Tunisie/ ARP : Le concept d’école coranique n’existe pas dans la loi (ministre)

Publié le Lundi 11 Février 2019 à 16:28
La ministre de la Femme, Neziha Laâbidi, a déclaré ce lundi que "l’enseignement du coran est organisé dans les koutabs, et est prévu dans les programmes scolaires, dans le cadre de l’éducation islamique."

Intervenant à l’ouverture de la séance de dialogue avec le gouvernement, tenue ce lundi 11 février à l’Assemblée des représentants du peuple, autour de l’école coranique de Regueb, la ministre a indiqué que "le concept d’école coranique n’existe pas dans la loi. Il n’y a que l’école publique et les koutabs qui sont organisés, et les jardins d’enfants municipaux qui relèvent du ministère de la Femme, tout ce qui es dehors de ça, revient à des espaces anarchiques", a-t-elle souligné.

Laâbidi a par ailleurs indiqué que l’école de Regueb est un espace anarchique qui n’obéit pas à la loi et au cahier des charges, et qui, plus, est situé dans un endroit éloigné à 7 km du siège de la délégation. Les enfants y subissaient toute forme d’exploitation agricole, sexuelle, d’exactions, et souffraient de plusieurs maladies, a-t-elle déploré. 

Cet espace abritait 42 enfants âgés de 8 à 18 ans, ainsi que des adultes de 18 à 30 ans, qui vivaient tous ensemble dans des pièces encombrées et des conditions inhumaines, a-t-elle ajouté.

Les députés, nombreux à être intervenus dans ce débat, ont exhorté l’Etat à assumer ses responsabilités en matière de prise en charge de l’enfance, et à la prémunir contre ce type de dérives.

Yamina Zoghlami a appelé "à éradiquer ce type d’écoles", et "à faire en sorte que le
giron social de notre pays croit à l’identité arabo-musulmane, et à l’Etat civil, et que les libertés soient pratiquées dans le cadre de la constitution et des lois".

Fatma Msedi a estimé que "ces jeunes sont en phase de radicalisation", leur "déradicalisation nécessite l’intervention de spécialistes". Elle a appelé "à la démolition de l’école coranique de Rgueb, ainsi que toutes les écoles, qui sont hors de contrôle de l’Etat".

Slah Bargaoui a appelé à miser sur l’éducation pour faire avancer le pays, s’interrogeant sur "ce qui a été fait par le ministère de l’Education dans le cadre de la guerre globale contre le terrorisme au niveau des programmes et des méthodologies". Il s’est aussi interrogé si le ministère signale les cas d’abandon scolaire.
 
Le député Ghazi Chaouachi a estimé que "le juge d’enfant devait ordonner le retour des enfants à leur famille, appelant l’Etat à les suivre dans leur milieu familial, et à leur trouver des solutions afin qu’ils puissent dépasser l’impact psychique, découlant de cet éloignement de leur famille". 

"Ces enfants ont dénié l’Etat, car celui-ci les a déniés", a renchéri Latifa Habachi. Elle a pointé "l’instrumentalisation" de cette affaire, prévenant contre le fait que cette campagne soit utilisée comme "prétexte pour s’en prendre aux koutabls et associations coraniques qui opèrent dans le cadre de la loi". "Quoi qu’il en soit, l’enfant reste une victime et doit être au centre de nos préoccupations et de la mission éducative", a-t-elle dit.

Tarek Ftiti a qualifié l’espace de Rgueb de "caserne qui enfante les adeptes de Daesh". Il a indiqué que le gouverneur et le délégué qui ont été démis de leurs fonctions, ont servi de "bouc émissaire", dans la mesure où ils se sont acquittés de leur travail, évoquant des manquements au niveau d’autres responsables.

Cinq membres du gouvernement ont pris part à cette plénière de dialogue dont les ministres de la Femme, de l’Intérieur, de l’Education, des Affaires religieuses, et des relations avec les instances constitutionnelles, la société civile et les droits de l’homme.
Gnet