Tunisie : Une salve de critiques contre l’annonce de l’état d’urgence

Publié le Lundi 06 Juillet 2015 à 13:14
L'instauration de l'état d'urgence alimente la controverse. L’instauration de l’état d’urgence en Tunisie, annoncée par le président de la République, le samedi 04 juillet, est diversement accueillie sur la scène publique.

Béji Caïd Essebsi a annoncé samedi la décision de décréter l’état d’urgence sur tout le territoire pendant trente jours, conformément aux dispositions du décret du 26 janvier 1978. Le chef de l’Etat a imputé cette décision aux dangers qui guettent le pays et à la conjoncture régionale, marquée par la montée du terrorisme et l’instabilité, notamment en Libye. Selon ses dires, "si les évènements à l’instar de ceux de Sousse venaient à se reproduire, l’Etat s’effondrerait". "Mon devoir en tant que président de la république est de contrer cette fatalité," a-t-il affirmé, s’engageant à respecter la liberté de presse et d’expression, qui est "irréversible". Mais "dans des conditions comme celles-là, celui qui exerce cette liberté doit tenir compte de la situation que traverse le pays", a-t-il indiqué.  

Le terrorisme n’a pas d’avenir en Tunisie
Le mouvement Ennahdha dit comprendre la décision de la mise en place de l’état d’urgence, à la lumière des menaces et opérations terroristes, ayant provoqué d’importants dégâts pour la sécurité du pays, sa stabilité et son économie, et qui requièrent un affrontement global et de longue haleine.

Le mouvement exhorte dans un communiqué, paru dimanche, les citoyens à appuyer nos institutions républicaines et nos choix démocratiques. Il les appelle à renforcer l’unité nationale et la vigilance permanente, et à soutenir nos unités militaires et sécuritaires dans cette guerre exceptionnelle.  

La deuxième force parlementaire, membre de la coalition au pouvoir, considère que le terrorisme est inacceptable au niveau de la pensée et de la pratique, par le peuple tunisien, et qu’il n’a pas d’avenir en Tunisie. Le mouvement prédit la défaite du terrorisme, tant que l’on poursuit la guerre à son encontre, que l’on développe les moyens et stratégies, et qu’on lui barre la route pour ne pas propager la peur et la terreur dans la société.

Le décret du 26 janvier 1978 renvoie au jeudi noir

L’alliance démocratique considère que l’on est dans une guerre réelle contre le terrorisme, qui s’achèvera fatalement par la victoire de l’Etat civil démocratique, quels qu’en soient les sacrifices.

Le parti réitère que la guerre contre le terrorisme requiert une unité nationale dans le cadre d’une stratégie globale, à laquelle contribuent toutes les forces nationales.

L’alliance se dit étonnée par l’annonce de l’état d’urgence, en l’absence de tout empêchement du fonctionnement normal des rouages de l’Etat, comme le stipule l’article 80 de la constitution, ainsi que par le recours au décret 78/52 du 26 janvier 1978, lié au jeudi noir.

Le parti rappelle que la constitution autorise le pouvoir exécutif à demander l’aide de l’armée en matière de maintien de l’ordre, sans recourir à l’instauration de l’état d’urgence.

Selon l’AD, cette annonce aura, dans les circonstances actuelles, des répercussions négatives à plusieurs niveaux :

Economiquement, cela va impacter négativement l’investissement étranger, et même intérieur, et annihiler l’espoir de sauver la saison touristique ;

Au volet sécuritaire, l’état d’urgence risque de troubler les institutions sécuritaire et militaire, d’insinuer leur échec devant les groupes terroristes, et de placer fallacieusement le terrorisme dans une posture de vainqueur.  

L’alliance démocratique se dit persuadée que les frappes terroristes n’attentant pas à la cohésion de l’Etat tunisien et à l’unité de son peuple. L’état d’urgence ne doit pas être pris comme un tremplin pour attenter aux libertés fondamentales et aux droits sociaux, qui sont les attributs de notre unité nationale dans notre guerre contre le terrorisme, ajoute-il.

Un plan d’urgence, au lieu de l’état d’urgence
Le congrès pour la république (CPR) considère que le décret de 1978 organisant l’état d’urgence, est en contravention claire avec constitution, et appelle à accélérer la mise en place d’un nouveau cadre légal le régissant.

Le CPR dit comprendre la grave situation sécuritaire dans le pays, et les conditions économiques difficiles, ce qui requiert un sacrifice collectif et le soutien des efforts de l’Etat en matière de lutte contre le terrorisme, conformément aux exigences de l’intérêt national suprême, sur la base de l’unité nationale.

Le CPR appelle le président de la république à dire la vérité aux Tunisiens sur les causes réelles derrière cette annonce. Il se dit gêné par ses déclarations troublées à même d’attenter au moral, et l’appelle à jouer son rôle moral, comme chef suprême des forces armées, en s’en tenant à un discours responsable et équilibré.

La dynamique sociale, l’activation des libertés et des revendications de justice et d’équité, et l’expression politique plurielle, ne sont pas des facteurs attentatoires à la sécurité et à la stabilité du pays, considère-t-il, critiquant certaines mesures annoncées dernièrement par le gouvernement.

Le parti estime que l’étape requiert un minimum de concertation, réitérant son appel à la tenue d’une conférence nationale sur la lutte contre le terrorisme, à même de déboucher sur une vision commune et globale pour faire face à ce fléau. Il appelle à prendre comme point de départ la stratégie nationale de lutte contre le terrorisme de l’année 2014, réalisée en collaboration entre la présidence de la république et la présidence du gouvernement, comme document de référence dans le cadre de la continuité de l’Etat.  Le parti suggère d’adopter un plan d’urgence, au lieu de l’état d’urgence, susceptible de ne pas épuiser les unités sécuritaires et militaires, de focaliser sur les efforts de lutte contre le terrorisme, et de mettre à disposition tous les moyens nécessaires.  

L’annonce de l’état d’urgence est injustifiée
Le parti el-Binaa el-Watani affirme le sérieux des menaces terroristes grandissantes auxquelles fait face la Tunisie, évoquant la nécessité de l’unité nationale et de la mobilisation de toutes les énergies pour faire face à ces dangers.

Le parti considère que la démocratie forte est celle qui résiste pendant les crises et qui est en mesure de faire face aux menaces sans renoncer à ses valeurs et principes, pointant l’amalgame entre le militantisme civil pacifique pour les droits politiques, économiques et sociaux, et la lutte contre le terrorisme, qui montre la faiblesse de la culture démocratique auprès du dispositif au pouvoir.

Il considère injustifiée l’annonce de l’état d’urgence, notamment avec la formule floue dont elle a été présentée, outre le fait qu’elle transgresse les dispositions de la constitution de 2014, dans une tentative de dominer et de fermer l’espace public et de confisquer l’ensemble des droits et libertés.

Cette décision porte atteinte à la réputation du pays, et confirme la faiblesse et l’incapacité de l’Etat, ce qui est encore plus préjudiciable  à la situation socio-économique. Il aurait été plus judicieux de relever le moral du peuple et ses forces sécuritaires, et de rassurer les investisseurs de l’intérieur et l’extérieur  sur le fait que la Tunisie est un Etat fort par ses institutions, qui ne se laisse pas déstabiliser par une opération par çi ou par là.

Binaa al-Watani affirme que les forces de sécurité, et de l’armée ont besoin d’un important soutien logistique, matériel et moral, en vue de faire face aux menaces terroristes. Les difficultés auxquelles elles se heurtent dans l’accomplissement de leur mission, ne sauront être surmontées par l’annonce de l’état d’urgence, mais par la mise en place des moyens et des politiques sécuritaires efficaces et des structures développées chargées de les gérer.

Loi 1978, une sombre histoire, selon l’UGTT
Le Secrétaire Général adjoint de l’UGTT, Sami Tahri, a indiqué que le problème n’est pas dans la décision en elle-même, mais dans ses implications et répercussions.

Dans une déclaration dimanche à une radio locale, le syndicaliste perçoit dans l’annonce de l’état d’urgence une diversion par rapport au problème principal, soit le terrorisme, et une tentative de la justifier à partir des protestations sociales.

Selon ses dires, la loi 78 a une sombre histoire en matière d’atteinte aux libertés, aux droits économiques et sociaux et à la liberté d’expression et d’information.

Il  fait constater, néanmoins, que si l’état d’urgence était décrété en vue de renforcer les dispositions de la sécurité, et du peuple et dans le but de la mobilisation, il ne poserait pas de problème, signalant avoir conseillé auparavant le gouvernement de l’appliquer.
Gnet
 


 

Commentaires 

 
+1 #5 Il faut faire du ménage.
Ecrit par tounes elhora     07-07-2015 11:49
Bien dit Assissi et j'ajoute aussi ceux qui ne veulent pas du bien à ce pays.
 
 
#4 Il faut faire du ménage.
Ecrit par tounes elhora     07-07-2015 11:48
Il faut faire du ménage au sein de elnahtha et enprisonner les coupables.
 
 
+2 #3 RE: Tunisie : Une salve de critiques contre l’annonce de l’état d’urgence
Ecrit par Agatacriztiz     07-07-2015 10:49
C'est à prendre ou à laisser, l'état d'urgence ou la terreur djihadiste...
 
 
+2 #2 la difference
Ecrit par Royaliste     07-07-2015 09:52
non le terrorisme n'existe pas, c'est une faza3a crée par benAli pour nous faire peur :zzz

ce que je trouve drôle, c'est qu'un animal peut faire une erreur 3 fois de suite mais après il va comprendre et changer d'attitude alors que certain compatriote n'ont pas encore développé cette aptitude
 
 
+2 #1 Vendus!
Ecrit par Assissi     06-07-2015 18:03
Seuls les traitres, les vendus aux boukachtas et autres rêveurs-révolutionnaires peuvent contester cette décision!
 
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