Un remaniement ministériel imminent, pour le 2è temps du quinquennat

Publié le Mardi 01 Décembre 2015 à 16:52
Habib EssidUn remaniement ministériel ne saurait tarder, c’est une question de semaines ou peut-être de jours. Habib Essid a déclaré hier, lors d’une interview à France 24, en marge de sa participation à la conférence sur le climat (COP 21) à Paris, qu’il allait commencer à réfléchir à un remaniement ministériel, à l’issue des débats budgétaires, qui se déroulent actuellement à l’ARP.

De son aveu même, le locataire de la Kasbah n’accorde pas le même satisfecit à toute son équipe. "Il y a des ministres dont on est satisfait, d’autres dont on est à moitié satisfaits, et d’autres encore dont on n’est pas satisfaits", a-t-il souligné, réitérant qu’un remaniement ministériel relève de ses prérogatives, et qu’il prendra les décisions nécessaires, au moment opportun.

Cela laisse présager que la Tunisie va entamer 2016 avec un nouveau gouvernement, qui marquera le deuxième temps du quinquennat. L’on s’attend à un cabinet réduit, avec une priorité accordée aux urgences de l’heure à savoir : la sécurité, le développement et la reprise économique, et la question sociale.

Habib Essid sera, selon toute vraisemblance, lui-même reconduit à la tête de la Kasbah, eu égard à l’affaiblissement du camp de Nidaâ Tounes qui souhaitait son départ, et au soutien que lui témoignent les autres partis de la coalition. Le remaniement s’annonce lui, profond et touchera des ministères de souveraineté, selon le bilan des uns et des autres.

Le gouvernement Essid 1 a été investi le 06 février dernier, à l’issue des élections présidentielles et législatives. Il est composé d’une coalition de quatre partis : Nidaâ, Ennahdha, Afek Tounes et l’Union patriotique libre (UPL). Dix mois après son entrée en fonction, l’équipe gouvernementale censée combattre le terrorisme, amorcer le redressement économique du pays, apaiser le climat social et instaurer la paix civile, présente un bilan mi-figue, mi-raisin. Le principal reproche qu’on lui fait est de ne pas avoir une vision claire et une stratégie globale, avec des objectifs quantifiables à court, à moyen, et à long terme. Les échecs du gouvernement sont, en effet, plus nombreux et plus visibles que ses réussites.

Sur le plan sécuritaire, la Tunisie a connu avec ce gouvernement les pires attaques terroristes, qui marquent une mutation du terrorisme, en passant des dédales des montagnes et des régions reculées aux villes, voire à l’hyper-centre. On a eu l’attaque contre le musée du Bardo, du 18 mars, l’attentat contre l’hôtel Impérial à Sousse du 26 juin, et la toute dernière attaque, celle d’il y a une semaine, le 24 novembre, contre un bus de la garde présidentielle à l’avenue Mohamed 5, à Tunis. Qu’on le veuille ou non, et sans nier l’importance des efforts déployés, ces attentats marquent une défaillance sécuritaire à laquelle il faut pallier, afin de rendre notre territoire autant que faire se peut imperméable au terrorisme, et de mettre les forces du mal hors d’état de nuire.

Au volet économique, le bilan n’est pas plus reluisant, l’économie est encore en rade, et la reprise escomptée tarde à poindre à l’horizon. En témoigne la faiblesse du taux de croissance qui ne dépasserait pas le seuil de 0,5 % en 2015 (selon Habib Essid, dans sa déclaration du gouvernement devant l’Assemblée). Le recul du secteur touristique dont le manque à gagner est abyssal, et le repli des investissements sont parmi les facteurs à l’origine de la morosité ambiante. De surcroît, les problèmes de développement restent entiers dans les régions démunies, dont les populations souffrent encore de pauvreté, de précarité et de chômage. Et  le pouvoir d’achat des Tunisiens est en ordre général, sur une courbe descendante, vu une cherté de la vie sans précédent. Là aussi il y a une incapacité à gérer, comme il se doit, la situation économique, en vue du  redressement souhaité, chose dont on tiendra compte au prochain remaniement qui procédera selon Habib Essid "d'une évaluation objective et de critères scientifiques".

Sur le plan social, les choses avancent cahin-caha. Si un accord a été trouvé entre le gouvernement et la centrale syndicale sur les majorations salariales dans la fonction publique et les entreprises publiques, le désaccord semble persister entre le patronat et le syndicat sur les augmentations salariales dans le secteur privé. N’eût été l’apaisement imposé par la situation sécuritaire, dans la foulée de l’attentat meurtrier d’il ya une semaine, les grèves régionales et sectorielles décidées par l'organisation syndicale à travers les différents coins du pays se seraient poursuivis. Mais voilà qu’après l’appel du président de la république, la proclamation de l’état d’urgence, et l’approche de la date de 10 décembre où les représentants du quartet dont l’UGTT et l’UTICA feront le déplacement à Oslo, pour recevoir le Nobel de la paix, un accord serait proche entre les deux partenaires sociaux en vue d’une sortie de crise.

En passant en revue ces trois volets  clefs, l’on pourra pronostiquer des portefeuilles qui seront touchés par le remaniement ministériel. Reste à savoir si le changement va toucher l’architecture et la composition de la coalition, ou s’il va maintenir la même coalition avec  une interchangeabilité de X par Y, et un renforcement ou un affaiblissement de tel parti ou tel autre en son sein. 
H.J.  


 

Commentaires 

 
#1 et Mr Essid?
Ecrit par Royaliste     01-12-2015 18:24
pour la sécurité, comment voulez vous combattre le terrorisme en Tunisie quand une composante essentielle de la coalition au pouvoir, a savoir nahdha, a ouvertement soutenu le terrorisme en Syrie et en Lybie?
 
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