Tunisie : une trêve politique pour prévenir le choc du 23 octobre !

Publié le Mercredi 03 Octobre 2012 à 16:28
Les acteurs politiques sont tenus à s'entendre. L’image de la Tunisie a subi un sacré coup au cours de ces derniers temps. Omniprésente dans les médias étrangers depuis le 14 janvier, où sa révolution celle qui a déclenché le printemps arabe, était le sujet de prédilection des chaînes, radios et journaux du monde entier, elle est présentée dans ces mêmes médias, notamment au cours de cette dernière période, comme un pays qui est en proie à des risques et des régressions de différentes natures.  

Nul ne doute de l’importance de l’image en ces temps de vaches maigres, où le processus transitoire n’arrête pas de trébucher, et où la reprise économique reste en grande partie tributaire du retour des investisseurs, et du soutien de nos partenaires étrangers, lesquels dépendent grandement de l’apaisement du climat politique et du retour de la stabilité.

Les dernières évolutions dans le pays n’ont pas hélas arrangé les choses. Des événements de l’ambassade américaine, à la crise qui s’éternise à Dar Assabah, en passant par les épisodes récurrents de violence politique, jusqu’à cette affaire sordide du viol d’une jeune tunisienne par des policiers, le mauvais sort semble s’acharner sur la Tunisie, pour en donner l’image d’un pays qui est en crise politique, économique et morale, dont l’avenir semble quelque peu incertain.

Certes, un processus postrévolutionnaire est toujours un chemin semé d’embûches, car il marque la fin d’une période, et l’ébauche d’une autre. Il s’agit en l’occurrence en Tunisie de démanteler le dispositif despotique, et de construire une démocratie sur ses vestiges. Les premiers ingrédients sont là : multipartisme, liberté d’expression, société civile active, etc., autant d’acquis que les Tunisiens ont engrangé grâce à leur révolution mais qui restent peu ou prou menacés, car les institutions censées les garantir et en sauvegarder l’inviolabilité et le caractère inaliénable ne sont pas encore en place.

Notre voie de salut reste donc le parachèvement de ce processus transitoire pour activer le passage vers une démocratie solide et pérenne. Un processus dont l’avancement relève encore du domaine de l’inconnu. Nonobstant les bonnes intentions et les initiatives volontaristes, le pragmatisme fait encore défaut.

Tout le monde attend que les acteurs politiques, ceux de la troïka et de l’opposition, accordent leurs violons et tirent au clair un calendrier précis, définitif et tranché des prochaines élections. Lequel dépend fondamentalement de la fin de la rédaction de la constitution, et de la résolution du principal point litigieux qui oppose Ennahdha au reste des partis, celui du régime politique. Il n’en est rien jusque-là, un cercle vicieux s’est installé, et le débat politique devient redondant et lassant en l’absence d’une avancée concrète pour aller au fond des choses.

Même si l’on sait d’ores et déjà que c’est l’initiative de l’UGTT qui sera adoptée pour surmonter les différends et parvenir au consensus, pour "son caractère fédérateur", comme l’a déclaré le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, lors de sa dernière intervention télévisée, rien n’est encore clair quant au passage à l’acte, voire la concrétisation proprement dite des clauses de cette initiative.

Entretemps, l’opposition continue à présenter le 23 octobre comme une date fatidique qui marque la fin de la légitimité électorale. Le gouvernement lui, ne fait qu’en minimiser la portée : "Après le 23 octobre, il y aura le 24 octobre", rétorque Samir Dilou, railleur, à l’adresse de ses contempteurs. "Le 23 octobre est une date anniversaire qu’on va fêter", renchérit Hamadi Jebali, sur le même ton de dérision.

Mais loin de l’ironie et des surenchères, le pays a plus que jamais besoin de concorde nationale. Ce débat sur la légitimité même s’il est instrumentalisé politiquement tant par les partis au pouvoir que par l’opposition, doit déboucher sur une feuille de route claire à même de couper l’herbe sous les pieds des tenants de l’anarchie et du vide politique. La responsabilité incombe essentiellement aux partis au pouvoir qui se sont engagés moralement devant le peuple tunisien de limiter cette période à une année (NDLR : Ennahdha et Ettakatol ont signé le document du processus transitoire en septembre 2011 et le CPR s’est aligné sur cet engagement a posteriori) ; elle appartient aussi à l’opposition qui doit faire montre d’esprit de compromis. Quant aux passes d’armes récurrentes et aux accusations mutuelles, elles ne sont dans l’intérêt de personne et ne font qu’envenimer un climat déjà délétère.

Vivement une trêve politique pour rasséréner la société, débloquer un processus quasiment à l’arrêt, et prévenir le choc annoncé du 23 octobre. C’est seulement ainsi qu’on arrivera à sauver l’image de la Tunisie d’une dégradation encore plus profonde et plus fatale.  
H.J


 

Commentaires 

 
+6 #2 RE: Tunisie : une trêve politique pour prévenir le choc du 23 octobre !
Ecrit par Royaliste     04-10-2012 13:36
seul les naifs pensent encore que la Nahdah va tenir ses engagements : ils sont la pour rester et se remplir les poches.
pour eux le peuple tunisien est leur bourreau pendant les 23 années passés et ce peuple doit payer...
 
 
+6 #1 une cesarienne
Ecrit par patriote     04-10-2012 09:53
vue que seule ennahdha (ex frères musulmans fonde en Egypte)le reste y compris le peuple saura comment s en sortir ...s il le faudra une césarienne pour faire de sorte que cette naissance de liberté a savoir démocratie prennent place avec les moindres dégâts ...
 
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