Tunisie/ 20 Mars : Nulle souveraineté, sans une indépendance économique !

Publié le Lundi 19 Mars 2018 à 17:00
Les Tunisiens sont tenus aujourd'hui de préserver leur indépendance, conquis il y a plus de six décennies. La Tunisie célèbre demain mardi 20 Mars 2018, le 62ème anniversaire de l’indépendance. Depuis, le 20 Mars 1956, que d’eau a coulé sous les ponts. Marquée par trois principaux épisodes, l’histoire postcoloniale est pleine de rebondissements, mais n’a pas encore permis à la Tunisie de s’arrimer à la locomotive des pays avancés, comme l’appelait  de ses vœux son premier président. 

Bourguiba, combattant suprême et bâtisseur de la Tunisie moderne, a  laissé des marques indélébiles, son œuvre reste une source d’inspiration inépuisable, tant pour ses partisans, que pour ses détracteurs. Personnage controversé, le succès de ses réformes sociétales concernant la modernisation du pays, l’émancipation de la femme, et la promotion de l’éducation de masse, n’a d’égal que ses échecs politico-économiques.

Le deuxième épisode est celui de Ben Ali, qui était pendant 23 ans à la tête d’un régime policier et oligarchique. 

La révolution du 17 décembre – 14 janvier 2011 a marqué la troisième grande étape de l’histoire contemporaine postérieure à la décolonisation, celle de la transition démocratique qui plus de 7ans après, demeure un processus inabouti, et un projet inachevé, dont personne n’est en mesure de prédire les évolutions futures. 

Largement saluée, commentée et critiquée, l’expérience tunisienne présente des forces et des faiblesses. La principale force, qui est néanmoins à relativiser, a trait aux avancées politiques, chose qui gratifie le pays de l’appellation démocratie naissante, dans une région génétiquement réfractaire au concept démocratique. Les faiblesses sont particulièrement liées aux difficultés socioéconomiques et aux menaces terroristes qui persistent.

Plus de six décennies après avoir accédé à l’indépendance, le pays demeure à la croisée des chemins, marqué qu’il est par des vulnérabilités multiples. Politiquement immature, avec une instabilité permanente ayant vu la succession de sept chefs du gouvernement en six ans, et ça n’a pas l’air d’être fini, d’aucuns pointent le régime politique dit mixte, mi-présidentiel, mi-parlementaire, de porter en lui les germes de l’inconstance. Des informations font état d’annonces qui seront faites demain par le président de la république, lors de son discours du 20 Mars, au sujet d’une refonte du régime politique, celle qui ouvrira la voie à une réforme constitutionnelle, et d’une inversion du calendrier électoral en avançant la présidentielle, par rapport aux législatives, lors des échéances électorales de 2019.

Outre ces chantiers censés intervenir à moyen et long terme, la réflexion est déjà amorcée pour un changement à court terme, avec cette commission qui a tenu ce lundi 19 Mars sa première réunion dans la foulée de la réunion du 13 Mars dernier des partis et organisations signataires du pacte de Carthage, pour déterminer les priorités et les réformes à conduire à la prochaine période en vue d’une sortie de crise.

Ce travail est censé déboucher sur un remaniement ministériel, jugé nécessaire par les uns, inutile et préjudiciable par les autres, pour le besoin qu’a le pays pour une stabilité politique. Un tel remaniement a plus de chances d’intervenir après les municipales, son ampleur reste, toutefois, à déterminer.

Quoiqu’il en soit, ce manque de visibilité nuit encore plus au pays, dont l’état des finances publiques reste critique et les équilibres macro-économiques vulnérables ; une situation qui lui a valu une énième dégradation de sa note souveraine, à l’heure où il s’apprête à mobiliser des fonds, sur le marché financier mondial, pour alimenter son budget.

Une situation politique peu claire, une économie dépendante de l’étranger, en témoigne une dette publique qui aurait déjà franchi le seuil des 70 %, et un climat social miné par les tensions, la Tunisie célèbre son indépendance en étant face à un défi majeur, celui de la préserver et de renforcer les attributs de sa souveraineté, pour ne pas basculer encore plus dans un néocolonialisme de mauvais aloi, et un assujettissement à l’occident, lourd de conséquences.

L’indépendance ne prend pleinement son sens qu’à travers une économie forte et autonome susceptible de se financer par ses ressources propres, ce qui, hélas, est loin d’être le cas aujourd’hui.

Gnet

 

Commentaires 

 
-2 #2 Merci
Ecrit par Léon     20-03-2018 20:02
Merci de ne pas avoir publié mon post Cela me prouve que çà vous fait mal de constater qu'en effet, j'ai vu il y a sept années ce que vous vous venez à peine d'entrevoir. À un point tel que lorsque j'avais écrit vos mêmes propos il y a sept années vous me les aviez censurés.
Il y a les visionnaires et ceux qui analysent après-coup. Je fais partie des premiers et vous faites partie des seconds.
Vous me le confirmez par la censure actuelle.
Merci.
 
 
-2 #1 Rappels (@Gnet)
Ecrit par Léon     20-03-2018 08:08
Il me plait de vous rappeler, chers Gnet(s), que j'ai été le premier à parler du danger souverain lors du putsch du 14 maudit conjugué à une attaque extérieure en bonne et due forme, que vous qualifiiez jadis de "Thawra Moubaraka".
Je me souviens même que mes propos étaient censurés dès que je citai le verset 112 de la sourate des abeilles pour expliquer aux tunisiens ce qui allait EXACTEMENT arriver à leur pays (qui est surtout le MIEN).
Heureux de vous entendre parler aujourd'hui de souveraineté,... sept années après Moi. Il fut un temps où c'était les visionnaires qui avaient le pouvoir. Aujourd'hui, ce n'est malheureusement plus le cas.
Quand le pays pullule de diplômés sans recul et certainement non visionnaires, il est très difficile de dénicher l'oiseau rare.
Cordialement.
Léon,
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.
 
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