Tunisie : Un triple-déficit financier, moral et pluviométrique !

Publié le Vendredi 02 Septembre 2016 à 17:05
La Tunisie traverse une période de vaches maigres. Au déficit financier béant, vient se greffer un déficit pluviométrique persistant et un déficit moral rampant. Les caisses sont vides, les terres sèches et le civisme semble être notre point faible, sur fond d’une démoralisation ambiante, illustrée par ce slogan ressassé à l’envi : Rien ne va plus. 

Le ministère des Affaires religieuses appelle à l’accomplissement de salat al-Istisqa pour invoquer Dieu, le tout puissant, le clément et miséricordieux, à nous donner la pluie, face à un déficit pluviométrique qui s’inscrit dans la durée, et dont les conséquences risquent d’être graves dans un avenir proche, si les vannes du ciel ne s’ouvrent pas pour étancher la soif des champs. 

Le manque de précipitation au cours de deux saisons constitutives a aggravé le stress hydrique, déjà posé en termes structurels dans nos contrées. L’insuffisance pluviométrique a affecté les eaux souterraines et la nappe phréatique, a fait tarir les barrages, et place, d’ores et déjà, la Tunisie sous le seuil de pauvreté hydrique. Ce qui a donné lieu, cet été, à des programmes de rationnement de l’eau potable dans différentes régions du pays. Si les pluies ne sont pas au rendez-vous en ce mois de septembre, les autorités préconisent le recours au rationnement de l’eau d’irrigation.

L’agriculture, un secteur stratégique de l’économie nationale, reste tributaire des précipitations. La terre ne sera productive, que si elle est verdoyante et bien arrosée. De l’état de la récolte dépendra l’approvisionnement du marché local en fruits et légumes, l’autosuffisance alimentaire du moins en certains produits locaux habituellement abondants sur nos étals, et aussi les exportations dont notre économie a grandement besoin pour couvrir un déficit abyssal. 

Le déficit, c’est un casse-tête pour le nouveau gouvernement. Il se traduit par un déséquilibre grandissant de la balance des paiements et une inadéquation entre ressources et dépenses de l’Etat. Le déficit qui n’a cessé de se creuser au fil des six dernières années a été superficiellement comblé par l’endettement. Sauf que la dette atteint à ce stade un niveau inquiétant et le seuil de tolérance est dépassé avec un taux d’endettement de 62 % du PIB.

Une charge qui est appelée à s’alourdir, si l’on tient compte des engagements déjà conclus avec les institutions de Bretton Woods : Le deuxième plan d’aide de 2,9 milliards de dollars conclu avec le FMI sur quatre ans, dont une partie a été déjà versée, d’autres le seront au fur et à mesure de l’avancement du programme de réforme socio-économique. Et le prêt pouvant atteindre 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, annoncé par la banque mondiale pour soutenir le plan quinquennal de développement.

Le budget de l’Etat est donc sous perfusion de la dette, et risque de subir un sacré coup en 2017, une année redoutée par tous, puisqu’elle correspond au remboursement d’une certaine partie de crédits arrivée à échéance.

Face à la crise, le gouvernement prévoit une réforme fiscale pour améliorer les recettes de l’Etat, une incitation à l’investissement local, une attraction des IDE (investissements directs étrangers) et une promotion des exportations. Le gouvernement d’union nationale évoque aussi des réformes douloureuses, qui requièrent des sacrifices collectifs, et dont il ne tardera pas à révéler le contenu.

Youssef Chahed s’est défendu lors de son passage à l’Assemblée que son gouvernement soit celui de l’austérité, ça à l’air d’y ressembler pourtant au vu de cette disette généralisée.

Aussi faut-il évoquer un troisième déficit, non moins alarmant, celui moral. Le pays vit une crise morale grave, qui va de la délinquance routière et de l’incivisme rampant, à l’aggravation du fléau de la corruption qui mine les rouages de l’administration, rend la vie dure au citoyen, et donne lieu à un climat des affaires malsain. Or, le respect des valeurs morales, la transparence et la bonne gouvernance sont à la base de toute œuvre de développement réussie. Et si on est corrompu, malhonnête et réfractaire à la droiture, notre prière pour solliciter la pluie n’aura pas de sens.  
Gnet

 

Commentaires 

 
#3 Eveil
Ecrit par Guépard     15-09-2016 08:34
Le fait de recourir à salat istiska est d'une grande signification.
 
 
+1 #2 Verset 112 de la Sourate des Abeilles
Ecrit par Léon     05-09-2016 10:33
بِسْمِ اللّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِي

وَضَرَبَ اللّهُ مَثَلاً قَرْيَةً كَانَتْ آمِنَةً مُّطْمَئِنَّةً يَأْتِيهَا رِزْقُهَا رَغَدًا مِّن كُلِّ مَكَانٍ فَكَفَرَتْ بِأَنْعُمِ اللّهِ فَأَذَاقَهَا اللّهُ لِبَاسَ الْجُوعِ وَالْخَوْفِ بِمَا كَانُواْ يَصْنَعُونَ

صدق الله العظيم
 
 
#1 Salett
Ecrit par A4     03-09-2016 21:50
Pour la pluviométrie, c'est simple: une salett istis9a et le tour est joué.
 
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