Tunisie : Taboubi s’attaque au gouvernement, et "sa politique de la terre brûlée" !

Publié le Vendredi 20 Avril 2018 à 17:00
Noureddine TaboubiNoureddine Taboubi a enfoncé le clou dans un discours entre l’ironie et la solennité. Multipliant les interventions ces derniers jours à l’occasion du marathon des congrès régionaux de travail, c’est de Tozeur que le chef de la centrale syndicale s’est exprimé ce vendredi 20 avril, descendant en flèche le gouvernement, ou certains de ses membres, les qualifiant "d’immatures politiquement", "d’adolescents politiques", et les accusant de diaboliser son organisation, celle de Hached, de  Hammi, Tlili, Achour, et bien d’autres leaders qui "se sont sacrifiés, ont milité, et ont connu la prison avant et après l’indépendance". Tout en se montrant intransigeant sur les revendications des enseignants, le chef syndical a plaidé la cause des élèves, écartant le risque d’une année blanche et promettant la réussite à tous. Son discours laisse présager une détente, ne serait-ce que temporaire, de la crise et une reprise des cours, selon toute vraisemblance, lundi, à l’issue de  la tenue dans les heures à venir de la commission administrative, l’organe suprême de la centrale syndicale…

Le Secrétaire Général de l’UGTT a accusé le gouvernement de suivre "la politique de la terre brûlée", dans la crise de l’enseignement secondaire, affirmant que la centrale syndicale "ne va pas se laisser entrainer dans une année blanche". Il a annoncé la tenue demain d’une réunion du bureau exécutif, et de la commission administrative pour appuyer ce secteur.  "Les décisions de la Commission administrative sont historiques, ce sont elles qui vous ont ramenés au pouvoir, dont vous ne rêviez même pas, et vous voilà présents dans tous les rouages de l’Etat", a-t-il lancé à l'adresse des membres du gouvernement.

"Dans vos bureaux clos, vous êtes en train de diaboliser le secteur de l’enseignement secondaire et à travers lui l’UGTT.  Vous n’allez pas nous pousser à une année blanche ; la Tunisie ne sera pas une terre brûlée, mais un phare au milieu des nations", a-t-il clamé, affirmant l’attachement obstiné de son organisation aux exigences sociales et revendications des enseignants. 

Il a fait valoir "la main tendue au dialogue", critiquant sans le nommer le ministre de l’Education : "je ne pense pas qu’il est de la maturité politique, qu’un responsable du gouvernement pose une condition préalable au dialogue et s’enferme des quatre côtés. Un politique expérimenté doit chercher des solutions et des issues, et toute réussite qu’il parvient à obtenir, aura un  impact positif sur le climat général", a-t-il dit, exprimant "le besoin pour un climat positif, un  minimum de stabilité et une méthode de régler nos différends selon l’avis et l’avis contraire".

"Nous ne faisons pas partie de la bourgeoisie"
Taboubi s’est défendu de toute menace exercée par son organisation sur le gouvernement, invoquant "une pression positive et des méthodes administratives utilisées pour ramener le gouvernement à la table des négociations, autour de laquelle, on examine les moyens auxquels on peut parvenir".

"Les élèves sont nos enfants, nous sommes les enfants du peuple, nous ne faisons pas partie de la bourgeoisie", a-t-il lâché, signalant que "la rétention des notes était un moyen de pression positive pour s’asseoir à la table du dialogue, mais le gouvernement s’est obstiné, d’où la décision du boycott des cours", a-t-il dit, s’engageant à ce qu’il n’y ait pas une année blanche.

"Nos enfants vont réussir et nos enseignants vont assumer leur responsabilité, mais non à la renonciation aux acquis et revendications", a-t-il promis, véhément.

Selon ses dires, "le gouvernement  ne pense pas à des lendemains meilleurs et une vie décente pour le citoyen mais pense à s’attaquer à l’UGTT, qui est une force de régulation et d’équilibre".

"Dans les situations difficiles, lorsque l’Etat est en situation de faiblesse lors de l’expérience des coopératives et après, l’UGTT était aux côtés de l’Etat, de son autorité, sa force et son invulnérabilité.  Quand l’Etat commet des abus, l’organisation syndicale est aux cotés du peuple", a-t-il assuré.

Taboubi a dit avoir été contacté par le président de l’Assemblée, Mohamed Ennaceur, deux jours après leur rencontre au milieu de la semaine, dont il fustige "la mise en scène médiocre".

Ennaceur lui a confié, a-t-il révélé,  que "le chef du gouvernement refuse de s’asseoir avec les présidents des groupes parlementaires, et trouver des solutions, où est l’autorité de l’Etat, c’est  une gifle pour les membres de l’ARP  et les chefs des blocs parlementaires", a-t-il déploré.

Le chef de la centrale syndicale a par ailleurs évoqué la difficulté de la situation économique, la dégradation du pouvoir d’achat, et "la hausse du taux d’inflation qui est de 7,6 % et qui se dirige à 9 %". Selon ses dires, ces chiffres ne sont pas véridiques et le taux d’inflation est beaucoup plus élevé. "Le PDG de l’INS appartient à la coalition au pouvoir, et les chiffres sont manipulés. Le grand danger dans la manipulation des chiffres, réside, dans ses répercussions sur la prise des bonnes décisions", a-t-il déclaré.

Le SG de l'UGTT a annoncé la tenue la semaine prochaine de la première séance des négociations sociales dans le secteur public et la fonction publique. "Le problème avec ce gouvernement réside dans la crédibilité des négociations. Nous signons avec le ministre, puis il y a le chef du gouvernement qui vient pour dire : je ne suis pas au courant : où est l’autorité de l’Etat", s'est-il interrogé, non sans martèlement.
Gnet

 

Commentaires 

 
-1 #2 RE: Tunisie : Taboubi s’attaque au gouvernement, et "sa politique de la terre brûlée" !
Ecrit par haykel     21-04-2018 08:11
il est claire que Mr Tabboubi est sous pression yacoobi l'a mi dans une position plus que délicate
sa seul arme pour vaincre c'est de faire bouger les autre secteur syndicale a l'instar celle des ports et autre
ce qui est certain c'est que l'interet du pays n'a plus d'importance aux yeux de tout le monde
dommage pour la tunisie
 
 
-1 #1 RE: Tunisie : Taboubi s’attaque au gouvernement, et "sa politique de la terre brûlée" !
Ecrit par Hak     21-04-2018 05:52
Il faut que la société civile sache d'où la centrale syndicale tire sa force. Pour y arriver, elle a besoin de savoir les sources financement de l'UGTT. Pour la transparence et la clarté du fonctionnement de cet organisme, la société civile souhaiterait aussi un audit financier de cette institution
 
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