Tunisie : Un gouvernement inattendu, des partis sur la touche

Publié le Vendredi 23 Janvier 2015 à 17:50
Habib EssidLe chef du gouvernement désigné, Habib Essid, a levé le voile ce vendredi 23 janvier sur son nouveau gouvernement, après des tractations qui se sont déroulées sur près de trois semaines, et ont connu des rebondissements lors des dernières heures. Le gouvernement n’est pas celui d’une large coalition, comme cela était attendu. Nida Tounes y est à la tête de plusieurs ministères, dont un de souveraineté, celui des Affaires étrangères attribué à Taïeb Baccouhce.

L’Union patriotique libre (UPL) de Sélim Riahi qui a suspendu il y a deux jours sa participation aux concertations, se retrouve dans le cabinet Essid avec trois portefeuilles ministériels, soit ceux du Tourisme, de la jeunesse et du sport et du développement, investissement et coopération internationale.

Afek qui avait annoncé ses dispositions à participer au gouvernement Essid, a participé aux concertations, et s’est vu proposer, dans un premier temps, des portefeuilles ministériels, ne fait pas partie finalement du gouvernement Essid. Le parti de Yassine Brahim a fait part ce vendredi, juste avant l’annonce officielle de la nouvelle équipe gouvernementale, de sa décision de se retirer des concertations. Afek critique la démarche suivie en matière de formation du gouvernement, ainsi que le fait que la nouvelle équipe compte un grand nombre d’indépendants, alors que l’étape actuelle requiert que des politiques soient aux commandes pour appliquer leur programme électoral. Le parti déplore "un manque de transparence" envers les partis, et "l’absence d’un dialogue effectif sur les sujets de fond".

Ennahdha qui a exprimé son intention de participer au gouvernement Essid par des ministères et secrétaires d’Etat, à l’issue de la dernière réunion de son instance suprême, Majless al-Choura, ne fait pas partie du cabinet Essid. Son porte-parole officiel, Zied Ladhari, a déploré ce vendredi que le nouveau gouvernement ne s’appuie pas sur une large représentativité, comme son mouvement l’avait souhaité.

Dans une déclaration à Shems, il a indiqué que son mouvement va étudier et évaluer la composition du gouvernement et son programme, au sein de ses institutions, et fera part par la suite, de sa position et de sa décision de lui accorder ou non la confiance au sein de l’Assemblée des représentants du peuple.

Ladhari a exclu toute divergence entre son mouvement et le chef du gouvernement désigné, signalant que "les concertations n’ont pas été parachevées, afin que la décision de participer ou non au gouvernement soit prise". "On aurait voulu que le gouvernement soit consensuel et participatif  pour qu'il puisse travailler dans une position confortable et faire passer les réformes nécessaires, a fortiori que la future étape est difficile, mais hélas ceci n’a pas eu lieu", a-t-il martelé.

Le gouvernement d'Habib Essid est constitué de 39 membres, 14 secrétaires d’Etat et un Secrétaire Général du gouvernement. Il compte neuf femmes, dont trois ministres et six secrétaires d’Etat. Deux membres du gouvernement Jomaâ ont été reconduits, en l’occurrence, Ahmed Ammar Younbaiï qui garde le même portefeuille, celui des Affaires sociales, et Neïla Chaâbane qui quitte le secrétariat d’Etat à la femme, devenu ministère, et hérite du Secrétaire d’Etat aux domaines de l’Etat et aux biens confisqués.

Le gouvernement doit engager en début de semaine prochaine sa responsabilité devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et solliciter le vote de confiance des députés lors d’une plénière. Au vu de sa composition, le cabinet Essid ne dispose pas de la représentativité parlementaire suffisante, qui lui garantit la majorité requise, en attendant les positions qui vont s’exprimer dans les tous prochains jours des  formations politiques, à l’instar d’Afek, Ennahdha et le front populaire qui ne font pas partie de l’équipe gouvernementale.
 
Habib Essid avait déclaré ce vendredi, à l’issue de son entrevue avec Béji Caïd Essebsi à Carthage où il lui a soumis sa nouvelle équipe, que l’annonce du premier gouvernement de la deuxième république intervient après de rencontres intensives avec les partis politiques, organisations nationales et les composantes de la société civile, pour écouter leurs propositions et conceptions de la future étape.

"Ce gouvernement est celui de tous les Tunisiens et sa mission ultime est de  concrétiser les objectifs de la révolution de la liberté et de la dignité, de consacrer le processus démocratique, de mettre en place les attributs du développement économique et social pour toutes les couches et les régions et être au servie de l’intérêt national, qui est au dessus des intérêts partisans", a-t-il dit.

"C’est un gouvernement de compétences nationales qui compte des personnalités politiques, administratives et de la société civile", a-t-il dit, évoquant "une présence privilégiée des femmes et des jeunes".
 Le gouvernement  appliquera un programme qui émane de Nida Tounes, tout en tenant compte des propositions des autres partis, organisations nationales et composantes de la société civile", a-t-il indiqué.
La Rédaction


 

Commentaires 

 
#1 C'est la Jabha qui va décider de son sort
Ecrit par slim     25-01-2015 18:09
Après le veto d'Ennahdha, de Afek, de Morjane, et même ça se murmure de plus en plus, d'une partie du bloc de Nida, désormais le sort du gouvernement fantoche de Habib Essid... pardon de Mohsen Marzouk et les frères Ben Achour... est entre les mains de la Jabha Cha3bia...
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.