Tunisie/ Afek, UPL et les délégués : Un tremplin pour que petit soit grand !

Publié le Vendredi 23 Octobre 2015 à 18:10
Réunion d'Habib Essid avec les partis de la coalition. L’on se demande pourquoi la nomination des délégués a fait tant de mécontents au sein des partis de la coalition gouvernementale. Ceux qui ont fait part de leur mécontentement, ce sont Afek Tounes et l’Union patriotique libre (UPL). Les deux ont été contrariés de ne pas voir leurs candidats choisis parmi les nouveaux responsables locaux, ont réclamé clairement leur quota,  et sont allés jusqu’à agiter le chiffon d’un probable retrait de la coalition, même si les choses ont été rapidement circonscrites.

Tout en ayant des parcours totalement différents, Afek et l’UPL sont des formations politiques nouvelles de l’ère postrévolutionnaire, dont la montée en puissance a commencé après l’épreuve des législatives. Une partie non négligeable de Tunisiens leur ont donné leurs voix. L’un, comme l’autre parti, s'est senti pousser des ailes, et a ouvert une nouvelle page de son histoire, qui est en train de s’écrire au parlement et au sein de l’exécutif.

Lors des tractations pour la formation du gouvernement, rien n’était simple pour ces partis encore poids plume dans l’imaginaire collectif. Ils étaient obligés de taper du poing sur la table, pour obtenir ce qu’ils voulaient en termes de portefeuilles ministériels, et ont fini par se retrouver, au nom du consensus, avec les deux poids lourds : Nidaa Tounes et Ennahdha dans le quartette gouvernemental.

Dès le départ, ces deux formations d’appoint, semblaient défendre beaucoup plus la casquette partisane, que la casquette nationale. Cela a été constaté à plusieurs reprises, dont la dernière est celle des nouveaux délégués qui n’ont pas trouvé grâce à leurs yeux. Afek en a critiqué les profils, inadaptés aux fonctions locales. Ce parti qui tire son prestige des CV de ses cadres et militants, a suggéré au locataire de la Kasbah de s’intéresser de plus près à cet aspect, histoire de mettre l’homme qu’il faut, à la place qu’il faut, tout en plaidant la cause de ses candidats qui n’ont pas été sélectionnés.

Idem pour l’UPL dont le bloc parlementaire a dit geler son soutien à la coalition gouvernementale, en signe de contestation de ces nominations. Le parti a crié à la marginalisation et s’est montré menaçant, tout en maintenant l’ambigüité sur sa position du gouvernement, laquelle s’est vite dissipée avec la rencontre ce vendredi entre Béji Caïd Essebsi et Slim Riahi, qui a exprimé son attachement à la coalition gouvernementale. Tout porte à croire que cet accès de colère quelque peu feint va totalement s'estomper demain par la visite de Habib Essid, au siège de l’UPL, aux Berges du Lac.

L’obstination des deux formations d’avoir leur part du gâteau en matière de nomination de délégués s’explique fondamentalement par des raisons électoralistes. Ces deux partis se sentent dotés d’un important potentiel, et cherchent à renforcer leur implantation à travers le pays, qu’y a-t-il mieux que des responsables locaux portant leur estampille pour les aider à atteindre leurs objectifs, en terme d’image et de popularité. A fortiori que le délégué sera impliqué dans les délégations spéciales qui veillent aux destinées de plusieurs communes, en attendant les élections municipales.

La montée au créneau d’Afek et de l’UPL s’inscrit-elle aussi dans ces rivalités inter-partisanes sans répit, qui donnent l’impression que les partis sont en campagne électorale permanente, et empêchent toute ébauche de stabilité politique. Sans compter le fait que ces deux partis sont en train d’occuper un espace laissé vide. Entre Nidaâ qui est empêtré dans ses problèmes internes, et Ennahdha qui a l'air de vouloir rester au dessus de la mêlée et méditer ce qui est en train de se passer, dans un esprit de reculer pour mieux sauter, les petits se démènent pour traiter d’égal à égal avec les grands.

H.J.