Audit des banque publiques : I Watch soupçonne un conflit d’intérêts

Publié le Jeudi 06 Août 2015 à 13:06
L’organisation I Watch demande à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), l’arrêt immédiat de la recapitalisation des banques publiques, et la publication du rapport d’audit et de ses résultats, invoquant un conflit d’intérêts, s’agissant du choix du cabinet d’audit pour la Banque de l’Habitat. "Le cabinet Ficom étant dirigé par le frère de Taoufik Baccar, ancien ministre de Ben Ali, et ex-gouverneur de la banque centrale de Tunisie", selon l’organisation.

L’ONG revient sur les tenants et  aboutissants de l’opération d’audit des trois banques publiques dans un communiqué en arabe dont une copie est parvenue ce jeudi 06 août à Gnet.

Le gouvernement tunisien a lancé depuis trois ans une opération d’audit externe et global des trois banques publiques (Banque de l’Habitat (BH), Société tunisienne de banque (STB) et Banque nationale agricole  (BNA). L’opération d’audit a touché les aspects financier, social et organisationnel, et vise à s’arrêter à la réalité des problèmes de corruption dont souffrent ces banques, confrontées au danger d’endettement, et de faillite, et considérées comme étant un pilier du secteur bancaire en Tunisie, indique I Watch Tunisie.

L’opération d’audit s’est terminée au mois de novembre 2014, excepté la banque nationale agricole (BNA) qui a rencontré des difficultés avec la société contractante, ce qui a entraîné un retard de l’audit qui ne s’est pas encore terminé, poursuit-elle.

En juin 2013, le gouvernement a recruté après la publication des résultats des appels d’offres, des bureaux spécialisés dans l’audit financier. Le cabinet international PricewaterhouseCoopers (PwC) et le bureau local Conseil Audit Formation ont été choisis pour la société tunisienne des banques (STB).

Quant à la banque de l’Habitat, ce sont le cabinet allemand  Roland Berger Strategy Consultants et les bureaux locaux Ficom et Orga Audit qui ont été retenus.

L’organisation I Watch indique que "le bureau Ficom Etude et conseil appartient à Mongi Baccar, frère de Taoufik Baccar, ministre des Finances à l’époque de Ben Ali en 1999, puis gouverneur de la banque centrale de Tunisie de 2004 au 17 janvier 2011, où il a été démis de ses fonctions après la révolution pour se voir reprocher des accusations de corruption et de dilapidation de l’argent public".

Selon le rapport de la commission d’investigation dans les affaires de corruption et de malversation, "Taoufik Baccar assume une grande responsabilité dans la situation déplorable des trois banques publiques, dans la mesure où il a procédé à l’annulation de dettes d’hommes d’affaires corrompus, sans motif légal, et en application aux instructions écrites de Ben Ali", indique I Watch.

L’organisation  considère le choix du cabinet Ficom comme étant "un conflit d’intérêts criant, selon la convention onusienne  de lutte contre la corruption, ce qui nous fait douter des résultats de l’opération audit". Il est possible que celle-ci se soit passée outre les opérations de corruption et des défaillances dans la relation de la BH avec la banque centrale de Tunisie (BCT), lors des dix dernières années, où la situation financière des banques publiques a connu les débuts d’une crise, relève-t-elle. 

I Watch souligne également que les responsables de la banque de l’Habitat ont délibérément caché d’importants documents, pour les cabinets d’audit, ce qui a rendu difficile l’achèvement convenable de la mission.  

L’ONG réitère sa demande de publication des résultats de l’audit dans leur intégralité, afin que l’opinion publique puisse les consulter, a fortiori que le ministre des Finances, Slim Chaker, a demandé d’allouer un montant de 1300 milliard de millimes pour la recapitalisation de trois banques publiques.
Gnet

 

Commentaires 

 
#2 RE: Audit des banque publiques : I Watch soupçonne un conflit d’intérêts
Ecrit par Agatacritiz     11-08-2015 12:02
Ça ressemble de plus en plus aux discussions de la "Cuppola" (les chefs des chefs) de la MAFIA à Palerme quand ils se partagent différents secteurs de la criminalité...
Qu'ils en viennent aux "règlements de comptes" (pour les banques, c'est le cas de le dire) ça ne m'étonnerait pas...
Il y a un sacré ménage à faire dans cette fourmilière...
 
 
#1 2017 !!!
Ecrit par Erreur     07-08-2015 09:19
puis gouverneur de la banque centrale de Tunisie de 2004 au 17 janvier 2017.... :D

NDLR
C'est rectifié, il s'agit de 2011. Avec toutes nos excuses pour cette malencontreuse coquille.
 
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