit budgétaire qui s’est établi à 5.452 MDT soit 6% du PIB contre 4.094 MDT ou 4,8% du PIB en 2015 "Les pressions sur la liquidité bancaire se sont renforcées, en février 2017 sous l’effet principalement de l’accroissement des interventions de la Banque centrale sur le marché des changes." Gnet
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Commentaires
Ecrit par Montygolikely 24-04-2017 18:52
Des importations de pacotilles chinoises et glibettes turques sont, à titre d'exemple, parmi les premières mesures à prendre pour éviter que le déficit s'aggrave. De même , toujours à titre d'exemple reprendre les exportations de phosphates et dérivés chimiques quitte à mettre le complexe industriel de la région de Gafsa sous tutelle militaire, sont les mesures draconiennes à prendre pour que cesse la spirale de la dégradation économique.