Tunisie : Tri et recyclage, la bataille des associations

Publié le Jeudi 03 Novembre 2016 à 17:25
Des associations opérant dans le domaine de l’environnement et de la maitrise des déchets se sont réunies ce jeudi au siège du ministère des Affaires locales et de l’Environnement afin d’échanger au sujet de leurs activités et leurs expériences, dans le but d’améliorer leur rendement.

Une jeune femme a réussi en  2009 à tirer profit des déchets électroniques en les recyclant. Ines Temmi a créé une entreprise de gestion de ces déchets, dont l’activité est de collecter, démonter et recycler ce type de déchets et ce avec l’autorisation du ministère de l’Environnement. Un projet prometteur, grâce à la prolifération des machines et équipements électroniques, mais qui nécessite selon elle, un gros investissement, notamment avec la mise en place de bennes à ordures dédiées.

L’initiatrice du projet, a aussi déclaré qu’un tel projet nécessitait l’appui de plusieurs parties dont l’agence de gestion des déchets, les municipalités et l’adhésion des citoyens « qui est le principal maillon pour assurer la réussite de l’activité », selon elle. La sensibilisation est aussi une condition nécessaire pour atteindre l’objectif requis.

L’association Protection de l’Environnement et Recyclage Ettadhamen-Mnihla, est, quant à elle, dédiée aux « barbéchas » (ramasseurs de bouteilles et canettes) et aux collecteurs qui leurs rachètent la marchandise. Créée en 2014, l’association vise à faire reconnaitre le métier de barbéchas,  à leur obtenir une couverture sociale, à leur faciliter l’accès au financement de l’activité et à améliorer leurs conditions sanitaires. L’association travaille avec la municipalité d’Ettadhamen et ses habitants, pour que ceux-ci trient les bouteilles en plastique et les cannettes en aluminium et les remettent à l’association.

L’Association Tunisie Recyclage, créée en 2013, propose aux particuliers et aux entreprises de récupérer les matières recyclables, pour ensuite les revendre aux recycleurs. Une expérience qui a débuté dans les quartiers de la banlieue nord de Tunis et qui a connu un grand engouement, selon un des membres de l’association. L’association  dispose d’un local de tri, où toutes les matières sont séparées selon leur composition, et possède aussi un camion de collecte. L’association dispose d’un site web sur lequel les citoyens et les entreprises peuvent s’inscrire pour profiter du système de collecte. Le camion de l’association passe une fois par semaine dans chacun des quartiers couverts par l’association, afin de collecter les sacs pleins de matières recyclables.

Jusqu’à ce jour, l’association dispose d’un réseau de 1254 participants et connait une nette évolution de son activité. Selon une bénévole, une enquête de satisfaction est régulièrement envoyée aux adhérents du programme, qui estiment pour la plupart être satisfaits par les prestations. Pour assurer la pérennité du système, l’association a instauré un tarif de 40 dt par an, qui correspond aux frais d’enlèvement des déchets. Un prix jugé convenable par la plupart des citoyens qui prennent part au programme, rapporte la bénévole de l’association. Tunisie Recyclage organise également des sessions de formation et de sensibilisation au sein des écoles.

« Entre et avril et mai 2016, nous avons réussi à sensibiliser les élèves de 10 écoles primaires. Un programme financé par l’ambassade d’Australie à Malte », a déclaré la porte-parole de l’association, qui explique que la sensibilisation consiste à expliquer aux enfants la nécessité de réduire l’utilisation de déchets toxiques, comment remplacer les sacs en plastique par des sacs réutilisables ou des couffins, et de l’intérêt de choisir les grandes bouteilles d’eau au lieu des petites. Mais aussi l’étape, consiste à leur montrer qu’il est possible de convertir les déchets en plastique en jouets, mobilier et autres objets pouvant servir pour le quotidien. Les enfants ont eu également l’occasion de réaliser eux-mêmes des jouets à partir de déchets en plastique.

L’association organise le premier samedi de chaque mois, une journée portes-ouvertes dans son centre de tri, pour que les citoyens prennent connaissance et participent au travail de tri. Elle recycle plus de 60 tonnes de déchets par an, soit une moyenne de 6 tonnes par mois, et emploie deux personnes à plein temps.

L’équipe Rascalni, de l’ONG Taysir Conseil, a été sollicitée pour sa part, par le groupe Délice Danone pour gérer les déchets recyclables de la Danup Happy Run 3 de Tunis, qui a eu lieu le 23 octobre 2016. Afin de sensibiliser les coureurs de l’importance du recyclage, 50 bennes de tri sélectif avaient été disposées le long du parcours pour que soient collectées et recyclées les bouteilles d’eau et de boissons distribuées le jour de l’évènement. Ces cinquante bennes seront aujourd’hui réimplantées dans le Grand Tunis pour sensibiliser les habitants au tri sélectif et améliorer les conditions de travail des Barbechas. Les clés de ces bennes seront remises aux barbéchas, a indiqué ce matin un membre de l’association.
Le mardi 8 novembre, sera jour de lancement de cette initiative qui prendra son départ aux Berges du lac.

Une autre association basée au Kram et disposant d’un bureau au sein de la municipalité de la région, se charge de collecter l’huile de friture pour qu’elle soit transformée en bio carburant. « Nous savons que ces huiles sont évacuées dans les conduits et les réseaux d’évacuation des eaux, et bouchent à long terme les canalisations tout en favorisant la prolifération des cafards », indique le responsable de l’association. Au moyen d’un geste simple, cette huile peut servir à créer de l’emploi mais aussi à créer du carburant ou encore de la glycérine. «Il suffit de laisser refroidir l’huile et la mettre dans des bouteilles en plastique, ensuite appeler l’association qui viendra les chercher », a-t-il expliqué. En Tunisie, 50 mille tonnes d’huile de friture est consommée par an dont 20 000 tonnes par les restaurants, et le reste par les particuliers.
Chiraz kefi