Tunisie : Youssef Chahed doit remanier son cabinet, pour éviter la crise

Publié le Lundi 22 Août 2016 à 13:27
Youssef ChahedAussitôt annoncé, aussitôt décrié. Le gouvernement de Youssef Chahed révélé samedi soir 20 août, après un marathon de négociations s’étant étalé sur plus de deux semaines, suscite des grincements de dents, même de la part de formations politiques qui en font partie.

La nouvelle équipe a été dévoilée samedi soir, et la torpeur propre aux week-ends du mois d’août n’a pas empêché des réactions en cascade, et un chapelet de critiques envers le nouveau gouvernement. Et ce tant dans le milieu politique, que populaire à travers les réseaux sociaux. Les reproches portent sur le choix de certaines personnalités, leur poids politique, leurs qualifications, l’adéquation entre leur profil et le portefeuille ministériel qui leur est attribué, etc.

Les trois partis reconduits du gouvernement démissionnaire : Nidaa, Ennahdha et Afek Tounes ont émis d’emblée des réserves à son sujet, et ont dit leur intention de les faire parvenir au successeur désigné d’Habib Essid. D’autres partis sont en train de réunir leurs instances dirigeantes pour rendre une position définitive à ce propos. 

Le nouveau gouvernement d’union se présente sous une coalition plus large que celle sortante. Trois partis de la coalition Essid y demeurent en l’occurrence : Nidaa, Ennahdha et Afek. L’UPL de Slim Riahi n’en fait pas partie. Des partis d’opposition peu ou pas représentés au parlement y font leur entrée : Iyed Dahmani et Mehdi Ben Gharbia (bloc social-démocrate de l’ARP),  Samir  Bettaïeb (al-Massar), Mabrouk Korchid, appartenant au courant nationaliste, et est parmi les fondateurs du mouvement du peuple avant qu’il ne démissionne.

L’équipe Chahed comprend également deux anciennes figures de l’UGTT dont Oubaid Briki, ministre de la Fonction Publique et de la Gouvernance, et  Mohamed Trabelsi, ministre des Affaires Sociales. Il compte, par ailleurs, de nombreuses compétences nationales indépendantes, plusieurs figures du gouvernement sortant dont trois ministres de souveraineté, et est rajeuni avec 14 jeunes, féminisé avec huit femmes, mais pléthorique avec quarante membres dont 26 ministres, et 14 secrétaires d’Etat, un poste qui fait sa réapparition après avoir été supprimé par Habib Essid lors de son dernier remaniement de janvier dernier.  

Mais vu les réactions mitigées largement exprimées, Youssef Chahed sera amené à procéder à un remaniement précoce de son cabinet, en remplaçant certaines personnalités qui alimentent la controverse.

Le chef du gouvernement désigné devait commencer dès ce lundi à recevoir des délégations partisanes, pour écouter leurs remarques, suggestions et réserves, et essayer autant que faire se peut d’en tenir compte. Il y va du passage de son gouvernement à l’ARP, le vendredi 26 août prochain, date annoncée ce lundi par Mohamed Ennaceur pour la plénière du vote de confiance.

Le futur locataire de la Kasbah dispose de quatre jours pour accomplir cette tâche, revoir éventuellement sa formation gouvernementale, et réduire le nombre d’insatisfaits, pour éviter une crise politique certaine, dont le pays se passerait volontiers.

A l’Assemblée, le gouvernement d’union nationale aura besoin d’une majorité absolue de 109 députés pour qu’il puisse obtenir le vote de confiance. Une fois investi, Youssef Chahed aura à mettre en cohérence son équipe dont les membres sont issus de sensibilités différentes, voire antinomiques ; ce sera un gage de son opérationnalité qui reste suspendue à nombre d’impondérables. 
H.J.

 

Commentaires 

 
#2 RE: Tunisie : Youssef Chahed doit remanier son cabinet, pour éviter la crise
Ecrit par Agatacriztiz     23-08-2016 11:08
Si un jour (...), il ne faudra pas s'étonner car le nombre de tunisiens "insatisfaits" risque de faire déborder la coupe pleine de mécontentement...
 
 
+1 #1 Un seul Ministère de l'économie, de l'industrie et du commerce, qui integre aussi une direction de la cooperation internationale
Ecrit par Nejib     22-08-2016 17:16
Trop de ministeres. De plus, un seul Ministère de l'économie, de l'industrie et du commerce, qui integre aussi une direction de la cooperation internationale aurait suffit. Ainsi, pas besoin d'un ministere du commerce et de l'industrie, et qui, en plus, est confié à un islamiste, alors que les islamistes sont connus pour leur propension au petit commerce, pas pour l'industrie ; et ils n'ont aucune vision en la matiere à mettre en oeuvre, alors que le pays a besoin d'une veritable politique de developpement industriel !!!
 
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