Tunisie/ 10ème congrès d’Ennahdha : Un renouveau qui reste à prouver !

Publié le Vendredi 20 Mai 2016 à 17:47
Le 10ème congrès d'Ennahdha s'ouvre ce vendredi à Radès. Ennahdha est un mouvement ancien, il est né le 06 juin 1981 sous la nomination d’al-Itijah al-islami, tendance islamique. Sur ses 35 ans d’existence, le mouvement a passé trois décennies dans la clandestinité et n’est sorti à la lumière du jour, qu’après la révolution. Et là, tout s’accélérait pour les islamistes : de l’illégalité, des prisons, et de l’exil, ils passent à la légalité puis au pouvoir. Une expérience difficile, tant pour eux que pour la Tunisie, dans un contexte régional totalement en leur défaveur, avec notamment la chute des frères musulmans en Egypte.

L’histoire récente, riche en soubresauts et en bouleversements régionaux et internationaux, a fait passer les nahdhaouis par différents états d’âme, positions, évolutions et révisions jusqu’à arriver à la conclusion de la nécessité d’un aggiornamento, et de l’impératif d’un renouveau pour s’adapter aux exigences de l’heure et s’inscrire dans la réalité intérieure et extérieure d’aujourd’hui.

Le premier congrès public d’al-haraka en Tunisie, celui de juillet 2012, était qualifié d’"historique", dans la mesure où pareil événement était inimaginable les années antérieures.

Les nahdhaouis l’ont vécu dans l’effusion, le considérant comme une consécration d’une somme de sacrifices et de militantisme. Le 9ème congrès du Kram était dominé par un discours révolutionnaire, de rupture avec le passé et de mise en garde conte la contrerévolution, sur fond d’un appel à un consensus exclusif.

L’image a totalement changé en ces dixièmes assises qui s’ouvrent ce vendredi 20 Mai à Radès, et se poursuivent samedi et dimanche, 21 et  22 Mai à Hammamet, à l’heure même où le mouvement s’affiche en défenseur acharné de la réconciliation globale. 

Ennahdha fait peau neuve
Cinq ans après sa légalisation, le mouvement rompt en profondeur avec son héritage idéologique pour faire peau neuve au niveau de l’image, du message et du contenu. Il décide de se scinder en deux, à travers la séparation entre le volet prosélyte et le volet politique, histoire d'affirmer son caractère civil, toujours mis en doute par ses contempteurs et ses adversaires politiques. Il fait siennes les valeurs de démocratie, de modernité et de justice et dit son engagement de les consacrer dans les faits.

Ennahdha annonce qu’il se défait de l’Islam politique, cette appellation fourre-tout chargé d’amalgames, en lui substituant la formule d’"islamistes démocrates", à l’image des chrétiens démocrates d'Europe. Il affirme son passage d’un parti qui était en opposition et en lutte contre  l’Etat à l’époque du despotisme, à un parti qui participe à l’Etat et à la gestion des affaires, sur les pas de l’AKP d’Erdogan, ou du PJD de Benkiran.

Des changements radicaux qui sont, certes significatifs et profonds pour le microcosme nahdhaoui, autour desquels il affiche une large unanimité, une manière de  préserver les principes de discipline, de solidarité et d’unité qui font sa force. La question est de savoir si les nouveaux islamistes démocrates allaient parvenir à en convaincre leurs interlocuteurs internes et externes, et faire passer cette image d’un parti régénéré,  revu et corrigé, et réduire autant que faire se peut les critiques et le sentiment de défiance qui les visent.

Le congrès de Mai 2016, présenté par le parti de la majorité parlementaire, comme un aboutissement de révisions, d’autocritique et d’évaluation de l’action du mouvement pendant ces années post-révolution, soit à l’époque de la troïka ou celle de l’actuelle coalition quadripartie, n’est qu’une amorce dans la mesure où le mouvement est tenu de donner de la substance au changement proclamé.

Les Nahdhaouis seront amenés à prouver qu’ils ont changé, tant auprès de leurs alliés que de leurs détracteurs, ceux qui se considèrent comme étant leur ennemi stratégique. D’autant plus que certains demeurent interrogatifs sur ce renouveau : est-il sincère ou feint ? Politique ou stratégique ?  Provisoire ou durable ? Et que va-t-il induire concrètement, s’agissant du  positionnement politique d’al-haraka, de ses rapports avec les autres acteurs politiques, qu’ils soient les partis de la coalition ou de l’opposition, étant entendu qu’il participe et a déjà participé au pouvoir tout au long de ces cinq années tant au niveau du législatif ou de l’exécutif.
H.J.

 

Commentaires 

 
#2 le peuple a besoin d’un discours qui rassure
Ecrit par Royaliste     23-05-2016 12:18
nahdha a décidé de séparer le volet prosélyte du le volet politique :
1- je pensais qu'il était interdit d'utiliser la religion pour des fins politique

2- nahdha avoue donc avoir utilisé (manipulé) la religion pour garantir des gains politiques (le pouvoir) : suis-je le seul a trouver cela immoral et condanable devant la justice?

3- nahdha avoue avoir fait du prosélytisme, elle avoue donc que la Tunisie est un pays mécréant et qu'il fallait l'islamiser.
islamiser la Tunisie passait par le controle des mosqués, l'invitation des prédicateurs, livrer le pays aux salafistes et autres islamistes, protection des abuIyadh, assasinats politiques...suis-je le seul a trouver cela immoral et condanable devant la justice?

4- on parle de renouveau? rappelez vous des paroles de ghannouchi qui a dit que 'la police n'est pas garantie, l'armée n'est pas garantie...le peuple a besoin d’un discours qui rassure'

5- rappelez vous de mourou : ce sont nos adversaires, mais nous ne devons pas afficher notre inimitié, parce que nous visons leurs fils, leurs femmes, et leurs petits-enfants. Leurs fils et leurs filles sont chez nous aujourd’hui. Notre but est de séparer la pensée des enfants de celles des parents
 
 
+1 #1 Tunisie/ 10ème congrès d’Ennahdha : Un renouveau qui reste à prouver !
Ecrit par HABIB48     21-05-2016 10:41
La vipère, même si elle change sa peau, son venin reste mortel.
 
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