Tunisie/ A.D : Plans Marshall pour les régions et abandon de la dette

Publié le Mercredi 17 Septembre 2014 à 16:17
Mohamed Hamdi"Aucun parti n’est en mesure de conduire la Tunisie seul, même pas avec une majorité de 50+1. Le pays doit être conduit par une large coalition et un programme commun", a soutenu Mohamed Hamdi, se ralliant ainsi à d’autres personnalités politiques qui prêchent le consensus au lendemain des élections.

Le chef de l’Alliance démocratique appelle les partis à faire preuve de modestie, et à présenter des propositions-phares et des orientations générales en guise de l’élaboration d’un programme commun qui sera discuté avec les organisations nationales agissantes, déplorant que les partis aient oublié leurs programmes à l’issue du scrutin du 23 octobre  et se soient livrés à une bataille idéologique et culturelle.

Mohamed Hamdi a  dévoilé, mardi 16 septembre, les principaux contours du programme de son parti, encore en phase d’élaboration. La priorité des priorités est la sécurité, car en l’absence de sécurité il ne peut y avoir ni économie, ni démocratie, a-t-il dit lors d’une rencontre organisée hier après-midi au centre d’études Islam et Démocratie.

Il a ajouté que son parti est adepte du dispositif de sécurité intégrale, voire d’une politique sécuritaire qui revêt différentes dimensions politique, économique, sociale, culturelle et éducative. Il prône la réforme du dispositif sécuritaire sur le double plan organisationnel et législatif, et la  révision de la mission et de la doctrine de l’institution sécuritaire pour en faire une institution républicaine veillant sur la protection du citoyen, la lutte contre le crime et le terrorisme. Il appelle à la création d’une agence nationale des renseignements.

Idem pour l’institution militaire qui doit être réformée pour en faire une institution professionnelle dotée des équipements logistiques nécessaires lui permettant de faire face au terrorisme, un combat qui englobe la lutte contre la contrebande et le marché non-structuré, a-t-il souligné.  

"Il est nécessaire de changer la doctrine de l’institution sécuritaire et militaire afin qu’elles soient au service de la souveraineté du pays, des principes de la constitution et de la sécurité du citoyen", a-t-il martelé.

Hamdi admet le besoin de la société pour le religieux et le spirituel, mais la nature a horreur du vide  et en l’absence de confiance dans le dispositif religieux en place, il y a d’autres discours extrémistes, dont celui wahhabite, qui s’infiltrent, a-t-il mis en garde, appelant à revoir le discours religieux. Il a appelé à parer à l’indigence et à la vulnérabilité du système éducatif, qui souffre "d’un déficit au niveau de l’esprit critique et de la culture de citoyenneté".  

"Les autorités locales, un catalyseur pour le développement"
Au volet économique, la question est de savoir comment le pays peut-il créer la richesse et la distribuer d’une manière équitable, a-t-il fait valoir, estimant qu"il ne pourrait y avoir de développement durable sans un minimum de justice sociale".

Le parti prône l’activation des autorités locales, en tant que catalyseur de développement, non seulement à travers les dispositions de la constitution, mais aussi via des textes législatifs et réglementaires afin qu’elles soient applicables. Il suggère également la répartition du pays en pôles économiques, ainsi que la discrimination positive envers les régions les plus défavorisées, a-t-il fait savoir.

Après la deuxième guerre mondiale, l’économie américaine était saturée. Pour se régénérer, elle a compté sur les régions marginalisées, en l’occurrence, les pays européens, d’où le plan Marshall, ce programme de reconstruction de l’Europe. Partant de cet exemple, le SG de l’Alliance démocratique a proposé, et ce n’est qu’une métaphore (sic), "des petits plans Marshall pour les régions démunies, afin qu’elles soient une locomotive pour le développement". L’Etat  a un rôle à jouer pour doter ces régions d’une attractivité économique, afin qu’elles puissent drainer les investissements, et le  secteur privé va suivre, a-t-il préconisé.  

Mais que reproche-t-il au modèle de développement actuel ? A cette question d’un expert économique dans la salle, Hamdi rétorque que le modèle de développement n’est plus capable de réaliser un taux de croissance à même de résorber le chômage. "Nous avons encore une économie de sous-traitance qui n’est pas dirigée vers les secteurs à haute valeur ajoutée", a-t-il dit, prônant une redirection des investissements vers les secteurs innovants.

L’alliance démocratique prévoit des mécanismes de financement sans recourir à l’endettement,  soit par l’entremise de modes de financement participatif soit à travers le procédé de partenariat public/privé (PPP), a-t-il dit. Le parti suggère l’intégration dans l’économie mondiale à travers la conquête de nouveaux marchés, et la promotion des exportations. Il appelle à des réformes structurelles du secteur bancaire, ainsi que de la fiscalité selon les principes d’efficacité et de justice, et moyennant une transition progressive du régime forfaitaire au régime réel.  

L’alliance démocratique est un parti social-démocrate, qui est jeune, et n’a que deux ans et quelques mois d’âge, rappelle son Secrétaire Général. "On n’est pas un parti idéologique mais un parti pragmatique, mû par la quête de solutions réalistes", a-t-il affirmé.  
H.J.