Tunisie/ ARP : Chahed atteste de la fin de la crise et décline ses priorités

Publié le Samedi 24 Novembre 2018 à 12:31
Youssef Chahed, samedi 24 novembre à l’hémicycle.Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, a réitéré ce samedi 24 novembre à l’hémicycle l’engagement en faveur "du parachèvement de la transition démocratique et de l’acheminement du pays vers les prochaines élections dans un climat sain, de manière à affirmer que la souveraineté et l’autorité appartiennent au peule qu’il exerce à travers des scrutins transparents".

Chahed qui a attesté, dans la déclaration du gouvernement marquant le début du marathon budgétaire, de la fin de la crise politique avec le vote de confiance accordé récemment aux nouveaux membres de son gouvernement nommés à l’issue du large remaniement ministériel qu’il avait opéré le 05 novembre dernier, s’en est pris à ceux qui ne veulent pas s’en persuader, et qui "perçoivent dans le retour à la légitimité constitutionnelle, un coup d’Etat". "Parler de putsch au sujet d’un gouvernement issu d’une large légitimité électorale est une mascarade", a-t-il dénoncé.   

"La Tunisie a dépassé à travers le vote de confiance de l’Assemblée la crise politique qui aurait pu la mener vers l’inconnu", a-t-il affirmé, pointant "ceux qui  cherchent à exacerber la tension, et qui ont parié sur la violence et le chaos", à l’occasion de la grève de la fonction publique, observée avant-hier jeudi à l’appel de l’UGTT.

Il a souligné l’attachement de son gouvernement à "un climat social sain, et à la paix civile à travers des accords  préservant les équilibres budgétaires et les finances publiques", avec l’objectif in fine d’instaurer "une démocratie sociale, fondée sur la solidarité entre les classes".

Donner du pouvoir d'achat
Le locataire de la Kasbah a mis l’accent sur la dimension sociale des priorités de son gouvernement lors de la prochaine période, dont la lutte contre la hausse des prix, la relance du développement régional, le soutien aux familles démunies, et la relance de l’emploi.

Il a reconnu que les problèmes majeurs de l’étape tiennent à la la dégradation du pouvoir d’achat et des services publics, à l’instar de l’habitat, de la santé, du transport, et le chômage chronique, lesquels sont le fait "d’une accumulation de plusieurs années", signalant que des mesures sont prévues dans le budget de 2019 pour y remédier.

L’action sera focalisée lors de la prochaine période sur l’amélioration du pouvoir d’achat, la maîtrise des prix, et la lutte contre l’inflation à travers notamment l’activation de la commission nationale de maitrise des prix sous la houlette de la présidence gouvernement, a-t-il assuré. Il s’agira aussi de renforcer les équipes de contrôle économique, d’actualiser la carte agricole de manière à l’adapter aux besoins du marché, de consolider les stocks régulateurs pour certains produits de consommation et de faire montre de dissuasion et  de fermeté envers les contrevenants et les contrebandiers, a-t-il énuméré en substance.

L’inflation est en majeure partie importée et est liée à la hausse du déficit de la balance commerciale, "limiter le déficit aura nécessairement un  impact sur le taux de change du dinar", a-t-il dit.

Une campagne d’envergure pour promouvoir le made in Tunisia
Chahed s’est engagé à frapper fort sur les mains des spéculateurs, à limiter l’importation anarchique, et à encourager le made in Tunisia, à travers le lancement d’une campagne d’envergure la prochaine période pour inciter à consommer Tunisien.

Il a évoqué des efforts exceptionnels dans le budget de 2019 pour améliorer les services publics notamment dans les domaines éducatif et de santé, annonçant l’ouverture à partir du premier trimestre 2019 de 22 unités de santé qui sont prêtes dans les différentes régions, mais qui sont restées fermées faute de ressources humaines, un problème qui sera surmonté à travers l’allocation des ressources nécessaires.

Le chef du gouvernement a évoqué des mesures pour la relance du développement régional au nom du principe de la discrimination positive, citant notamment le doublement des fonds alloués au programme régional de développement (PRD), pour améliorer le niveau de vie et la réalité socioéconomique dans les régions, et y réduire le chômage.

Il a encore souligné que 100 millions de dinars ont été alloués pour la mise en place de la banque des régions, en vue de relancer l’investissement et d’y impulser l’initiative, à travers l’institution de formules de financement adaptées, et la consolidation de l’autofinancement, auquel 50 millions de dinars seront affectés.  Le budget de 2019 alloue 1000 millions de dinars supplémentaires aux objectifs sociaux par rapport au précédent budget, a-t-il dit.

Le déficit et la croissance, deux principaux défis de 2019
Le locataire de la Kasbah a encore indiqué que le budget de 2019 est confronté à deux  principaux défis "sans la résolution desquels, on ne peut parler de sauvetage de l’économie".

Le premier est la baisse du déficit. "Si le taux avait continué dans une proportion de 6 à 7 %, notre économie aurait pu frôler l’effondrement", a-t-il alerté, signalant que la priorité était de réduire le déficit pour éviter à la Tunisie des scénarios survenus dans d’autres pays. "Nous avons réussi à baisser le déficit à 4,9 % en 2018, le même taux prévu dans la loi de finances de 2018, sans qu’il y ait dépassement, une première, en dépit du changement de plusieurs indicateurs dont l’ascension des cours du baril du pétrole".
 
"Cette baisse a été possible à la faveur de l’amélioration des ressources fiscales et du recouvrement fiscal", a-t-il fait savoir, indiquant que l’objectif est de baisser le déficit à des taux raisonnables à 3,9 % en 2019 et à 3 % en 2020, "ce sera un signe d’une sortie de crise pour les finances publiques".

Le deuxième défi est la relance de la croissance, a-t-il indiqué, via des mesures d’impulsion de l’investissement, et la compression de la pression fiscale. "Le PLF 2019 ne comporte de nouveaux impôts ni pour les particuliers, ni pour les entreprises, à l’inverse des LF précédentes de 2017 et de 2018", a-t-il réitéré. 

Le gouvernement envisage, selon ses dires, d’encourager la création d’entreprises et la relance de l’emploi, à travers nombre de mesures, dont l’exonération de l’impôt sur les sociétés pour quatre ans depuis l’entrée en activité de l’entité en question, et la révision du taux d’impôt sur les sociétés notamment pour les secteurs à haute valeur ajoutée et à forte employabilité, avec 13,5 % d’ISS sur les  bénéfices réalisés à compter de janvier 2021.

Il a fait état de la poursuite de la guerre contre la corruption, ainsi que de la lutte contre l’évasion fiscale et le commerce parallèle, à travers la mise en œuvre de 11 nouvelles mesures.

"La Tunisie dispose de tous les attributs de réussite pour peu que la volonté commune existe, que l’on parvienne à transcender les intérêts étriqués, et que la valeur travail soit réhabilitée. Le travail demeure la seule voie du progrès, une Tunisie meilleure est possible à travers l’unité", a-t-il conclu.
H.J.