Tunisie/ ALECA : La Libéralisation de l’économie, ou le pari risqué !

Publié le Vendredi 27 Mai 2016 à 15:30
Vue de la séance d'ouverture du forum de Tunis, ce vendredi 27 Mai.L’Institut Arabe des Chefs d’Entreprises consacre la quatrième édition de Tunis forum, tenu les 27 et 28 Mai à Tunis à l’ALECA (Accord de libre échange complet et approfondi) : "Gouvernance des négociations et résultats de la libéralisation". Les questions présidant à cette rencontre sont comment mener ces négociations ? Comment se libéraliser ?  Comment tenir compte des besoins des parties prenantes ? Qui consulter lors du processus de négociation sur les priorités de chaque secteur afin de tirer profit de cet accord ?

Présentant le forum, le vice-président de l’IACE, Walid Bel Hadj Amor, a souligné que les négociations sur ALECA devraient constituer d’énormes espoirs mais pour le moment, seules les craintes s’expriment et certaines ne sont pas sans fondements.

Gare à une libéralisation mal-maîtrisée
Avec l’ALECA, il ne s’agira pas uniquement d’économie et de suppression de barrières au commerce, mais aussi de question d’Etat de droit, du cadre normatif et réglementaire et finalement de démocratie, a-t-il indiqué, selon une vidéo mise en ligne sur le site de l’IACE. 

"A long terme ce sera un cadre législatif de commerce qui aura un cadre supranational une sorte de constitution économique qui consacrerait les choix fondamentaux", a-t-il ajouté.

Walid Bel Hadj Amor a prôné une bonne gouvernance des négociations. "La réussite de l’accord dépendra en grande partie du processus que la Tunisie va mettre en place dans la gestion des différents rounds des négociations".

Il a appelé le secteur privé et lé société civile à se mobiliser autour  de l’équipe de négociations et du gouvernement, dans la mesure où il ne s’agit pas d’une affaire technique, mais c’est aussi une affaire politique, et sociale. "Les expériences réussies montrent que la participation de l’expertise indépendante et du secteur privé est un gage de réussite".

Avec les négociations autour de l’ALECA, la Tunisie entame une  nouvelle expérience dans un cadre politique nouveau, et un cadre démocratique nouveau, d’où la nécessité de  concilier transparence et confidentialité en matière de négociation, a-t-il suggéré. 

L’intervenant considère le timing (de ces négociations) cruel pour notre économie qui traverse une crise majeure dans le sillage des crises à l’échelle mondiale et de celle sécuritaire à l’échelle régionale, mettant en garde contre "une libéralisation mal maîtrisée, que le secteur productif aura du mal à supporter". 

Les simulations pour l’agriculture et les services
Une étude élaborée par l’IACE sur les conditions minimales de la libéralisation pour les secteurs agricole et des services a révélé 90 filières classées en trois listes, une première mentionne les filières qui peuvent être libéralisées de suite (Liste A), une deuxième contient celles dont le processus de négociation peut être engagé (Liste B) et une troisième énumère les filières dont le processus de négociation devrait être reporté car elles ne sont pas prêtes pour l’ouverture (Liste C).

Pour que le secteur agricole tunisien supporte la libéralisation induite par l’ALECA, il faudrait que les exportations augmentent de 8% par an, et ce à travers l’augmentation du total de la superficie des terres arables de 19% à 25% (soit, l’équivalent de 0,26hec/hab à 0,28hec/hab), que la productivité augmente de 5% annuellement, que le taux de valeur ajoutée atteigne 13% contre 10,8% ; mais que les mesures non tarifaires diminuent de 12% contre 14,22%, selon les résultats  des simulations effectuées par l’IACE et publiés sur son site.

Pour ce qui est du secteur des services, l’exportation devra augmenter de 15%, à travers un accroissement annuel de la productivité de 7%, un investissement additionnel dans les services de 2000 MD, et une valeur ajoutée devant atteindre 8% contre 4% actuellement

Notre agriculture encore loin des standards européens
Dans son allocution à l’ouverture du forum, le chef du gouvernement, Habib Essid, a rappelé que le coup d’envoi des négociations autour de l’ALECA a été donné en octobre dernier, présentant l’ALECA, comme étant un accord complet sur les relations économiques et commerciales entre les deux parties et comprendra le commerce des services, et l’agriculture. Son objectif est "d’intégrer l’économie tunisienne dans le marché européen en vue d’augmenter et de diversifier nos exportations, d’améliorer le climat des investissements et faciliter les réformes économiques vers un système ouvert aux investissements", a-t-il souligné.  

Le locataire de la Kasbah a fait part de la prise de conscience quant à l’importance de l’opération des négociations qui nous appelle à faire "les choix opportuns et adopter une vision à moyen et long terme". Il a indiqué le plan de développement quinquennal 2016 2020, élaboré selon une approche participative,  traduit notre vision de l’avenir de l’économie du pays.  "Nous voulons  passer d’une économie à faible coût à une économie centrale sur le double régional et international". Cette vision repose sur trois principes : l’efficacité économique dont l’attribut est le renouveau et le partenariat, l’intégration comme base à la justice sociale, et la pérennité des sources de développement ainsi que la promotion de l’économie verte, a-t-il détaillé.

Essid a reconnu que nos secteurs agricoles et des services ne sont pas encore préparés à cette libéralisation annoncée. "Nous avons entamé ces négociations tout en étant conscients de la taille des difficultés économiques conjoncturelles et structurelles que vit le pays. Notre agriculture est encore loin des standards européens de qualité et de productivité et a besoin de développement de techniques agricoles modernes". Quant au secteur des services, "malgré ses dispositions relatives à la compétitivité, il pourrait se heurter à des difficultés réelles du fait de la levée des barrières", a-t-il prévenu.

Le chef du gouvernement a évoqué l’important rôle des experts et de la société civile en soutien au gouvernement lors des négociations au cours des prochaines années, promettant une "approche participative et transparente" en la matière.

La Tunisie cherche un partenariat effectif pour réaliser le rapprochement économique et géographique, a-t-il affirmé, ajoutant que l’objectif étant "de protéger notre expérience démocratique et de réaliser la transition économique". 

Le début négociations autour de l’ALECA intervient  40 ans après le démarrage de la coopération tuniso-européenne. Le premier accord entre les deux parties ayant été signé en 1976.

Gnet

 

Commentaires 

 
+2 #1 Comique
Ecrit par Royaliste     28-05-2016 11:54
incapable de ramasser les poubelles et de garantir un minimum de propreté dans nos villes, vous pensez etre capable de négocier un bon deal avec l'UE ?
 
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