Tunisie, un numéro vert pour s’informer sur le Sida

Publié le Mardi 30 Novembre 2010 à 23:20
La Tunisie compte jusqu’en octobre 2010, 1610 cas de VIH, avec une moyenne de 67 nouvelles infections/an. 50 % des cas sont découverts à un stade tardif, avec une charge virale élevée, ce qui rend difficile la restauration du système immunitaire.  Gouvernement et ONG s’appuient sur deux leviers dans leur lutte contre le Sida. Le premier a trait à la prévention, en facilitant l’accès au préservatif, qui se vend désormais dans les grandes surfaces et qui le sera bientôt dans les bureaux de tabac, les boîtes de nuit, etc. Le second consiste en l’incitation au dépistage précoce à travers, notamment la création de centres de conseil et de dépistage anonyme et gratuit. Un numéro vert :  80101212 sera bientôt lancé pour informer et orienter les citoyens vers ces centres. Pour en savoir plus sur la réalité du VIH en Tunisie, et la stratégie de lutte, Gnet a rencontré, Dr Ahmed Maâmouri, Coordinateur du programme national de lutte contre le Sida et les MST. C’était en marge de la journée d’information organisée ce mardi par l’Office National de la famille et de la population (ONFP), à l’occasion du 1er décembre,  Journée mondiale de lutte contre le Sida.

Pouvez-vous nous donner une idée sur la situation épidémiologique du Sida en Tunisie ?
La situation épidémiologique est stable depuis 1997. On enregistre, en moyenne, 67 nouvelles infections par an. La prévalence du VIH est stable et faible, inférieure à 0,1 ;  soit une séroprévalence d’une pour 10 mille habitants. Ce qui place la Tunisie comme un pays à faible prévalence de VIH.
Depuis 1985 et  jusqu’au mois d’octobre 2010, le nombre de  cas de VIH cumulés est de 1610, soit 52 nouveaux cas de plus que l’année dernière.

Mais, n’ya-t-il pas un problème de sous-déclaration qui fait que ce nombre ne corresponde pas tout à fait  à la réalité ?
Ce problème n’existe pas, pour la simple raison que le VIH n’est pas une infection comptabilisée à part. Il y a un système général de surveillance du sida, et celui-ci figure parmi les maladies à déclaration obligatoire. Un texte de loi oblige les médecins et les biologistes à faire parvenir une déclaration, confidentielle bien entendu, au ministère de la Santé publique avec une copie à la direction de soins de santé de base (DSSB).
La déclaration se fait sur la base d’un premier test de dépistage. Et puisqu’ il y a un risque que le premier test donne de faux positifs, il est systématiquement confirmé par un second test, effectué dans le laboratoire national de virologie de Charles Nicolle. Le résultat fiable et définitif nous provient dudit laboratoire, que l’on considère comme un laboratoire de référence.
Par ailleurs, les enquêtes sérocomportementales que nous avons menées montrent que la population générale dans le pays est saine. Sur les 200 mille poches de sang/ an collectées par les banques de sang, le nombre de cas contaminés reste faible. Le don du sang reste un indicateur, une jauge de la prévalence du VIH dans notre pays.

Qu’en est-il du sexe ratio. Combien y a-t-il de femmes malades par rapport aux hommes ?
Au départ, on comptait plus de trois hommes malades pour une femme. Mais petit à petit, la situation a changé. On compte d’ores et déjà 2,7 hommes pour une femme. Actuellement,  il y a mille hommes, plus de 300 femmes et une centaine d’enfants malades. Au total, il y a 1100 cas porteurs du VIH supposés être en vie. Par ailleurs, depuis 1996/97, l’infection était devenue autochtone. Auparavant, c’étaient des jeunes qui venaient de l’extérieur qui étaient infectés.

On sait que l’accès au traitement et à la trithérapie est gratuit en Tunisie ?
Ce n’est pas uniquement le traitement, c’est toute la prise en charge qui est gratuite. Auparavant, le traitement était très cher.  Mais la majorité des laboratoires et des firmes pharmaceutiques ont consenti dans le cadre de la lutte contre le sida à réduire les coûts. Le traitement est très important, car il permet de  réduire le risque de contamination, et le risque d’infections opportunistes. En effet, ce n’est pas le sida qui tue, mais ce sont ces infections, anodines chez un sujet normal, mais très graves chez un malade dont le système immunitaire est tellement décadent et les défenses totalement faibles.

Combien coûte à l’Etat un malade du Sida ?
En l’état actuel, un malade du sida coûte 190 dinars/mois. Reste le problème de l’échec de la thérapie. Il y a des malades qui développent une résistance et une intolérance aux médicaments, il leur faut, dans ce cas, de nouvelles molécules qui coûtent plus cher. Au total, il y a trois gammes de médicaments pour le sida, le protocole thérapeutique de 1ère intention, le protocole de 2ème intention et le protocole de 3ème intention. Les trois gammes existent en Tunisie. Mais, c’est le troisième protocole qui coûte cher, 17 mille dinars par malade. C’est un protocole qui est préconisé en cas d’échec thérapeutique, pour les malades qui développent une intolérance pour les 1er et 2ème protocoles. En Tunisie, il y a 3 à 4 malades qui bénéficient de ce protocole et qui sont pris en charge par le ministère de la Santé. Mais si le nombre de ces malades augmente, ça devient un problème.

Quel est le ou les  type(s) de virus du VIH qui existe(nt) en Tunisie ?
Il y a un seul virus, c’est le VIH1. Mais, il y a plusieurs souches qui nous renseignent sur les sources du virus. Mais, cela nous créé des problèmes, car, ça nous oblige d’arrêter de nouvelles thérapies, et d’administrer de nouveaux médicaments aux malades.

Qu’en est-il des structures de prise en charge des malades ?
Il y a quatre centres hospitalo-universitaires (CHU) de prise en charge, plus précisément des services de maladies infectieuses de la Rabta, de Fattouma Bourguiba, de Farhat Hached et de Hédi Chaker. La majorité des malades, soit 75 % est  prise en charge à la Rabta.

On dit que le préservatif est d’ores et déjà démédicalisé, et qu’il ne se vend plus que dans les pharmacies ?
Effectivement, les préservatifs peuvent désormais être trouvés dans les grandes surfaces. Et nous sommes en train de négocier avec les partenaires de lutte contre le sida pour mettre le préservatif à la disposition des jeunes dans les bureaux de tabac, les boîtes de nuit, etc.

Avez-vous constaté une meilleure utilisation du préservatif parmi les jeunes ?
Les études comportementales réalisées ont montré que le niveau de connaissances et l’utilisation du préservatif ne sont pas identiques selon les milieux, d’où la nécessité de renforcer la prévention. Par ailleurs, il faut inciter les jeunes à se diriger vers les centres de conseil et de dépistage anonyme et gratuit. Il y a 19 centres sur 14 régions (Tunis, la Manouba, Ben Arous, Nabeul, Sousse, Monastir, Mahdia, le Kef, Kasserine, Sfax, Gafsa, Kébili, Tozeur et Médenine), qui relèvent soit de la DSSB, soit des ONG. Nous avons jusque-là fait deux évaluations quant à l’accès à ces centres. Notre but est d’en faire des espaces adéquats et non stigmatisants, où le client peut passer inaperçu.

Quels sont les facteurs de transmission du VIH les plus fréquents en Tunisie ?
La majeure proportion, soit 49 % des infections, font suite à des rapports hétérosexuels non protégés, 6 % de rapports sexuels des hommes avec des hommes, (le terme homosexuels étant banni par ONUSida et autres programmes de lutte contre le VIH) ; 30 % suite à l’échange de seringues entre toxicomanes et aux injections intraveineuses, et 5 % de transmission de la mère à l’enfant. Pour ce qui est de ce mode de transmission, on enregistre 4 à 5 cas par an. Un enfant dont la mère est séropositive présente un risque de 40% qu’il soit malade. Nous avons mis en place une stratégie en 2006 qui a pris effet en 2009, consistant  à renforcer la  prévention à travers des tests rapides dans les maternités, les services de périnatalité…on a réussi avec cette méthode à traiter la totalité des enfants en 2009, et on espère pouvoir en faire autant cette année.  

Propos recueillis par H.J.



 

Commentaires 

 
#7 l'angoisse
Ecrit par pricesse     24-02-2015 10:40
Svp un test de la sérologie hiv1 et 2 par la technique elfa-vidas biomerieux et-il fiable a 6 semaine après un autre test a 12 semaine ?
Et-il un test du 4eme génération qui détecte les antigènes et les anticorps au même temps ???
Merci de me rep
 
 
+1 #6 Cherche à me marier avec une femme hiv+
Ecrit par Tounsi     12-11-2013 11:50
Salem ena tounsi et je suis séropositif j 33 ans et je veux me marier avec une femme de mon âge ou plus jeune mais elle doit être comme moi séropositif
Inchalah rabi isahel
 
 
+1 #5 RE: Tunisie, un numéro vert pour s’informer sur le Sida
Ecrit par Arcane Mystique     30-03-2013 17:07
le dieu nous a dit de mètre main a main... mêmes a ces personnes il ont besoin de notre aide tu n'est pas un dieu pour juger
!! t que un simple humain mettez vous a leurs place !! tu veux que quelque un te abandonne te bannir !!! pose cette question a toi !!!
 
 
+7 #4 RE: Tunisie, un numéro vert pour s’informer sur le Sida
Ecrit par dadou     01-12-2010 20:40
je peux avoir l'adresse exacte svp
 
 
+2 #3 Belle iniciative
Ecrit par ghorbel     01-12-2010 16:40
MERCI :-)
 
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