Tunisie/ 10èmes assises d’Ennahdha : Changements et continuité !

Publié le Lundi 23 Mai 2016 à 15:30
Les dixièmes assises d’Ennahdha se sont achevées dans la nuit de dimanche à lundi, avec une intention de changement confirmée et officialisée, et une continuité assumée, ayant été tranchée dans les urnes, à travers la reconduction à une large majorité de Rached Ghannouchi à la tête du mouvement. Le deuxième congrès public de ceux qui se réclament désormais de la démocratie-islamique, a fait l’événement le week-end dernier, dépassant le cadre partisan pour avoir une portée nationale. La présence du président de la république à son ouverture fastueuse à Radès, lui a conféré encore plus cette dimension.

La réforme annoncée d’Ennahdha aura été proclamée avec la bénédiction de Béji Caïd Essebsi. Dans un discours, plutôt connoté que protocolaire, le locataire de Carthage a joint les satisfécits aux injonctions. Le chef de l’Etat a salué vendredi soir l’évolution du mouvement islamiste et n’a pas tari d’éloges sur son rôle et celui de son numéro un, Rached Ghannouchi, pour appuyer le consensus et l’unité nationale. Il a pressé Ennahdha à être un parti politique, national, et civil rompant avec la monopolisation de la religion, un parti qui n’a d’allégeance que pour la Tunisie et qui montre que l’Islam n’est pas aux antipodes de la démocratie.

Le projet politique d’Ennahdha après les révisions annoncées dans le cadre du congrès, doit être en harmonie avec le contexte national, en phase avec les attentes du peuple tunisien, et en mesure de présenter des lectures et des réponses aux grands défis posés, indépendamment du positionnement politique du mouvement, a lancé BCE.  

La parole présidentielle était en harmonie avec la parole nahdhaouie. Tout d’abord, Abdelfattah Mourou qui a fait un plaidoyer pour l’unité, la réconciliation nationale et le consensus, réitérant l’engagement de son mouvement à se rénover pour être en phase avec son époque.

Ensuite Rached Ghannouchi qui a abondé dans le même sens, en affirmant que l’Etat moderne ne se gère pas par les idéologies mais par les programmes économiques. Ennahdha passe de la défense de l’identité aux questions de l’économie, a-t-il affirmé, exhortant les Nahdhaouis à se détourner des tiraillements de l’élite et à mettre leurs pendules à l’heure des préoccupations des citoyens.

Ces engagements ont été traduits par la suite à Hammamet, lors de la discussion, par moments houleuse, et l’adoption des motions dont celle la plus attendue de la séparation entre le volet sociétal, associatif, prosélyte et le volet politique. Pour qualifier ce tournant, le mouvement a choisi le terme de spécialisation (التخصص), c'est-à-dire se spécialiser uniquement dans les questions d’économie, de développement, et de gestion politique des affaires, et renoncer aux autres activités, en faveur des milieux associatifs et de prédication. Ennahdha se présente aujourd’hui comme un parti politique, national, civil, dont le référentiel est islamique, qui œuvre dans le cadre de la constitution et s’inspire des valeurs de l’Islam et de la modernité, a déclaré dimanche Rached Ghannouchi.

Avec son dixième congrès, et à travers ce passage annoncé de l’idéologique au programmatique, le mouvement aura transmis plusieurs messages.

Le premier est interne pour convaincre les siens de l’opportunité et de l’impératif de cette réforme, et les inciter à l’accompagner et à la rendre facile, en faisant passer les priorités nationales avant les considérations partisanes, et les thématiques du développement avant les questions identitaires et les tiraillements.

Le deuxième message est transmis à la scène politique nationale où le mouvement compte des amis et des ennemis, des alliés et des détracteurs. Aux uns, comme aux autres, Ennahdha affiche la politique du consensus et de main tendue et défend une approche participative au pouvoir pour sortir le pays de l’ornière.

Le troisième message, al-haraka l’adresse à l’extérieur, histoire de montrer son engagement pour l’ouverture et son attachement à la politique de consensus et de concorde nationale, ayant été à l’origine de la réussite de la transition politique en Tunisie ; une démocratisation pacifique qui tranche avec le bellicisme régional rampant.

Autant de messages qui ne trouveront tout leur sens dans les oreilles de leurs destinataires que lorsque le mouvement aura joint la parole aux actes, et traduit les réformes annoncées dans les faits.
H.J.

 

Commentaires 

 
#1 maquillage pour les naifs
Ecrit par Royaliste     23-05-2016 20:20
ghannouchi : 'la police n'est pas garantie, l'armée n'est pas garantie...le peuple a besoin d’un discours qui rassure'

mourou : ce sont nos adversaires, mais nous ne devons pas afficher notre inimitié, parce que nous visons leurs fils, leurs femmes, et leurs petits-enfants. Leurs fils et leurs filles sont chez nous aujourd’hui. Notre but est de séparer la pensée des enfants de celles des parents
 
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