Tunisie : Une sémantique de guerre pour préparer le peuple au pire !

Publié le Mardi 14 Juillet 2015 à 13:31
Les politiques raidissent leur discours pour préparer les Tunisiens au pire. L’attentat meurtrier de Sousse du 26 juin a provoqué un état de choc général, dont on ne se remettra pas de sitôt. Ses retombées directes se sont illustrées notamment par la chute vertigineuse du secteur touristique, aggravée par les consignes données par plusieurs pays européens, en prime la Grande-Bretagne, à leurs ressortissants de ne pas se rendre en Tunisie ou de la quitter si jamais ils y séjournent, pour quelque motif que ce soit.  

La perception extérieure de la Tunisie a profondément et négativement changé, après deux attaques terroristes de type nouveau, venues secouer les Tunisiens et les sortir de leur torpeur ; le terrorisme, ce n’est pas uniquement dans les montagnes qu’il sévit, mais il fait des ravages tout près de chez nous, dans nos villes d’habitude paisibles, et sans danger.

Choqués, terrifiés, et honteux…les Tunisiens n’ont jamais senti une si grande peur du lendemain qu’à l’issue de ces deux crimes innommables. Chacun gardera un pincement au cœur, et une amertume de ce qu’il est advenu de la Tunisie, plus de quatre ans après la révolution.

Trêve estivale et ramadanesque oblige, les Tunisiens, quoique inquiets et désabusés, décrochent et tentent de penser à autre chose… à des vacances par exemple, à l’heure où un bradage des tarifs des hôtels est attendu à l’issue du Ramadan.

C’est là, où les politiques leur servent un discours lourd, reposant sur une sémantique de guerre, et s’avisent de les préparer à des temps difficiles, où la guerre contre le terrorisme devrait aller de pair avec les réformes structurelles, et leurs corollaires, les sacrifices douloureux supportés généralement par le petit peuple. D'autant plus que les autorités sont tenues de donner des comptes au FMI sur l'état d'avancement des réformes le 31 décembre 2015, après avoir bénéficié d'un délai supplémentaire de sept mois. 

C’est le président de la République qui a, le premier, marqué ce changement de la communication officielle, en lâchant une phrase qui a alimenté la controverse : "si les évènements à l’instar de ceux de Sousse venaient à se reproduire, l’Etat s’effondrerait", a-t-il déclaré lors de son discours du samedi 04 juillet, proclamant par la même occasion l’état d’urgence sur la base du décret du 26 janvier 1978.

Quelques jours après, Habib Essid affirme devant l’ARP que des menaces et des plans terroristes sont à l’origine de l’état d’urgence. "Des groupes criminels et terroristes sont en train de planifier d'autres opérations en Tunisie pour tuer, atteindre le moral des Tunisiens et paralyser l'économie", a-t-il averti le jeudi 09 juillet devant l’ARP.  "Notre pays est en danger", a-t-il encore affirmé.

Après l’alerte lancée par le tandem de l’exécutif, c’est au tour des leaders des formations politiques faisant partie de la coalition gouvernementale de sonner le tocsin. Le président du parti de la majorité, et président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, a mis en garde, hier lundi, contre "l’affaiblissement du ciment social", et le fait que les intérêts étriqués et les solidarités sectaires prennent le pas sur l’intérêt général et la solidarité nationale. Il a appelé le peuple "à se préparer aux sacrifices" exigés par les réformes structurelles en perspective. 

Le président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, a lui, parlé d’une "guerre existentielle, être ou ne pas être". "Soit on gagne cette bataille, soit on disparaît", a-t-il mis en garde, évoquant les Etats désormais en déliquescence dans la région arabe.

Un changement notoire au niveau de la sémantique, à l’heure où les clignotants économiques et sécuritaires sont au rouge.

Le complot qui a commencé à se tramer contre la Tunisie depuis le lendemain de la révolution, car c’est depuis 2011 que les groupes terroristes ont décidé de créer des camps sur les frontières tuniso-algériennes et depuis 2012 qu’ils ont décidé de précipiter le pays dans le chaos, (à en croire le ministère de l’Intérieur) ont donné lieu au fil de ces dernières années à des discours politiques qui allaient crescendo en termes de gravité.

Ce juillet 2015 marque un raidissement sans précédent du discours politique, face à une situation qui n’a fait qu’empirer. Objectif : mettre en condition les Tunisiens et les préparer au pire.
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #1 C'est a vous de jouer
Ecrit par Tounsi     14-07-2015 23:12
Monsieurs vous etes les responsables, vous devez faire quelque chose et trouver la solution aux Tunisiens. Vous avez pris le pouvoir et vous avez laisser faire depuis 2011. Maintenant ne demandez pas au Tunisiens de subir les concequences des fautes mises auparavant par les autres.
La avec ce discour c’est comme un medecin qui regarde son malade et il est entrain de pleurer. C’est ne pas a lui de pleurer , c’est a lui de trouver le remede. Vous avez le pouvoir et c’est a vous de trouver la route et d’exiger la solution peut importe les reclammations. Le mieux et l’efficace c’est de trouver la solution et de l’appliquer. Le peuple doit suivre les instructions et c’est ne pas a lui de chercher la sortie. Si non c’est du n’importe quoi.
Je suis Tunisien, quand j’ai lue cet article, je dis quoi ?
Monsieurs, avec tout mes respects, si vous voulez quand gagne c’est a vous de jouer. Si non prenez d’autres joueurs et si non c’est fini pour nous.
 
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