Tunisie : Une nouvelle coalition gouvernementale en perspective, l’hémicycle se recompose !

Publié le Lundi 10 Septembre 2018 à 16:05
Encore une fois, la perspective d’une sortie de crise s’éloigne. Pourtant, on s’attendait il y a peu à un déblocage proche, suite aux appels concordants de Nidaa et d’Ennahdha, à la reprise du dialogue autour du document de Carthage, et leur attachement réitéré au consensus, et à l’unité nationale. On évoquait même un accord entre le président de la république et le président d’Ennahdha autour d’un éventuel remaniement, qui sous-tend que Youssef Chahed aurait accepté l’injonction du mouvement islamiste, largement partagée, de se consacrer ainsi que son gouvernement aux réformes socioéconomiques et à la lutte contre la corruption, tout en renonçant à se porter candidat aux élections de 2019 ?!.

Les dernières évolutions plaident néanmoins en faveur d’un scénario autre dont les contours restent peu clairs. L’affaire du champ Halk El-Menzel, les limogeages et le démantèlement du département de l’Energie qui s’en sont suivis, ont été une aubaine pour la majeure partie du paysage politique, pour multiplier les attaques contre Youssef Chahed.

Ce dernier est l’ennemi à abattre, il cristallise désormais des hostilités de tous les bords de la scène politique. Tous sont unanimes à réclamer son départ, pointant son "échec" et sa "responsabilité" dans ce qu’il est advenu du pays.

Parallèlement, les tensions entre le chef du gouvernement et le fils du président sont montées d’un cran le week-end. Nouveau casus belli : la démission de huit députés de Nidaa tounes dont Moncef Sellami et Zohra Driss qui serait intervenue, accuse HCE, sur instigation du locataire de la Kasbah.

Dans un communiqué publié samedi soir, Caïd Essebsi junior s’est lancé dans une volée de bois vert contre le chef du gouvernement, l’accusant "d’œuvrer à diviser les partis et les blocs parlementaires" (en allusion à Nidaa, Machrou... et leur blocs respectifs) et "d’agir pour son compte personnel, avec des pratiques contraires à l’usage démocratique".

Il lui impute également "une prise en otage du gouvernement et des outils exécutifs de l’Etat au profit de son projet politique personnel", et "une désinvolture envers les intérêts suprêmes de l’Etat", mettant en garde contre les graves répercussions de la poursuite de la crise politique sur la stabilité du pays. 

Ce regain de tension est de nature à approfondir la fissure entre les deux têtes de l’exécutif. Le président de la république ayant jusque-là montré qu’il prenait fait et cause pour son fils, marquera encore plus ses distances avec le chef du gouvernement, et verra d’un mauvais œil ses agissements supposés, d’affaiblir et de diviser Nidaa Tounes, le parti qu’il a lui-même fondé et de polariser ses députés pour renforcer ses soutiens à l’Assemblée, à travers notamment le nouveau groupe Coalition nationale.

Entretemps, le paysage parlementaire continue à se recomposer, la nouvelle session parlementaire apportera du nouveau dans la configuration de l’hémicycle. Nidaa Tounes et Machou Tounes s’apprêtent à dévoiler les résultats du processus de leur rapprochement, qui pourrait donner lieu à une fusion entre les deux blocs, de laquelle naîtrait la première force parlementaire à l’Assemblée à même de reléguer Ennahdha au second plan.

Opposée à Youssef Chahed, la nouvelle force parlementaire sera contrebalancée par le groupe d’Ennahdha et le bloc de la coalition nationale qui seront derrière le gouvernement et  la stabilité gouvernementale. Le prochain remaniement verra, selon toute vraisemblance, le remplacement des ministres nidaistes par d’autres personnalités ministrables de la coalition nationale, avec un renforcement de la présence d’Ennahdha au sein du cabinet en devenir, ce qui donnerait lieu à une nouvelle coalition gouvernementale censée conduire le pays aux élections, mais qui n'aura pas les coudées franches d'avancer sur les réformes, faute de consensus politico-social.  

Quant à la candidature de Youssef Chahed à la présidentielle de 2019, qui reste entourée de mystère, ce dernier sera amené à la clarifier dans sa prochaine adresse au peuple où il a promis de revenir sur l’affaire halk El Menzel, les dernières révocations, la lutte contre la corruption, et où il aura à évoquer ses rapports avec le président, son fils, Nidaa, Ennahdha, la coalition nationale, le remaniement, l’UGTT... La centrale syndicale multiplie les menaces et promet de paralyser le pays l’année prochaine à travers des grèves générales, sectorielles…"ce sera l’année sociale la plus chaude que le pays n’aura jamais connu", a réitéré ce lundi Noureddine Taboubi, au sortir d’une entrevue, la deuxième en moins d'une semaine, avec le chef de l’Etat. 
Gnet

 

Commentaires 

 
+2 #1 RE: Tunisie : Une nouvelle coalition gouvernementale en perspective, l’hémicycle se recompose !
Ecrit par Agatacriztiz     10-09-2018 18:22
Ce qui nous désole dans tout ça, c'est que notre pouvoir d'achat dégringole de jour en jour, que les riches deviennent de plus en plus riches (surtout ceux qui ne paient pas un sou au fisc, contrebandiers, tricheurs et corrompus) et que nous devenons dans l'ensemble et chaque jour de plus en plus pauvres.
Et tout ce joli monde à l'assemblée, au sein des partis, au gouvernement, au syndicat, semble s'en foutre complètement...
 
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