Tunisie : Un indépendant à la kasbah, pour la longévité du gouvernement !

Publié le Vendredi 02 Janvier 2015 à 17:30
Un indépendant à la tête de la Kasbah sera garant de stabilité. Le nom du futur locataire de la Kasbah devra être dévoilé au plus tard, le lundi 05 janvier, soit une semaine après la proclamation des résultats définitifs du second tour de l’élection présidentielle, conformément à la constitution. Jusque-là, aucun nom n’émerge comme celui qui va succéder officiellement à Medhi Jomaâ, excepté des personnalités citées à titre officieux, comme étant prédestinées au poste, à l’instar d’Abdelkarim Zbidi, de Hédi Larbi, en tant qu’indépendants, ou Taïeb Baccouche, en tant que Nida. Mais, ni les candidats eux-mêmes, ni le parti de la majorité parlementaire concerné par la formation du gouvernement, ne le confirment.

Le choix du chef du gouvernement incombe à Nida Tounes, plus précisément, à son comité constitutif. Jusque-là, l’instance suprême de l’ancien parti de Béji Caïd Essebsi est partagée là-dessus. La principale pomme de discorde a trait à l’identité politique du futur Premier ministre : Un camp suggère que le poste soit confié à une personnalité indépendante, et un autre soutient qu’il soit attribué à une personnalité partisane issue de Nida. Les divergences atteignent le groupe parlementaire de Nida dont les députés expriment des avis tout aussi discordants.  

Sauf que le temps presse, et ces désaccords sont censés être aplanis en ce week-end de fête. Qui d’autre que le nouveau président de la République, est capable d’arbitrer et de mettre fin à cette controverse.

Quand bien même, il a annoncé sa démission de la présidence de Nida le jour de sa prise de fonctions à Carthage, Béji Caïd Essebsi gardera, inexorablement, l’ascendant sur le parti qu’il a fondé et fait accéder au pouvoir en un temps record, (à peine deux ans, après sa naissance), alors qu’il n’a même pas tenu son congrès fondateur. Inutile de revenir sur les raisons de cette ascension fulgurante, mais la magie de BCE a bien opéré, et y est visiblement pour beaucoup.

Obligé de faire la part des choses, le chef de l’Etat a reçu le 31 décembre, jour de son investiture, un groupe restreint de son (désormais) ancien parti, à leur tête son vice-président Mohamed Ennaceur et leur a demandé, de lui présenter un candidat à la primature, qu’il doit charger officiellement, de former un nouveau gouvernement, dans un délai maximal d’un mois, reconduit une seule fois, comme le stipule la loi fondamentale.

A moins de complications de dernière minute, la fumée blanche finira par se dégager du siège de Nida, et l’on saura, selon toute vraisemblance, la semaine prochaine, qui formera le tandem de l’exécutif, aux côtés de Caïd Essebsi.

En apparence, la partie se joue en interne à Nida, dans les coulisses, les partis politiques essaient de peser de tout leur poids sur le choix final. De nombreuses formations politiques, qu’elles soient alliées ou non à Nida, appellent que le futur chef du gouvernement soit un indépendant, invoquant la position hégémonique d’un parti qui monopoliserait les trois pouvoirs, en l’occurrence, le parlement et les deux têtes de l’exécutif. C’est l’opinion d’Afek Tounes dont l’entrée au futur gouvernement est attendue, c’est aussi le point de vue d’Ennahdha dont la participation à la future équipe gouvernementale est encore hypothétique.

Indépendamment des positions des partis, la conjoncture actuelle, avec ses vulnérabilités et ses difficultés, requiert que le successeur de Mehdi Jomaâ soit au dessus des tiraillements politiques, c'est-à-dire une personnalité nationale, digne de respect et de confiance. Le principal pari du futur chef du gouvernement est de pouvoir rassembler et de bénéficier d’un large soutien partisan, afin de pouvoir mettre en exécution son programme, devant être ponctué de réformes capitales.  

La Tunisie a besoin lors de la prochaine étape d’un gouvernement fort, bénéficiant d’une large adhésion politique et syndicale. C’est seulement ainsi que l’on pourrait parvenir à la stabilité requise, préalable incontournable, au regain sécuritaire et à la relance économique. A défaut, avec une opposition aux aguets, et des organisations nationales qui l’attendent au tournant, le gouvernement sera vite affaibli et fragilisé. Le cas échéant, il trébuchera au moindre soubresaut, et aura du mal à aller au bout du quinquennat. Toute instabilité politique sera périlleuse, car, elle aura pour corollaires, les dangers sécuritaires, l’accentuation des difficultés économiques, et les tensions sociales.

H.J.