Tunisie/ Bassin minier : La quadrature du cercle !

Publié le Jeudi 01 Mars 2018 à 17:07
Bassin minier.L’UGTT jette l’éponge et se désengage du dossier brûlant du bassin minier. Son Secrétaire Général adjoint,  Bouali M’Barki a fait cette annonce ce jeudi 1er Mars, lors d’une conférence de presse depuis la ville minière, où il atteste sans prononcer le mot, de l’échec des négociations. Ses tentatives de parvenir à un modus vivendi avec les sit-inneurs ont été vaines. Après trois jours de ce qui s'apparente à un dialogue de sourds, il rentre à Tunis bredouille.

Le responsable syndical renvoie la balle dans le camp du gouvernement, c’est à lui de trouver des solutions et de résoudre les problèmes de la région, a-t-il dit en substance.

Médiation inaboutie
En dépêchant l’un de ses lieutenants au bassin minier pour tenter de parvenir à une sortie de crise, la centrale syndicale a voulu montrer ses bonnes dispositions à aider au déblocage d’une situation inextricable, qui n’a fait que se complexifier  d’une année à l’autre. L’organisation a-t-elle aussi cherché à expier un péché, elle que l’on a tant accusé, à tort ou à raison, d’être pour beaucoup, notamment les premières années post-révolution, dans l’effondrement de cette richesse nationale, et dans le manque à gagner colossal qui en a découlé pour les caisses de l’Etat. Mais, c’était peine perdue, sa médiation était inaboutie.

C’est maintenant au gouvernement de démêler la pelote, lequel ne semble pas avoir une stratégie claire pour trouver des solutions radicales à la problématique du bassin minier. Le dialogue prôné par Chahed, lors de son intervention de dimanche dernier, montre ses limites, face à des sit-inneurs intransigeants qui refusent de faire la moindre concession, à des responsables centraux et régionaux qui leur ont fait miroiter des promesses restées sans lendemain.

M’Barki a parlé ce jeudi d’un nombre infini de PV et d’accords signés dans la région et qui sont restés lettre morte, accentuant la désillusion des contestataires et leur défiance  envers les autorités. 

Le gouvernement est-il en mesure d’embaucher immédiatement les sit-inneurs, une de leur condition sine qua non pour lever le camp, dans une société qui emploie déjà 30 mille employés, dont 11 mille sont payés pour ne rien faire. Une telle hypothèse n’est ni possible, ni faisable.

Doit-il laisser faire, et regarder en spectateur ce secteur stratégique couler davantage, avec toutes les conséquences désastreuses que cela a sur l’économie nationale déjà sous perfusion. Ce sera suicidaire.

Si la centrale syndicale s’est permise le luxe de faire un aveu d’impuissance et de se retirer des négociations, le gouvernement devra, impérativement, parvenir à un règlement, remettre rapidement les sites de production au travail, et sauver ce qui peut l’être encore dans un secteur où l’on ne compte pas le nombre de victimes directes et collatérales : la compagnie phosphate Gafsa (CPG), le groupe chimique, les unités de production d'acide phosphorique de Gabès, et les nombreuses entreprises qui en dépendent, la SNCFT, et toutes ces entités qui ont alerté tour à tour récemment quant à la gravité de la situation, et aux conséquences qu’elle aura sur leurs employés, et leurs précaires équilibres financiers.

Et puis quid de l’alternative aux mines. Le phosphate n’étant pas, tout naturellement, en capacité de résorber tous les malheurs de la région, les appels s’enchaînent : gouvernement, syndicat…pour une solution de rechange à même d’alléger la pression sur cette matière première, perçue comme étant la poule aux œufs d’or.

Personne n’est néanmoins en mesure d’en dire plus là-dessus. Gafsa, comme toutes les régions du pays qui souffrent de marginalisation et de paupérisation, a besoin d’une infrastructure développée, de commodités, de projets créateurs d’emploi, voire d’un développement durable à même d’assurer la dignité  et les droits économiques et sociaux pour une jeunesse qui se rabat sur le phosphate en désespoir de cause.
Gnet


 

Commentaires 

 
#1 Aux grands maux les grands remèdes
Ecrit par Agatacriztiz     01-03-2018 18:27
la compagnie phosphate Gafsa (CPG), le groupe chimique, les unités de production d'acide phosphorique de Gabès, la SNCFT, etc. appartiennent, en tant que secteur stratégique, au peuple tunisien tout entier et non à une poignée de trublions excités manipulés par on ne sait qui.
Le peuple tunisien a une armée dont le rôle, en cas de crise, est de protéger ces mêmes biens contre tout risque de dégradation ou de non fonctionnement.
Même si ça doit faire grincer des dents les partisans acharnés d'une démocratie qui commence à montrer ses limites, même si ça fera jaser les médias du style France 24 qui ne perdent pas une occasion de nous enfoncer, il est grand temps que l'armée nationale gère ces fleurons de l'industrie tunisienne pour le bien être du peuple et vous verrez comment tout ce joli monde filera doux...
 
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