Tunisie : Un printemps agité, un pouvoir un peu désemparé !

Publié le Vendredi 14 Avril 2017 à 17:35
Youssef Chahed recevant un groupe de députés de l'ARP.La Tunisie profonde s’agite. L’arrivée du printemps avec son temps clément, ses journées qui s’allongent, ses oiseaux qui gazouillent au petit matin… n’ont pas l’air d’apaiser les âmes et les esprits, et de leur faire reprendre espoir en des lendemains meilleurs. Ce septième printemps tunisien depuis l’éclatement de la première étincelle du printemps arabe, est marqué par des secousses sociales dans plusieurs régions du pays le Kef, Tataouine, Kairaoun…, tantôt sporadiques, tantôt durables, des espèces de répliques de la révolution, dont les slogans pour l’emploi, le développement et la justice semblent être encore à mille lieues de se concrétiser. 

Le peuple est en colère et sa patience tarit. Ceux qui sont aux responsabilités disent comprendre le ras-le-bol de nos compatriotes des régions intérieures et reconnaitre la légitimité de leurs revendications, résultats de longues décennies d’abandon, de disparités régionales, et de retards socio-économiques intenables. Des voix s’élèvent au sein du gouvernement, du parlement et des partis, pour appeler à préserver le caractère civil et pacifique de ces mouvements et éviter tout dérapage, forcément préjudiciable, dans une conjoncture difficile et complexe. 

La détresse populaire met-elle aussi à nu une certaine désarticulation des centres du pouvoir, et une fragilité des connexions entre l’exécutif et le législatif, ce qui affaiblit le gouvernement d’union nationale.

Le gouvernement de Youssef Chahed présenté comme étant de large coalition, devrait bénéficier d’un large soutien partisan et parlementaire pour qu’il puisse avoir les coudées franches d’agir, d’avancer et de réformer. Cela ne semble pas être le cas, dans la réalité. Des ministres estiment que le soutien des partis au gouvernement est en deçà des attentes, et s’étonnent d’entendre des interventions critiques au sein du parlement dont les auteurs ne sont autres que des élus issus des partis de la coalition au pouvoir.

"Le député n'est pas un facteur du gouvernement"
Tout en se défendant de tout manquement de son bloc parlementaire  en matière de soutien du gouvernement, le député d’Ennahdha, Samir Dilou, revendique la mission du député qui consiste à s’exprimer au nom de sa région et d’en traduire les doléances et les attentes, et n’est point "un facteur" du gouvernement.

Le député distingue la mission du gouvernement, de celle du parlement. Le premier propose des solutions, et le second légifère, encadre les manifestations, et exerce un contrôle sur le gouvernement pour garantir l’application de ce qui a été convenu, a-t-il souligné, ce vendredi 14 avril, dans un entretien avec Shems.

Dilou avoue que son mouvement se trouve obligé, parfois, de passer difficilement des "mesures impopulaires mais nécessaires" dans ses réunions internes, évoquant des "satisfécits" qu’Ennahdha reçoit du chef du gouvernement et des ministres pour son action parlementaire.

Le député relève néanmoins un déficit de  communication au sein du gouvernement qui compte pourtant, à ses yeux, de nombreuses personnalités, ayant des talents d’orateurs.

Sa conclusion communément admise est que la situation actuelle, avec des problèmes qui s’accumulent et des décennies de déséquilibre régional, ne pourra être réglée en six ou dix ans. Reste à envoyer des signes annonciateurs de changement. Les populations veulent voir "des trax à l’œuvre", et en la matière, ce qui est fait est "insuffisant", lâche-t-il.  

Gnet