Tunisie : Un brin populiste, en quête de popularité, Chahed s’empare de l’imbroglio foncier !

Publié le Jeudi 30 Mars 2017 à 17:37
Youssef Chahed a pris un bain de foule ce jeudi à Zaghouan. Youssef Chahed affiche de l’entrain, et une détermination à soulever des montagnes, en s’attaquant à un vieux et épineux dossier, celui du foncier ; en grande partie, à l’origine de l’immobilisme et de l’arriération de nombreuses régions du pays. Des centaines de milliers de Tunisiens en souffrent, ce qui les maintient, bon gré, mal gré, dans l’illégalité ; des hectares et des hectares de terres à travers le pays sont à l’abandon, du fait d’une situation foncière non assainie, et d’importants projets engagés par l’Etat sont suspendus, heurtés qu’ils sont à cette pierre d’achoppement.

Là où il devrait être un facteur de développement humain, de bien être social, et un catalyseur de croissance et de progrès économique, le foncier était pour de longues décennies un frein pour l’amorce d’une dynamique régionale, et d’un développement socio-économique digne de ce nom. Tant dans des cités populaires à la périphérie de la capitale, qu’à l’intérieur du pays, des Tunisiens vivent depuis des lustres sur des terres, dont la propriété leur revient de fait, et non de droit ; n’étant pas les leur au vu de la loi.

Cette anarchie ambiante du Nord au Sud, et d’Est en Ouest, ne fait qu’accentuer la marginalisation, et la précarité de ces populations qui vivent, en majorité, dans un total dénuement, qui résiste au temps, et survit à la révolution.

Une situation à laquelle Youssef Chahed entend mettre fin, en réhabilitant ces populations dans leurs droits, et en les intégrant dans le circuit économique, promet-il. L’engagement est certes positif, son timing, ses motivations sous-jacentes, et son imbrication avec les toutes prochaines échéances électorales, notamment les élections municipales et régionales, interpellent. 

La politique de proximité désormais prônée par le locataire de la Kasbah, et ses bains de foule : dimanche dans le Grand-Tunis, ce jeudi à Zaghouan, et d’autres suivront, comme il le martèle lui-même, suggèrent que l’homme est en campagne, d’abord pour son parti pour le scrutin local, prévu si tout va bien fin 2017, que Nidaa Tounes est sûr de remporter, sur la foi du fils du président.

Ensuite pour la présidentielle et les législatives de 2019. Chahed serait tenté par une candidature à la première, en pariant sur une majorité pour les secondes, histoire de rééditer la victoire combinée de 2014.

S’il arrive au bout de son mandat, et s’il honore ses promesses sur le foncier, le chef du gouvernement pourra se servir de son bilan pour conquérir les cœurs et rallier l’électorat à sa cause, chose qui le favorisera dans les urnes. Il aura ainsi coupé l’herbe sous les pieds de ses adversaires, dont certains sont déjà en campagne, proposent l'alternative et rêvent d'alternance.

Quels que soient les dessous de ce tournant pris par Chahed, et des gains politiques qu’il cherche à engranger, et quand bien même, il serait mû par des fins populistes ou d’amélioration de sa côte de popularité, le fait de se soucier des laissés-pour-compte, de rompre l’isolement des cités déshéritées, des régions et sous-régions de l’intérieur ne pourra être que positif. Pourvu que l’engagement soit sincère et la détermination réelle de remédier à ces maux endémiques qui rongent le territoire national, vecteurs d’indigence et de marginalisation, et privant de nombreuses strates de la société de leurs droits économiques et sociaux les plus élémentaires.  

H.J.