Tunisie/ Campagne anti-corruption : Le gouvernement frappe fort, et recueille des soutiens

Publié le Mercredi 24 Mai 2017 à 16:02
Youssef Chahed ce mercredi 24 Mai 2017, au pôle judiciaire financier. Le coup de filet mené ces dernières 24 heures, à la surprise générale, dans les milieux de la corruption et de la contrebande, continue à susciter de larges réactions, en majorité de soutien au gouvernement, salué pour avoir frappé fort pour la première fois, en respect de ses engagements antérieurs de lutter contre ce fléau, et d’en mettre les symboles en prison.

Rappel des faits. Hier mardi, 23 Mai, l’homme d’affaires Chafik Jarraya est arrêté dans un café aux Berges du Lac. L’information fait rapidement le tour de la toile, et tout le monde est confondu, y compris le parquet dont le porte-parole affirme ne pas avoir eu connaissance de cette interpellation policière.

Dans la foulée, deux autres hommes d’affaires Yassine Chenoufi, ancien candidat à la présidentielle, et Néjib Ben Ismaïl, ainsi qu’un responsable de la douane, Ridha Ayari sont appréhendés, et mis en résidence surveillée, pour implication présumée dans des affaires de corruption, de contrebande et d’atteinte à la sûreté nationale, à travers l’incitation, et le financement des contestations, notamment celles survenues dernièrement à Tataouine, indiquent différentes sources médiatiques concordantes.

Ces arrestations on eu lieu, en vertu du décret du 26 janvier 1978, réglementant l’état d’urgence, dont l’article 5 stipule que 'le ministre de l’Intérieur peut prononcer l’assignation à résidence dans une circonscription territoriale ou une localité déterminée de toute personne dont l’activité s’avère dangereuse pour la sécurité et l’ordre public desdites zones.

L’autorité administrative doit prendre toutes dispositions pour assurer la subsistance de ces personnes, ainsi que celle de leurs familles", conclut ledit article.  

Dès leur survenue, ces opérations policières ont été favorablement accueillies sur les réseaux sociaux et dans des milieux civils et politiques, considérées comme étant un passage à l’acte de Youssef Chahed qui a exprimé, à maintes reprises, son engagement en faveur de la lutte contre les barons de la corruption, de la contrebande et du commerce parallèle, qui sapent les fondements même de l'économie nationale.

Premier parti à réagir officiellement, Afek Tounes dit prendre acte avec "grand soulagement" "des prémices de la guerre contre la corruption et les corrompus". "Une guerre qui sera sans doute de longue haleine, et requerra d’importants moyens humains et matériels, et essentiellement courage, audace et volonté politique pour être gagnée. Une guerre considérée par le parti, comme étant aussi importante que la guerre contre le terrorisme", les deux fléaux étant "intimement liés".  

Afek appelle "le gouvernement et toutes les structures de l’Etat à mobiliser leurs énergies pour aller de l’avant dans cette guerre difficile, qui sera couronnée de succès, tant qu’il  y a une détermination sincère et une volonté forte, afin que l’on préserve notre pays du mal de la corruption, qui menace désormais la pérennité de l’Etat". Le parti s’engage "à soutenir les politiques, les choix et les actions du gouvernement qui convergent vers cette direction".

Le député d’Ennahdha, Samir Dilou, a déclaré ce matin sur Shems que la guerre contre la corruption nécessite "une volonté politique et un appui populaire et doit être menée dans le cadre de l’application de la loi". "L’homme politique à lui seul n’est pas capable de mener une campagne (mains propres), mais il doit y avoir une couverture juridique et judiciaire", a-t-il dit, soulignant qu’il existe aujourd’hui une unanimité, selon laquelle la corruption menace l’Etat.

Samir Dilou, avocat de profession, a fait état de trois éventualités pour l’arrestation d’une personne. La première est que l’interpellation se fait après consultation du parquet. La deuxième est que la personne est arrêtée en flagrant délit, le parquet est prévenu par la suite. Et la troisième, un cas exceptionnel, dans le cadre des prérogatives du ministre de l’Intérieur en vertu de la loi sur l’état d’urgence, qui autorise l’assignation à résidence d’une personne. "Celui qui est placée en résidence surveillée n’a le droit de contacter personne, et est placé dans un lieu déterminé par les autorités, mais l’instruction se fait sous contrôle judicaire", a-t-il expliqué. 

Le Secrétaire d’Etat aux Domaines de l’Etat et Affaires foncières, Mabrouk Korchid,  a affirmé, dans une déclaration relayée par Mosaïque et Shems, que "le gouvernement d’union nationale a déclaré la guerre à la corruption", et est engagé  "à faire face aux corrompus qui veulent voler les biens du peuple tunisien".

Korchid a pointé "ceux qui ont instrumentalisé les contestations de Tataouine, dont de grands corrompus connus de l’Etat, et qui se sont sucrés des protestations dans la région".

Et pour afficher sa détermination de mener sa politique anti-corruption, dans le cadre de la loi et sous couverture judiciaire, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est rendu ce mercredi 24 Mai, au lendemain de ces arrestations tonitruantes, au pôle judiciaire financier, accompagné du ministre de la Justice, Ghazi Jribi, pour s’enquérir des conditions de travail en son sein, et écouter les préoccupations et les difficultés des juges dans le but de renforcer les moyens de cette structure, dont le rôle est crucial en matière de lutte contre la corruption.
Gnet

 

Commentaires 

 
+2 #1 RE: Tunisie/ Campagne anti-corruption : Le gouvernement frappe fort, et recueille des soutiens
Ecrit par Agatacriztiz     24-05-2017 16:28
Il était grand temps de sortir la boite à gifles...
 
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