Tunisie : Youssef Chahed demande des comptes à ses ministres

Publié le Jeudi 23 Août 2018 à 14:00
Le chef du gouvernement a dépêché à la mi-août une circulaire à ses ministres, leur demandant de lui faire parvenir au plus tard le 30 du mois un document de synthèse sur les réalisations quantitatives et qualitatives dans leur secteur respectif.

Les ministres doivent fournir les indicateurs traduisant le degré d’évolution des secteurs en question, ainsi que les failles et les insuffisances ayant accompagné la mise en exécution des politiques, programmes et actions publiques. Comme ils sont tenus d’énumérer les dispositions proposées en vue de les pallier.

Cette circulaire porte sur l’évaluation des activités des ministères deux ans après la formation du gouvernement d’union nationale, de manière à s’arrêter aux résultats et réalisations enregistrés dans les différents secteurs, et de voir dans quelle mesure les objectifs assignés ont été concrétisés.  Le but est d’évaluer l’impact et l’efficacité des interventions publiques, ce qui aide à prospecter les perspectives de l’action gouvernementale, souligne la circulaire.

Deux ans après son investiture, le gouvernement Chahed fait l’objet de toutes les spéculations. Tandis que certains en prédisent le départ sous les pressions sociopolitiques, et face à l’aggravation des difficultés de la conjoncture, d’autres parient sur son maintien, moyennant un remaniement ministériel qui sera opéré dans peu de temps, et dont le report a été imputé, de l'aveu de Chahed lui-même, au manque de consensus sur la scène politique.

Le sort du gouvernement devra se jouer à la rentrée politique et parlementaire. Youssef Chahed pourrait être pressé de soumettre son cabinet à un nouveau vote de confiance de l’Assemblée,  comme le réclament de nombreux partis politiques. Cela reste tributaire de l’évolution de son cordon politique qui s’est quelque peu disloqué.

La logique plaide pour la stabilité gouvernementale, à une année des échéances électorales cruciales, et face à des urgences en termes de réformes socio-économiques. A fortiori que la discontinuité de l’action, et la succession de gouvernements à court intervalle, ont fait que les efforts soient éparpillés, et l’intervention publique morcelée, comme elles ont mis a mal la mise en œuvre des indispensables réformes structurelles.

Le gouvernement Chahed avait pris officiellement ses fonctions, le 29 août 2016, et a été remanié plusieurs fois, à des ampleurs variables, et dans des circonstances différentes. Issu d’une initiative présidentielle de formation d’un gouvernement d’union nationale sur la base d’un large cordon politique et du soutien des partenaires sociaux, le gouvernement s’est vu confier un programme issu du document de Carthage, dont la suspension depuis le 28 Mai dernier, l’a beaucoup fragilisé. Son avenir dépendra, en grande partie, de la position du mouvement Ennahdha qui lui a voué jusque-là un soutien indéfectible, allant jusqu’à sacrifier la politique de consensus, son grand dada.

Dans sa dernière tribune, Rached Ghannouchi a affirmé que la position d’Ennahdha est dictée par le besoin de stabilité, soulignant, en substance, que son mouvement demeure ouvert à toutes les solutions dans le cadre du respect de la constitution et des institutions. Nidaa, lui, demeure divisé entre partisans et détracteurs du gouvernement et son chef. Quant aux partenaires sociaux, l’UTICA se veut neutre et l’UGTT a fléchi quelque peu sa position lors de la dernière période, en reconnaissant que le changement du gouvernement ne relève pas de ses attributions, mais de celles du parlement. 

Youssef Chahed qui multiplie le tentatives pour mettre un terme à la crise politique, ne rate pas une occasion pour défendre le bilan de son équipe, faisant valoir l’amélioration des indicateurs à la faveur d’une reprise de la croissance. Par sa dernière circulaire, il semble signifier à qui veut l’entendre qu’il n’est pas concerné par les tiraillements, et qu’il continue à faire son travail, tout en s’acheminant vers un remaniement, aussitôt la présente évaluation aura montré les bons éléments qui méritent d’être confirmés, et les moins bons qui devront céder leur poste aux plus méritants. 
Gnet 

 

Commentaires 

 
-1 #1 RE: Tunisie : Youssef Chahed demande des comptes à ses ministres
Ecrit par Agatacriztiz     23-08-2018 19:40
Il faut lire ;

"Par sa dernière circulaire, il semble signifier à qui veut l’entendre qu’il n’est pas concerné par les remaniements, et qu’il continue à faire son travail, tout en s’acheminant vers des tiraillements",
et :
"aussitôt la présente évaluation aura montré les bons éléments qui seront sur la liste des partants, et les moins bons qui devront acceder aux postes des plus méritants.

Voilà comment on fait de la vraie politique dans notre pays...
 
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