Tunisie : Youssef Chahed devant un dilemme politico-constitutionnel

Publié le Mardi 23 Août 2016 à 13:50
Youssef ChahedRien ne sert de courir, il faut partir à point. En se précipitant d’annoncer son gouvernement, bien avant l’expiration du délai constitutionnel, Youssef Chahed ne pensait pas qu’il allait rater ses premiers pas en tant que chef du gouvernement. Largement rejeté dans sa composition actuelle, son cabinet est appelé à être revu et corrigé. C’est ce qui a conduit à la reprise des concertations, pouvant déboucher sur deux scenarii.

La loi fondamentale ne permet pas manifestement à Youssef Chahed de remanier son gouvernement, avant son passage à l’ARP. Le rapporteur de la constitution, Habib Khedher, a expliqué au JT d’al-Wataniya, d’hier lundi 22 août, que le Chef du gouvernement désigné n’a pas le droit d’introduire des modifications sur son équipe, après qu’il l’a révélée au public. D’autant plus que Chahed a soumis sa nouvelle formation gouvernementale au chef de l’Etat, que ce dernier l’a transmise à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et que la date de la plénière consacrée au vote de confiance est arrêtée.

Chahed n’est plus habilité à changer quoi que ce soit, du moment où le dossier est entre les mains du pouvoir législatif, tout remaniement ne peut intervenir qu’après le vote de confiance de l’Assemblée, a-t-il indiqué en substance.

Indéniablement, le futur locataire de la Kasbah, n’aurait pas envie de commencer sa mission à la primature par une transgression de la constitution. Ce sera un impair et ses détracteurs n’hésiteront pas à s’en servir, plus tard, contre lui, et son gouvernement. Sauf qu’il se trouve obligé de le faire, face aux réactions hostiles que son gouvernement suscite depuis le soir de sa révélation, le samedi 20 août.

Nombreux sont les partis politiques qui rejettent le gouvernement dans sa composition actuelle, et sont critiques tant sur la démarche suivie en matière de concertations, et que sur les personnalités désignées à la tête de tel ministère ou tel autre. Une délégation de Nidaa a dit avoir fait part de ses remarques et réserves au chef du gouvernement désigné, au cours d’une rencontre les ayant réunis hier. Des informations évoquent des remous au sein de Nidaa autour du nouveau gouvernement. Même si elles sont démenties, les divisions risquent d’apparaître au grand jour lors du vote de confiance.

Idem pour Afek qui attend une réponse de Chahed dans les 24 heures, sur certaines personnalités de son cabinet et les équilibres politiques en son sein, comme l’a déclaré aux médias son président, Yassine Brahim.

Le parti avait exprimé dimanche soir à l’issue de la tenue de son conseil national, son mécontentement, et a demandé de renégocier afin de rendre une décision définitive sur le fait de participer, ou non au nouveau gouvernement.

L’Union patriotique Libre (UPL) qui ne fait pas partie de la nouvelle composition gouvernementale a annoncé ce mardi par la voix de son président, qu’elle n’allait pas accorder la confiance au gouvernement dans sa composition actuelle, réclamant un remaniement avant le passage à l’ARP.

De toutes les positions, celle d’Ennahdha reste nuancée. Le mouvement évoque des remarques et réserves sur le nouveau gouvernement qu’il compte transmettre à Chahed avant la plénière de vendredi, mais dit accorder sa confiance à son équipe dans ce gouvernement, et maintenir sa décision d’y participer.

Vu les positions des uns et des autres, le gouvernement d’union, dans sa composition actuelle, risque de manquer son passage au parlement. Youssef Chahed est face à un dilemme politco-constitutionnel : soit il remanie son équipe et aura ainsi enfreint la constitution ; soit il la maintient telle qu’elle est, et encourra de sérieux risques de se mettre à dos les partis politiques et d'être en difficulté à l’Assemblée.
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #1 hahahaha
Ecrit par Royaliste     24-08-2016 00:55
un débat sur des noms et des CV mais pas sur les programmes...
ce qui m'interesserai c'est comment ce gouvernement compte régler les finances de l'Etat, relancer l'économie, créer de l'emploi...parlons, solutions, visions, stratégies...
 
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