Tunisie : Une désescalade sociale, à la faveur de deux accords cruciaux

Publié le Vendredi 08 Février 2019 à 08:08
Vue de la cérémonie de signature, jeudi 07 février à la Kasbah. Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, et le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, ont signé hier, jeudi 07 février, un accord sur les majorations salariales dans la fonction publique. Cet accord prévoit des augmentations oscillant entre 180 et 135 dinars, selon les catégories, sur deux ans. Il amorce la désescalade dans les relations entre le gouvernement et la centrale syndicale, longtemps marquées par des tensions ayant atteint leur point culminant le 17 janvier, avec la grève générale qui a paralysé la fonction publique et le secteur public.

Ce modus-vivendi donnera lieu, tout naturellement, à l’annulation du débrayage de deux jours, auparavant décidée par l’influente organisation syndicale, pour les 20 et 21 février, dans la fonction publique et le secteur public. Il permettra aussi d’assainir le climat social et de préserver la paix civile.

Un accord qui donne du pouvoir d'achat aux col-blancs

Youssef Chahed a évoqué des négociations marathon, ayant été marquées par "un sens de responsabilité et par un partenariat effectif, dans l’intérêt de la Tunisie". Le locataire de la Kasbah a salué cet accord qui est de nature "à améliorer le pouvoir d’achat des fonctionnaires et à ouvrir de nouvelles perspectives de stabilité sociale, d’un côté, tout en tenant compte du budget de l’Etat et des grands équilibres financiers et en œuvrant à engager les grandes réformes attendues dans la fonction publique et les entreprises publiques, de l’autre".

Le chef de la centrale syndicale s’est félicité de cet accord qui fait bénéficier les fonctionnaires des mêmes augmentations, que de leurs collègues du secteur public. Il a annoncé un deuxième round des négociations en juillet prochain. Noureddine Taboubi a considéré cet accord comme "un triomphe pour l’esprit national, et est en mesure de prémunir le pays contre les tensions sociales".

Intervenant hier au JT de 20 heures, le porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani a insisté sur le fait que le nouvel accord allait améliorer le pouvoir d’achat des fonctionnaires, tout en préservant les équilibres budgétaires. Il a affirmé que le gouvernement maintient son engagement à préserver les finances publiques et à réduire le déficit budgétaire à 3,9 % en 2019, contre 4,9 % en 2018, et plus de 6 % en 2017. Selon ses dires, les majorations accordées ne vont pas donner lieu à la hausse de l’inflation dans la mesure où elles l’ont été, en prenant en considération la capacité de l’économie. 

Les élèves retrouveront lundi les bancs de l'école
Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, un accord sera signé ce vendredi 08 février entre les parties gouvernementale et syndicale marquant un dénouement heureux de la crise de l’enseignement secondaire.

Après un bras de fer qui n’a fait que trop durer et qui a jeté nos enfants pendant dans de longs mois dans la rue, le ministère de l'Education et le Syndicat de l'enseignement secondaire font valoir le langage de la raison et parviennent à accorder leurs violons. Les points litigieux ont été ainsi aplanis, à la faveur de l’accord paraphé la veille : cela va de la prime de la rentrée scolaire, en passant par le doublement d’autres indemnités, la pénibilité du travail de l’enseignant et la retraite anticipée, jusqu’au budget des établissements scolaires…

Là aussi, ce compromis obtenu au forceps, permettra de désamorcer la tension, de rétablir la normalité dans les collèges et les lycées à compter de ce lundi 11 février, et d’éloigner le spectre de l’année blanche. Il est, par ailleurs, de nature à rassurer un tant soit peu les parents, et à rendre espoir aux élèves, notamment ceux des classes terminables, que le pari reste gagnable, et la réussite demeure possible pour peu que le sérieux et la détermination animent toutes les parties, pour que ce mauvais épisode soit derrière nous.

Vive l’école qui fait sortir les enfants des ténèbres de l’ignorance, à la lumière du savoir, qui prépare les générations futures à être à la hauteur des responsabilités et à prendre la relève le moment venu, et qui fait que la Tunisie soit toujours un modèle et une source d’inspiration dans la région et dans le monde.
Gnet