Tunisie : Un réseau de 30 communes table sur un "zéro déchets"

Publié le Mardi 19 Avril 2016 à 16:43
Vue de la conférenceL’amélioration du système de gestion des déchets dans le cadre de la décentralisation, est le thème d’une conférence nationale organisée le 19 et 20 avril 2016 à Tunis, par le réseau national de gestion des déchets (WAMA-Net), la Fédération nationale des villes tunisienne (FNVT) et l’agence de coopération Allemande, GIZ.
 
La gestion des déchets municipaux constitue un des principaux défis auxquels font face les municipalités tunisiennes. « Des quantités de plus en plus importantes de déchets s’amoncellent dans les différentes villes du pays, avec une crise dans la capacité d’accueil des dépotoirs, c’est une réalité à laquelle nous n’étions pas préparés », a annoncé  lors de la première journée, Mounir Majdoub, Consultant expert en environnement mandaté par la GIZ.

La présence d’associations et d’organismes environnementaux joue un rôle important dans l’amélioration de la situation, selon lui. "Si nous voulons changer la réalité de la gestion des déchets en Tunisie, on doit saisir l’occasion de la préparation de la loi cadre des collectivités locales pour proposer des solutions".
 
Selon lui, le Tunisien qui est le principal producteur de déchets, n’est pas capable de payer, tandis qu’il est nécessaire de réunir des fonds pour la gestion de ces déchets. « Le temps est venu de dire stop aux déchets. Nous devons aller vers le zero déchets, à travers le recyclage et la réutilisation car l’environnement tunisien n’est plus capable d’absorber toutes ces quantités », a-t-il dit. Il a appelé les participants qui sont membres des municipalités, des cadres de différents ministères, des députés de l’ARP, des experts et représentants de l’UTICA et de L’UGTT,  à plancher sur les différentes solutions et propositions à même d’améliorer l’environnement.
 
Les organisateurs ont soumis aux participants un document de travail comprenant des principes et des propositions portant sur les aspects stratégiques, juridiques et institutionnels, financiers et relatifs à l’organisation et la gestion des ressources humaines. Les participants débattront et développeront ces idées et esquisses de solutions, afin de donner naissance à des mesures concrètes, applicables sur le terrain. 
  
Les organisateurs parlent de confirmer dans les textes et dans les faits la responsabilité entière des communes sur toute la chaine de la gestion des déchets municipaux. Le rôle de l’Agence nationale de Gestion des Déchets et ses relations avec les municipalités doivent être repensés.  Ils appellent à adopter le choix « Zero déchets », en évitant et en réduisant l’émission de déchets en amont, et en optant pour la récupération et la valorisation en aval. 
 
Les installations de valorisation et de traitement des déchets, doivent selon les organisateurs, être mutualisées entre plusieurs communes. Mais aussi ils préconisent de mettre en place, de manière progressive, un mécanisme efficace de recouvrement direct des coûts de gestion des déchets qui serait sous la forme d’une redevance se basant sur les principes du « pollueur payeur » et de la responsabilité élargie du producteur.
 
Concernant le cadre juridique les organisateurs proposent de l’adapter de manière à ce qu’il soit compatible avec les besoins et attentes des municipalités. Ils visent l’actuel projet des codes des collectivités locales, la loi organique du budget des collectivités locales, le code de la fiscalité locale et la loi relative à la gestion des déchets.  Mais aussi, parmi les solutions proposées le partage des impôts directs et indirects entre l’Etat et les collectivités locales avec un transfert des compétences de l’Etat vers les collectivités locales.  
 
Ils parlent de la nécessité de redéfinir le mode d’organisation interne des municipalités, notamment dans les services de propreté, afin qu’il soit adapté à leur responsabilité. Réaménager les instruments et les schémas de financement des investissements municipaux, est aussi l’un des axes sur lesquels devront travailler les groupes formés lors de ces deux journées d’étude.
 
Wama Net, qui est le principal organisateur de ces journées,  est un réseau  national de gestion des déchets, constitué de 30 communes  tunisiennes engagées dans la démarche de planification communale.  Un réseau géré et modéré par la FNVT. L’objectif du réseau est de renforcer les capacités des communes dans leurs missions de planification, la gestion, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des actions et projets relatifs à la gestion communale des déchet.
 
La réseau, tel qu’il se définit, travaille sur l’amélioration de la circulation de l’information ainsi que l’échange des expériences, des pratiques et des compétences, et joue le rôle d’une source active de propositions en coordonnant les actions promouvant l’innovation. Le réseau aspire également à jouer le rôle de négociateur avec les acteurs régionaux et nationaux et la coopération internationale afin de renforcer les actions intercommunales. 
 
Parmi les projets pilotes qui seront menés par le réseau, l’instauration du tri sélectif à Sid Bousaid, et une unité de compostage à Gafsa. Il organise des conférences et un dialogue régional entre la Tunisie, la Libye, le Maroc et l’Algérie, tout en facilitant l’échange d’expériences entre les différents pays. 
 
Le réseau accueille entre autres, les municipalités de La Marsa, Carthage, Ettadhamen, Mnihla, Mornag, Sousse, Mahdia, Monastir, Kairouan, Médenine, Djerba Midoun et Ben Guerdane.
Chiraz Kefi