Tunisie : Taboubi sonne la fin de l’état de grâce pour le gouvernement Chahed

Publié le Mercredi 21 Février 2018 à 13:25
Taboubi et ses camarades à l'ouverture du congrès régional de Sidi Bouzid. Ce mercredi 21 février, marque le revirement de l’UGTT envers la coalition gouvernementale. Jusque-là plus ou moins conciliante à son égard, l’influente organisation syndicale hausse le ton, et rappelle que son soutien n’est pas un blanc-seing, et qu’il est temps d’opérer les changements nécessaires et de placer aux commandes des personnalités capables de sauver le pays.

C’est de Sidi Bouzid, à l’ouverture du congrès régional du travail, que la centrale syndicale a fait savoir sa nouvelle position. Le choix du lieu n’est pas fortuit, pour une organisation qui joue souvent sur la force du symbole. 

Un remaniement pour des alternatives à même de sauver le pays
Noureddine Taboubi s’est livré à une véritable volée de bois vert envers les responsables en place, les pressant à arrêter leurs "pleurnicheries" et leurs "jérémiades" sur les difficultés du pays. "Chaque responsable de l’Etat est tenu par une obligation de résultats, et a été élu par le peuple pour lui garantir sa subsistance, sa sécurité et sa dignité", a-t-il lancé. "Soit on est capable de trouver des solutions, soit on en est pas. Personne n’a un chèque en blanc," a-t-il poursuivi, déplorant l’enchainement des classifications internationales incluant la Tunisie dans des listes noires.

Le numéro un de la centrale syndicale a estimé qu’"il était temps de réfléchir à un remaniement quel qu’il soit au sein de ce gouvernement et de trouver des solutions réelles capables de sauver la Tunisie". 

Pour le Secrétaire Général de la centrale syndicale, "les mains tremblantes ne peuvent créer le printemps de Tunisie". "La Tunisie n’est pas un laboratoire d’expérimentation politique", a-t-il abondé, appelant à "de vraies personnalités, politiques par excellence, ayant une maîtrise des préoccupations du peuple et capables de trouver des alternatives et des choix réels pour le pays".

"Comme il y a eu huit gouvernements" (depuis la révolution), il pourra bien y avoir un autre changement, a-t-il dit en substance.

Il a encore souligné que la centrale syndicale avait toujours plaidé pour "le consensus le plus large possible" pour gérer les affaires, étant donné que le pays est dans une période difficile. "Le consensus signifie que des compétences tunisiennes se rassemblent autour d’un projet civil, économique fédérateur…et non pour le positionnement et les fauteuils, comme on le voit aujourd’hui", s’est-il insurgé. 

"Le peuple va sanctionner ceux qui lui ont donné de fausses promesses, et l’ont trompé", a-t-il prédit à moins de trois mois des municipales du 06 Mai. "Le peuple donne sa confiance une fois, mais sa sanction est dure, extrêmement dure", a-t-il averti, appelant à des "élections honnêtes, loin de l’argent sale".

La compétition doit être, selon "des programmes et des choix", et non pour faire miroiter des rêves chimériques aux gens pour les besoins de la campagne électorale ou du positionnement politique, a-t-il encore ajouté. 

Noureddine Taboubi a, par ailleurs, critiqué le manque de coordination entre les structures de l’Etat, au niveau régional. "Les appareils de l’Etat sont désarticulés dans le domaine du développement durable dans les régions, devant être objet de discrimination positive, comme le prévoit la constitution", a-t-il critiqué. 

Plus de 71 projets touchant l’environnement, l’assainissement, l’industrie, le secteur agricole… sont bloqués à Sidi Bouzid, a-t-il déploré, mettant un bémol, à travers l’annonce du lancement imminent du projet de la mine du phosphate de Meknassi, "une vraie richesse minière pour la région".

Mille lignes rouges à la cession du secteur public
Taboubi a réitéré l’intransigeance syndicale hostile à  toute propension à privatiser le secteur public. "Nous opposons mille lignes rouges à la privatisation," a-t-il tempêté. "Le secteur public a contribué à la construction des hôpitaux, des écoles et de l’infrastructure... si ce n’était pas la SONEDE, on ne trouverait pas l’eau dans les milieux ruraux. Idem pour la STEG, sans elle, le courant électrique n’aurait pas atteint les régions montagneuses reculées".

Il a confirmé le démarrage en mars prochain des négociations sociales dans le secteur privé, sous leurs deux aspects financier et réglementaire. Fin mars,  début avril débuteront les négociations sociales dans la fonction publique et le secteur public "pour améliorer le pouvoir d’achat des salariés", a-t-il promis. 

Noureddine Taboubi a rappelé la position de principe de la centrale syndicale envers la cause palestinienne, fustigeant de nouveau la décision de Donald Trump de proclamer al-Quds, capitale d’Israël, et d’y transférer l’ambassade américaine. Si ce n’était pas l’atonie des régimes arabes, et la normalisation des "régimes arabes régressifs" avec l’entité sioniste, Trump n’aurait pas osé franchir le pas, a-t-il affirmé, saluant la résistance et le courage du peuple palestinien, qui est en train "de défendre ce qui reste de la dignité et de l’honneur de la Oumma", (Ndlr, la nation arabe).

Gnet

 

Commentaires 

 
-2 #1 ca suffit !
Ecrit par Agatacriztiz     22-02-2018 12:10
Il faudrait le remettre à sa place une bonne fois pour toutes, celui là. Voilà qui s'imagine déjà à Carthage et si on le laisse encore délirer, à l'Elysée et pourquoi pas à la Maison Blanche !
 
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