Tunisie/ Alliances électorales : Ennemis d’hier, amis d’aujourd’hui !

Publié le Vendredi 06 Juin 2014 à 17:23
Mohamed Abbou abandonne Marzouki et se rallie à Ben Jaâfar. Le paysage politique est en train d’être redessiné en prévision des futures élections, censées avoir lieu avant la fin de l’année 2014, conformément aux dispositions transitoires de la constitution du 26 janvier 2014. Un parfum de précampagne commence d’ores et déjà à se faire sentir, mais avant d’entrer dans le vif du sujet, et avant qu’ils n’entament véritablement leur opération séduction pour rallier le plus de Tunisiens à leur cause, et mobiliser le maximum de voix potentielles, les partis planchent sur les futures alliances, histoire d’affronter les échéances électorales en position de force. Et là, les amis d’hier risquent de devenir les ennemis d’aujourd’hui, et inversement, dans un univers régi par les jeux d’intérêt, où il y a peu ou pas de place pour le sentiment, et encore moins pour la rationalité.

En l’état actuel des choses, on n’a pas de vision claire, de ce que seront les prochaines alliances politiques, devant forcément déboucher  sur des  fronts électoraux. Cela ne saurait tarder, et les choses sont amenés à se préciser, aussitôt l’instance électorale annonce une date définitive du scrutin.

Le sujet semble néanmoins préoccuper au premier chef les formations politiques. Certaines ont déjà entamé des concertations, et en sont à un stade assez avancé, à l’instar de la future coalition sociale et démocratique, qui verrait le jour, autour d’Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar et du courant démocratique de Mohamed Abbou. Deux noms qui étaient en compétition lors des élections du 23 octobre, auxquelles Abbou a participé sous la bannière du CPR. Leur deux partis ont néanmoins affiché une convergence de points de vue, sur l’introduction  de l’article dit d’exclusion (des symboles de l’ancien régime) dans le code électoral, chose qui aurait contribué à les inciter à sceller leur entente.

Le rapprochement Ben Jaâfar/ Abbou, marque une rupture totale entre ce dernier et le CPR, et son président d’honneur Moncef Marzouki. Il signifie que le chef du courant démocratique soutiendra le président de l’assemblée nationale constituante, fortement pressenti pour être le candidat d’Ettakatol, et donc de la coalition en devenir, à la prochaine présidentielle.

Autre parti qui a annoncé, à maintes reprises, son intention de conclure des alliances en prévision des futures élections : al-Joumhouri. Même si rien n’a été encore officialisé, le parti du tandem Nejib Chebbi/ Maya Jribi qui s’est délié de ses anciennes alliances soit dans le cadre de l’Union pour la Tunisie, ou plus récemment du bloc démocratique de l’Assemblée nationale constituante, ne compte pas faire cavalier seul, lors du scrutin. L’annonce faite le 18 mai dernier à Paris par Nejib Chebbi, lors du meeting Modem-UDI des européennes, de réunir la famille centriste, est révélatrice. Cette famille est a priori constituée des partis comme Afek Tounes de Yassine Ibrahim, l’alliance démocratique de Mohamed Hamdi, etc., où le parti républicain chercherait ses futures alliances, d’autant plus qu’il a une histoire avec ses deux partis, le premier dans le cadre de l’ancienne coalition d’al-Joumhouri, et le second dans le cadre du PDP.

Bien entendu, cette éventuelle alliance sous-tend des listes communes aux législatives, et la présentation d’une seule candidature à la présidentielle, le plus probable celle de Néjib Chebbi.  A moins que celui-ci soit le candidat d’Ennahdha à la magistrature suprême, une hypothèse plausible, même si les dernières déclarations du mouvement islamiste plaident pour une candidature interne, celle de Hamadi Jebali (ce dernier "aurait plus de chances de représenter le mouvement à la présidentielle", dixit Sahbi Atig).

S’agissant des législatives, le mouvement qui reste bien implanté dans toutes le régions de Tunisie, présentera, selon toute vraisemblance, ses propres listes, a fortiori qu’il mise grandement sur ce scrutin pour avoir un bon score, l’habilitant à avoir une position de force au sein de ce qu’il considère comme étant l’épicentre du pouvoir, soit la future assemblée des représentants du peuple.

Nida Tounes, présenté par les sondages comme étant le principal concurrent d’Ennahdha, est déjà inscrit dans une coalition, du nom de l’Union pour la Tunisie, et se dit ouvert à de nouvelles alliances. Cette coalition a déjà annoncé son intention d’affronter les urnes dans un front électoral, impliquant des listes unifiées aux législatives, dont les formules restent à définir. Béji caïd Essebsi, candidat unique de Nida Tounes dans la course à Carthage, le sera indubitablement pour l’Union pour la Tunisie.

Le front populaire a annoncé, lui hier, par la voix de son porte-parole Hamma Hammami, son intention de se présenter à la présidentielle et aux législatives par ses propres listes, disant son intention de lancer une campagne d’adhésion pour élargir sa base populaire.

Les dès sont donc en train d’être jetés pour l’avènement de grandes entités politiques électorales. La concurrence s’annonce rude tant à la présidentielle qu’aux législatives, et les petits partis, s’il en reste le moment venu, seront laissés au bord de la route.

H.J.


 

Commentaires 

 
+2 #2 RE: Tunisie/ Alliances électorales : Ennemis d’hier, amis d’aujourd’hui !
Ecrit par Royaliste     07-06-2014 18:36
a mon avis le taux de participation sera le vrai barometre de ces élections
 
 
+3 #1 RE: Tunisie/ Alliances électorales : Ennemis d’hier, amis d’aujourd’hui !
Ecrit par Montygolikely     07-06-2014 12:09
Ennemis hier, amis aujourd'hui, mais toujours opportunistes, clientélistes et surtout creux comme on ne peut pas se le permettre...
 
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